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J'avais décidé, ou plutôt j'avais été forcée par Hange, de passer les quelques jours suivant à la caserne. Elle disait qu'il y avait toujours des risques après un accouchement, plus pour la mère que l'enfant, mais elle ne voulait prendre aucun risque. Après tout, cela ne me faisait pas de mal de passer un peu de temps avec eux, tous ensemble. J'en profitais parfois pour aller voir des entraînements. J'avais l'impression que mes entraînements étaient si lointain, qu'ils n'existaient plus que dans mon imagination. D'autant que j'avais perdu en forme physique lors de ma grossesse.

Toujours était-il que celà me faisait de bien. Je passais mes journées avec Héla et Elias, et évidemment je m'occupais de Kal. J'allais chaque jour voir, le matin et le soir, Livai. Je ne posai plus sa main sur mon ventre, qui degonflait lentement, mais sur notre fils qui souvent ouvrait les yeux face à ce contact.

Enfin, je me décidais à sortir de mon lit doucement. J'avais pris goût à dormir un peu plus, surtout le matin. Après tout, je n'avais plus d'impératifs lors de mon congés maternité. J'avais encore deux mois de congé avant de reprendre le travail, et j'avouais que je n'allais pas m'en plaindre : plus de temps à passer avec mon fils.

En parlant de Kal, je l'entendis se mettre doucement à pleurer. Il avait probablement faim. Il ne m'avait réveillé que deux fois cette nuit, ce qui était moins que les nuits précédentes et je lui en était reconnaissante.

Je le pris dans mes bras doucement et embrassa son front.

-Hé bien mon coeur, chuchotai-je avant de lui gratouiller le ventre.

Il arrêta ses pleurs et m'observa de ses grands yeux gris.

-Il a faim mon petit chéri, murmurai-je avant de l'embrasser une nouvelle fois, cette fois sur la joue.

J'ôtai mon t-shirt, enfin le t-shirt de Livai qui me servait de pyjama, avant de lui donner le sein. Il ne se fit pas prier et, plusieurs minutes plus tard il fut rassasié.

J'avais remarqué plusieurs changements sur mon corps, évidemment. Mais celui qui me choquait le plus était la vitesse à laquelle ma poitrine avait littéralement doublé de volume.

Je me rhabillais simplement, un pantalon noir et un t-shirt blanc, avant de sortir de la chambre, mon fils toujours entre mes bras, et d'aller dans le réfectoire. Il était un peu tard, le petit-déjeuner était largement terminé pour les soldats qui avaient entraînement. Mais j'y trouvai tout de même Héla entrain de dessiner, assise seule.

-Tu es toute seule, lançai-je en m'asseyant en face d'elle.

-Oui, j'étais avec Tarris mais il est parti rejoindre Armin, répondit-elle.

-Où sont-ils?

-Dans la chambre d'Armin.

Arwen, ce n'est pas bien de profiter de l'innocence d'une enfant pour récolter des informations...

-Ils ne sont plus fâchés ?, Demandai-je d'un faux air détaché.

-Non, ils sont réconciliers, je les ai vu se faire un câlin hier soir, sourit-elle.

-Un câlin, m'étonnai-je.

-Oui, même que après Tarris il lui a fais un bisou, Ajouta-t-elle avant d'enfin quitter son dessin des yeux et de me regarder.

Elle ajouta "ici" en montrant ses lèvres. Et je compris. Tarris et Armin avait une relation. Lorsque Tarris entra dans la pièce, suivi de près par Armin, qui avait les joues rosies et les cheveux en bataille, cette réalité était face à moi. J'allais dire quelque chose, je ne savais pas vraiment quoi, lorsque j'entendis quelqu'un dévaler les escaliers, ce qui attira mon attention.

J'entendis des portes claquer, d'autres personnes marcher, courir à vrai dire, monter les escaliers quatre par quatre et une porte s'ouvrir. Tarris regardait également en direction des bruits comme s'il pouvait voir à travers le mur les escaliers.

-Qu'est-ce qu'il se passe?, Murmura-t-il.

Je me retournais enfin vers lui, me rappelant de ce que je venais de découvrir.

-Vous deux, dis-je, vous êtes ensembles, affirmai-je.

Les deux devinrent livides, blancs comme des linges, les yeux ronds avant de se jetter un coup d'oeil, comme s'ils cherchaient à savoir lequel des deux me l'avait dit.

-Quoi, mais non pas, pas du tout, bafouilla Armin.

Je vis les sourcils de Tarris tresaillir, comme si cette réponse ne lui convenait qu'à moitié.

-Si, vous êtes ensemble, c'est pour ça que vous êtes bizarre, assurai-je.

Alors que Tarris ouvrait la bouche pour parler, je lui coupai la parole.

-Pas la peine de mentir, déjà parce que c'est complètement inutile abruti et aussi parce qu'Hela me l'a dit.

-Hela! T'avais promis de rien dire, s'insurgea Tarris.

-Si tu me donnais 5 paquets de bonbons mais tu m'en as donné que 2, fusilla l'enfant.

Je manquai d'exploser de rire face à leurs têtes choquées, alors que je me disais que cette petite avait vraiment la façon de vivre des bas-fonds dans le sang: un dû est un dû.

-Petite..., Commença Tarris avant de se couper.

Il adorait Héla, et elle le regardait avec ses grands yeux bleus, comme un air angélique. Il ne pouvait pas lui en vouloir bien longtemps.

Armin était resté silencieux depuis, comme s'il voulait se faire oublier.

-Pourquoi ne me l'as-tu pas dis?, Demandai-je, vexée.

-Je... Je ne savais pas comment tu allais le prendre... Avoua-t-il.

-Tarris, tu es mon frère, peu importe la personne que tu fréquentes, l'important pour moi c'est que tu sois heureux, ajoutai-je doucement.

Il parcourut les quelques mètres qui nous séparaient avant de me prendre dans ses bras, me serrant à presque m'en casser les côtes.

-Merci, murmura-t-il.

La conversation allait continuer lorsque nous entendîmes à nouveaux des pas précipités au premier étage, une porte s'ouvrir puis se fermer et enfin quelqu'un descendit les escaliers à une vitesse affolante. Cette personne était en fait Hange, elle était essoufflée, avait les larmes aux yeux, et un air que je n'aurais su décrire.

Elle me regarda dans les yeux et prononça les mots que j'avais si longuement attendu.

-Livai est réveillé.

Impassible (Livaï x OC) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant