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Nous sommes le dernier jour avant les vacances d'automne. Nos deux premières heures de la journée sont déjà passées et je suis avec certains de mes camarades devant la salle de nos deux prochaines heures d'Histoire, heures durant lesquelles tous les binômes devront présenter leur exposé.

Après que je sois sorti de cette salle de travail à la médiathèque, je n'ai pas une seule fois reparlé au binoclard et lui non plus n'est pas revenu me voir. Depuis tout ce temps, je ne me suis pas du tout penché sur notre présentation, j'ignore si mon camarade a travaillé de son côté et, de toute façon, je m'en fiche.

J'ai les écouteurs dans les oreilles, j'aide une balle à se frayer un passage entre plusieurs obstacles sur mon écran et ne fais pas du tout attention à ce qui m'entoure. Je reviens à la réalité après avoir senti des tapes sur mon bras. Je relève la tête me tournant vers celui qui était normalement mon partenaire de travail. Il ne prononce pas un seul mot, mais me tend une feuille avant de retourner vers son groupe. Je lis et constate qu'il s'agit de mon texte pour l'exposé. L'adolescent aux cheveux quasiment noirs a indiqué à quels moments je devais prendre la parole, pour quelles diapositives et il m'a surligné le plus important en plusieurs couleurs. Il a donc tout fait tout seul ?

Le troisième binôme termine sa présentation, l'adulte partage ses remarques puis il demande s'il y a des volontaires pour l'exposé suivant. Personne ne se manifeste.

"Très bien, on va laisser le hasard choisir."

Monsieur Sartel met sa feuille avec les noms des groupes devant lui, pose son doigt à l'aveugle puis annonce le résultat :

"Iagan et Theoden."

Je ne retiens pas mon soupir et me lève avec la feuille que mon partenaire m'a donnée plus tôt. Celui-ci branche sa clé USB, retrouve le diaporama et le lance restant près du clavier pour faire défiler les diapositives. Durant mes prises de parole, j'essaie de ne pas rester les yeux collés à mon texte et de me contenter de ce qui est surligné. Mes parties sont principalement sur les recherches que j'avais effectuées donc quelques tout petits souvenirs reviennent petit à petit. Après quelques minutes, Iagan conclut.

"C'est bien, c'était très clair, très complet, mais il manquait un peu de... Comment dire... Pas de la complicité, mais une impression de... Enfin bref, laissez tomber, ça n'affectait que très peu le résultat de toute façon. Theoden, regarde juste un petit peu moins tes notes." Conseille le trentenaire.

Il nous autorise ensuite à retourner nous asseoir avant de designer, au hasard également, le groupe suivant.

J'ai passé le reste de la journée dans ma solitude habituelle avec mon jeu des bulles colorées et la musique dans les oreilles. Les cours sont enfin terminés et j'arrive devant chez moi. Je déverrouille la porte, retire mes chaussures, passe rapidement dans la cuisine pour avaler un petit quelque chose puis monte dans ma chambre poser mon sac. J'avance ensuite vers le lit prévoyant de m'affaler dessus, quand deux mains s'abattent sur mes épaules. Je sursaute et me retourne d'un seul coup.

"Ça marche à chaque fois ! Rit la coupable.

- Qu'est-ce que tu fous là ? T'étais censée venir que pour la deuxième semaine.

- Changement de programme." Me sourit Naïla.

Elle ajoute que, puisque ma mère est au travail et qu'il n'y avait donc personne pour lui ouvrir, elle a utilisé les clés que je lui avais laissé il y a un peu plus de deux ans. Cette fille est toujours aussi petite, à peine un mètre cinquante-cinq, elle a fait couper au carré jusqu'à ses épaules ses cheveux bruns et ses yeux très clairs se retrouvent en dessous d'une frange. Son visage affiche toujours cet air joueur et faussement timide et sa petite cicatrice sur l'arête de son nez n'a pas changé de place. Comme depuis ce qui semble être sa naissance, elle porte ses baskets noires hautes à lacets blancs en toile. Elle a un jean noir rentré dedans et est habillée en haut d'une longue veste fluide à capuche kaki, ouverte sur un t-shirt blanc mis par-dessus un col roulé noir. Je ne l'avais pas vu plus tôt, mais son gros sac contenant toutes ses affaires est posé au pied de mon lit à côté de son fidèle skateboard.

Derrière Les FaçadesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant