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Une semaine est passée. À la maison, j'ai passé ces derniers jours enfermé dans ma chambre à ne pas vouloir avoir devant les yeux mon géniteur, dont le nouveau lit est le canapé, et n'en sors quasiment que pour les repas avant de quitter la table au plus vite. C'est certainement à cause de ce comportement, qui n'a pas évolué encore ce matin, que ma mère n'a toujours pas abordé le sujet de si nous lui disions de partir ou non. Quand je pense qu'elle a même une seconde envisagé de l'autoriser à rester. Et pour quoi faire ? Pour qu'il reparte encore du jour au lendemain ?

Le mois d'avril se termine dans peu de temps, j'arrive devant notre première salle de la journée et pose mon sac entre mes pieds avant de changer de musique pour la énième fois. Je passe toutes les pauses sans lâcher mes écouteurs et je perds probablement plus de temps à faire défiler les chansons qu'à les écouter. J'en trouve enfin une que je ne fais pas aussitôt passer à la suivante et me perds dans mes pensées. Même savoir que les vacances de printemps commencent demain soir me réjouit à peine.

Après une durée indéterminée, je reviens à la réalité sentant une main me tapoter l'épaule. Le garçon aux cheveux quasiment noirs. Je me rends également compte que le couloir s'est légèrement rempli, même si les classes sont loin d'être encore au complet. Il me salue, je fais de même très brièvement et me reconcentre sur mes bulles colorées. Puisque les élèves présents sont assez loin, il vient toucher ma main libre sachant très bien que ça restera discret. Cependant, j'éloigne presque aussitôt la mienne pour monter légèrement le volume de la musique puis l'enfonce dans la poche de mon vêtement rouge.

"Pourquoi tu fais ça ? Demande t-il.

- Je veux pas que tu prennes le risque qu'on te voit.

- Tu dis toujours ça. Même quand y'a personne dans les couloirs."

Je prétexte les yeux toujours rivés sur mon jeu que quelqu'un peut arriver à n'importe quel moment.

"Putain, Theo' ! Ça fait une semaine que ton père est revenu et ça fait une semaine que t'es comme ça ! "

Il énumère que je garde tout le temps mes écouteurs, que je le renvoie presque balader quand il essaie de me parler et que je le repousse tout le temps quand il essaie de m'embrasser ou de me toucher la main. Il ne le mentionne pas, mais je sais que même pour les messages qu'il m'envoie, je ne réponds pas ou alors des réponses en un mot qui ne laissent aucune place à la poursuite de la conversation. Je termine rapidement le niveau lançant trois dernières bulles, retire l'une de mes oreillettes et me tourne vers lui avec un soupir.

"Et alors ? Si tu trouves que c'est si chiant que ça, je te rappelle que tu peux me larguer quand tu veux."

Il s'apprête à répliquer quand un groupe d'élèves sort bruyamment de la cage d'escalier la plus proche.

"Je vais retourner avec les autres." Indique t-il après un lourd silence.

Il récupère son sac et je ne me tourne même pas pour le regarder partir. Je reste tout de même un moment à fixer mon écran, à tenter de mettre de l'ordre dans mes réflexions, mais chasse finalement ces pensées et lance le niveau suivant.

Iagan n'est pas revenu me reparler de la journée. Je déverrouille la porte, vais poser mes affaires dans ma chambre et redescends dans la cuisine. Sur le chemin du retour, j'ai reçu un message de ma mère qui me demandait de commencer à préparer le plat de ce soir qui est assez long à faire et doit cuire pas mal de temps. La porte fermée à clé l'indiquait déjà, mais aucune trace de mon géniteur dans la maison. Je ne sais pas où il est ni quand il rentrera, mais je n'en ai rien à faire. Je me lave les mains, sors les ingrédients et ustensiles nécessaires et commence à cuisiner les écouteurs toujours dans les oreilles.

Derrière Les FaçadesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant