Enfin, plus que le reste de cette semaine avant les vacances de Noël. Après les événements de la première vie de classe, Monsieur Lacse en a instauré une seconde où, cette fois-ci, de vrais soucis au niveau du lycée ou des adultes ont pu être abordés. Le conseil a eu lieu en début de semaine dernière, les quelques camarades qui l'ont trop ouverte ont séjourné une bonne heure chez la principale et, depuis, les regards noirs et de travers ont redoublés, mais plus personne ne parle de ma "relation" avec le professeur d'Histoire et les insultes ainsi que les moqueries sont moins nombreuses. C'est toujours ça de gagné.
La professeur de sport ouvre le gymnase et y entre la première pour commencer à préparer ses feuilles pour la suite de l'évaluation. Au moment où je passe la porte, je manque de me casser la figure à cause d'un croche-patte venant de je ne sais qui. Je fais comme si de rien n'était et avance jusqu'aux vestiaires des garçons. Dans la pièce, nous remarquons qu'un personnel d'entretien a laissé un seau d'eau sale après sûrement avoir passé la serpillière, mais personne ne semble y accorder beaucoup d'importance. Je me change rapidement puis rejoins l'adulte devant les gradins où se trouvent déjà quelques personnes.
Une fois tout le monde là, il nous est expliqué que nous devons garder les mêmes équipes de trois, composées par la professeur, que la dernière fois et que les matchs se dérouleront de la même manière, c'est-à-dire un par un avec tous ceux qui ne jouent pas en spectateurs. J'ai été mis avec deux garçons qui ne m'ont jamais rien fait de spécial.
Après un court temps d'échauffements, le premier match de badminton débute. Mon équipe n'est pas sur le terrain donc je reste assis dans les gradins, à l'écart de tout le monde, à faire tourner la raquette entre mes doigts pour m'occuper. Après un petit moment, je sens quelqu'un s'asseoir à côté de moi, mais n'y accorde pas vraiment attention.
"C'est Jessie qu'a essayé de te faire tomber à l'entrée."
Je ne réponds rien et continue de fixer l'objet. Je bouge finalement au bout de quelques secondes et tourne la tête vers ma camarade. La gothique rendeuse de trousses. Elle est plutôt grande, sûrement proche du mètre soixante-dix, les cheveux longs foncés et la peau encore plus claire que la mienne bien que je la soupçonne de s'aider avec du maquillage. Elle est toujours habillée en noir. Même là, elle porte un débardeur et un jogging de cette couleur, et ses yeux couleur chartreuse sont toujours soulignés avec du noir également.
"Je m'en fiche de qui c'était. Il a raté, ça a dû le faire chier et c'est tout ce que je retiens.
- Laisse-moi deviner, t'as aucune idée de qui c'est Jessie." Prend-elle un ton légèrement supérieur et amusé.
Dans le mile.
"T'as dit "il". C'est une "elle", m'explique ma camarade sans que je n'aie eu besoin de lui demander comment elle l'a compris.
- Dommage. Je pourrais pas lui proposer un petit quelque chose pour "le" détendre."
La rendeuse de trousses rit doucement.
"C'est ça qui lui emmerde presque tous. Si personne savait pour ta sexualité, ils seraient tous à tes pieds, et ils le savent très bien."
Je hausse les épaules répondant que les lèche-bottes ne m'intéressent pas. Elle précise que ce n'est pas une question d'être intéressé ou non par ce statut qui, de toute façon, dans quelques années seulement, ne voudra plus rien dire.
"Le truc, c'est que t'es magnétique et nous, on est les pauvres petits bouts de métal qui sont irrésistiblement attirés par ta façon de répliquer, ton attitude, toutes tes manières et ce qui va avec. C'est justement pour ça qu'on te laisse pas tranquille avec ton homosexualité. Normalement, quelqu'un qui se défend comme tu le fais, on finit par laisser tomber voyant que ça sert à rien, qu'à l'extérieur tu restes intact. Mais avec toi, ils sont obligés de tout le temps revenir à la charge et de te dénigrer pour pas que le magnétisme prenne le dessus. Ils utilisent sans trop le savoir la pression de groupe pour que même les gens qui voudraient s'approcher de toi restent à l'écart à cause de la peur du regard des autres. Et ça fonctionne parfaitement." Termine t-elle sa tirade.
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Derrière Les Façades
RomanceTheoden, lycéen insouciant, inébranlable en apparence et qui ne cache pas son attirance pour les garçons, reçoit un jour un message d'un anonyme en plein doute sur sa sexualité. Acceptant de tenter de l'aider, il ne se doutera pas que la relation ch...