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Je me suis lavé, brossé les dents et je sors maintenant en boxer de la petite salle d'eau vieillotte avec mes habits sales dans les mains. Nous voyons par la fenêtre qu'il fait nuit et que quelques lampadaires produisent de la lumière plus bas et, dans la chambre, seule la petite lampe au-dessus de la commode servant de table de nuit est allumée, mais elle donne tout de même suffisamment de luminosité pour y voir clair. Je range mes habits dans ma valise puis m'affale avec mon téléphone sur le lit indiquant à mon camarade qu'il peut y aller. Il quitte son écran des yeux et remarque ma tenue.

"Tu peux au moins mettre un pantalon s'il te plaît ? Tu me congèles sur place là.

- J'aime pas. Et je suis habitué à trainer comme ça chez moi.

- J'avais remarqué." Confirme t-il.

Il se lève se préparer des vêtements pour cette nuit puis se dirige vers la pièce tandis que je me mets sous la couette plus sensible à la faible température que ce que je ne pensais.

"Pourquoi t'as dit au prof' que tu te mettais dans la même chambre que moi alors que t'étais déjà en groupe avec ton pote ? " Je me recouche couvert me souvenant que je voulais le questionner.

Le binoclard, qui allait ouvrir la porte de la salle d'eau, se tourne vers moi.

"Je sais pas, hausse t-il les épaules. Je t'aime bien et ça m'embêtait que tu te retrouves avec quelqu'un que tu connais pas. Alors qu'Alexis, il a vite pu trouver quelqu'un d'autre pour se mettre avec lui. Et encore merci au passage d'avoir demandé à Sartel de faire croire que c'était lui avait imposé qu'on soit tous les deux.

- T'aurais pas voulu qu'on sache que tu t'es proposé de toi-même. Ça aurait été suspect, qu'un beau gosse de service veuille se mettre dans la même chambre qu'un mec dont tout le monde sait qu'il est gay.

- "Beau gosse de service" ? Je croyais que j'étais un minable qui adorait se faire lécher les bottes." Rétorque t-il avec un léger rire.

Je me redresse le soupçonnant de vouloir subtilement dévier la conversation, ce que je ne laisserai pas faire.

"T'es pas mon genre si ça peut te rassurer, je réplique. Avoue quand même que ça t'arrange qu'on sache pas que ça te dérange pas tant que ça d'être dans la même chambre que moi."

Le garçon aux cheveux quasiment noirs dirige son regard vers le sol.

"C'est pas contre toi. Je te trouve vraiment symp...

- Mais les regards des autres et de ta bande, je le coupe. Comme la gothique m'avait dit en fait. C'est tout ce que je voulais savoir." Je termine de façon plus sèche que ce que je ne voulais.

Je me rallonge sur le dos et reprends mon téléphone pensant à ajouter quelque chose qui montrerait à Iagan que je ne suis pas énervé contre lui, mais m'y prends trop tard puisqu'il s'est déjà enfermé. J'entends l'eau s'activer quelques secondes plus tard et me dis que je le lui indiquerai quand il ressortira.

Plus d'une quinzaine de minutes plus tard, la porte se réouvre. Mon camarade réapparaît en t-shirt et jogging, ses cheveux plus aplatis même s'ils sont autant ébouriffés qu'habituellement, mais ce que je vois surtout, ce sont ses nombreux cernes que je suis certain de ne jamais avoir remarqué jusqu'ici. Il range ses vêtements sales dans sa valise, se sort une veste puis s'assoit contre la tête de son lit ne m'ayant même pas jeté un regard.

Derrière Les FaçadesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant