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Plus que deux heures de sport avant de pouvoir enfin rentrer chez moi. Je pose mes affaires sur un banc du vestiaire et commence à me déshabiller. Je ne sais pas ce qu'il se passe avec la classe, mais j'ai eu un mauvais pressentiment toute la journée. C'est peut-être juste moi, je réfléchis probablement pour pas grand chose.

"Hé, le pédé. Elle est bonne la bite du prof' ? " Me demande soudainement un gars derrière moi.

Je me retourne me retenant de froncer les sourcils. Celui qui a posé la question, un grand brun plutôt imposant, se prend un coup sur le bras de la part de l'un de ses amis, qui lui ordonne du regard de ne pas en dire plus. Il se passe quoi là ? Finalement, mes sourcils se froncent sans que je ne les aie réellement contrôlés.

"Pas la peine de faire cette tête, reprend mon camarade avec un rictus de dégoût. Pile-poil ton groupe qu'a eu dix-huit et, comme par hasard, t'es le seul suceur de bites de la classe."

Je fais enfin le lien. Je regarde chacun de mes camarades et, à part trois ou quatre qui ont l'air de se ficher de ce qu'il se passe, le reste, même ceux qui ne font pas spécialement attention à moi habituellement, semblent s'intéresser à l'affaire et attendent que je dise quelque chose. Ils pensent sérieusement que je passe sous le bureau ? J'aurais bien envie de confirmer pour voir leurs réactions, mais je n'aimerais pas que ça apporte des problèmes à Monsieur Sartel qui n'a jamais rien fait.

Sans vraiment réfléchir, je jette un coup d'œil à Iagan, car il était mon binôme pour l'exposé. Il semble hésiter une seconde, mais détourne finalement les yeux et retire son t-shirt. Un petit rappel s'impose.

"T'es con ou quoi ? J'étais en groupe avec un intello de service. D'où j'aurais eu besoin d'aller sucer le prof' alors que j'étais déjà sûr d'avoir une bonne note sans rien foutre ? "

J'ajoute un sourire moqueur à mes questions rhétoriques puis me change rapidement pour vite sortir et maintenir mon effet.

Nous venons de terminer les échauffements et passons aux matchs. Pour ces derniers, c'est la professeur qui a organisé les équipes. Je me retrouve avec la gothique, comme pour les échauffements, et un garçon, un rouquin toujours discret, mais très rapide. Nous remportons notre première victoire de justesse puis nous déplaçons jusqu'au terrain de notre second match. Nous serons contre Iagan, la frisée qui le colle sans arrêt et une autre fille. Je n'ai jamais été très doué pour retenir les noms. L'adulte blonde donne un coup de sifflet et nos adversaires engagent.

Ils ont cinq points, nous en avons quatre. Je suis à l'arrière du terrain, parviens à renvoyer le volant, mais l'une des membres de l'équipe adverse réussi à le retourner à l'envoyeur. Le roux arrive malheureusement trop tard et ce sont eux qui obtiennent le point. Suivant les consignes, tous les élèves changent d'emplacement sur le terrain avant d'engager à nouveau. Après deux échanges, la frisée tente une courte, se rend compte qu'elle n'y a pas mis assez de force et se précipite vers le filet pour arranger sa frappe tandis que j'approche vite de celui-ci, craignant que le coup ait été en réalité bon.

Ça se déroule en à peine quelques secondes. Ma camarade donne un coup de raquette de la dernière chance dans la précipitation et mon nez, qui se trouvait trop près, subit ce qui aurait plutôt du arriver au volant. Je recule d'un seul coup, m'emmêle les pieds et tombe en arrière alors que plusieurs coups de sifflets retentissent. Je grimace, porte la main à mon visage et sens le liquide chaud qui coule au-dessus de mes lèvres.

"Ça va ? " Demande la professeur courant vers nous.

Ce n'est pas mon jour. L'adulte m'examine rapidement et demande à la frisée ce qu'il s'est passé.

"J'ai voulu renvoyer le volant, mais il était trop près du filet donc j'ai tapé dans son nez."

Pas la moindre petite trace de culpabilité dans sa voix.

Derrière Les FaçadesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant