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Ma cheville me faisait encore un petit peu mal hier, mais je n'avais plus la moindre douleur quand je me suis levé ce jeudi matin. J'entre dans l'enceinte de l'établissement, me dirige vers l'entrée du bâtiment principal et m'arrête net lorsque je vois le binoclard et sa frisée plus loin, dans un renfoncement de la façade.

Ils sont à deux ou trois de leur bande, collés l'un à l'autre contre le mur, elle avec un immense sourire et lui la tenant par taille. Elle vient ensuite l'embrasser, mais il ne la repousse pas. Au contraire. Je les fixe de loin, reprends d'un coup mon chemin d'un pas rapide et pousse brusquement la porte. Arrivé au bon étage, je laisse tomber sans aucune délicatesse mon sac et m'assois contre le mur, sortant mon téléphone de ma poche.

Ça sert à quoi de s'être défilé mardi, de m'avoir évité toute la matinée hier pour ne pas me répondre, si c'est pour s'afficher comme ça avec elle ?! Je sors les écouteurs de ma poche et les branche pour essayer de penser à autre chose. Je m'apprête à lancer le jeu des bulles, mais change d'avis et démarre plutôt celui de la balle qui doit se frayer un chemin. Lorelei apparaît alors que les classes sont presque toutes au complet devant les salles, me salue puis sort son téléphone sans relever que je lui ai à peine répondu.

Installé en face de la gothique à ma table habituelle dans le self, je commence mon plat sans avoir prononcé un mot. Je n'ai rien écouté des cours de ce matin, encore plus que les autres jours, et me contente de faire comme si je suivais ce que me dit ma camarade.

"Theoden ? "

J'ai seulement hâte que la journée se termine.

"Hé ! Tu m'écoutes ? "

Je lève d'un coup le nez de mon assiette et n'ai pas besoin de répondre quoique ce soit pour que ma camarade devine que ce n'était pas le cas. Elle répète donc sa question portant sur l'un des cours que nous avons cette après-midi et je lui réponds un peu sèchement, m'en fichant complètement à cet instant.

"Ça va calme-toi, je demandais juste. Il se passe quoi ? "

- Rien." Je lâche de façon à ce qu'elle ne cherche pas plus loin.

Je recule ma chaise d'un coup, lui laisse mon dessert puis pars poser mon plateau l'abandonnant. Je me poste ensuite au deuxième étage devant notre première salle de l'après-midi, laisse tomber mon sac entre mes pieds et branche mes écouteurs. Je fais défiler les musiques les unes après les autres sans parvenir à en trouver une qui me ferait du bien tandis qu'un groupe de garçons de la classe approchent.

"J'ai rien compris dans leur truc. Ils sont ensemble alors ou pas ?

- Iag' m'a dit qu'ils étaient pas en couple officiellement en tous cas."

"Iag' " ? Diminutif de Iagan ? Je ne peux pas m'empêcher d'écouter la suite de la conversation par-dessus la chanson, que je laisse passer même si elle ne correspond pas à ce que je cherchais.

"Pas en couple ?! Hallucine l'un d'eux. Alors qu'ils étaient encore en train de se galocher dans un coin tout à l'heure ?! "

Je serre inconsciemment mon téléphone, le fixant dans le vague, alors qu'ils se mettent à débattre sur l'imminence d'une mise en couple ou non.

"Déjà, Margot ça se voyait qu'elle était sur lui depuis longtemps et là, c'est lui qui lui a demandé de le suivre dans la chambre pour qu'ils baisent."

Quoi ?! Quand ça ?! Je relève d'un coup la tête de mon appareil. Mes camarades ne semblent pas avoir remarqué ma réaction et continuent d'avancer leurs arguments sur le sujet. J'attrape mon sac et entre dans la cage d'escalier la plus proche sans que personne n'ait fait attention à moi.

Derrière Les FaçadesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant