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Pour ne pas que ma mère m'appelle pour le dîner, je lui ai envoyé un message la prévenant que je n'avais pas faim et que ça n'aurait pas été la peine qu'elle m'appelle. J'ai passé une énorme partie de la soirée à jouer pour n'avoir à penser à rien d'autre, mais me suis rapidement rendu compte quand j'ai arrêté, tard dans la nuit, que ça avait juste servi de retardateur. Au lieu de tout laisser s'écouler après que Iagan ait quitté la maison, ça a été au milieu de la nuit dans le noir à la place.

Nous sommes maintenant samedi après-midi, j'ai à peine mangé depuis hier soir et sors de ma chambre torse-nu juste pour aller boire avec l'intention de retourner devant mon jeu vidéo après. Ma mère m'entend arriver et me demande si j'ai finalement faim. Le repas était il y a environ deux heures et je n'ai rien avalé durant celui-ci. Je donne une réponse négative et prends un verre. Retournant vers l'escalier, je constate que mon géniteur est toujours avec mon ordinateur et la traduction qu'il doit faire, mais n'y accorde pas beaucoup d'attention et retourne m'enfermer.

Peut-être trois heures plus tard, alors que je suis en étoile de mer sur mon matelas à fixer le plafond, quelqu'un frappe à ma porte. Je me force à prendre mon air détaché et, pensant que c'est ma mère qui veut absolument que je mange quelque chose, j'indique à la personne d'entrer. Je regrette cependant aussitôt d'avoir ouvert la bouche découvrant qu'il s'agit de l'autre adulte.

"J'ai fini de traduire. Tu peux m'aider rapidement à voir si tout est bon ? "

Je me redresse comme si de rien n'était, m'assois sur le bord de mon lit et il vient me rejoindre avec l'ordinateur et son téléphone. Le texte est ennuyeux, comme l'est celui d'une notice peu importe la langue, mais les deux textes me semblent suffisamment proches. Je modifie juste quelques petites phrases sur sa traduction pour les rapprocher encore plus, corrige des petites fautes de frappe qu'il n'avait pas remarquées puis indique que ça m'a l'air bon. Je me recouche dans la même position tandis que le plus vieux reste là où il est, préparant le mail pour envoyer le texte à son collègue.

"Ta mère m'a dit de te demander en même temps si tu mangeras ce soir si elle prépare quelque chose de particulier. Tu voudrais quoi ?

- Rien."

Je commence ensuite à me reperdre dans mes pensées. Sans surprise, elles dérivent vite vers le binoclard et je m'aperçois trop tard que tout commence à remonter. Je me remets vite en position assise et, puisque mon géniteur a terminé avec l'ordinateur, je lui demande tant que je contrôle encore ma voix de laisser l'appareil sur le lit et de partir. Il reste d'abord hésitant à me laisser, mais si je lui répète de s'en aller, je sais que je vais laisser paraître quelque chose. Je baisse la tête pour que mes cheveux cachent mes yeux, lui hurlant dans ma tête de se dépêcher.

"Theody ? "

Il faut que je ravale tout. Il faut que je ravale tout au plus vite. J'ai de plus en plus de mal à me contenir tandis qu'il se décide enfin à bouger laissant l'ordinateur sur mon lit. Il se relève, avance vers la porte, est prêt à sortir, mais je craque alors que tenir rien que deux secondes supplémentaires aurait été suffisant. Le bruit du sanglot attire l'attention de mon géniteur qui n'a pas de mal à deviner ce qui est en train de se passer.

"Je vais chercher ta mère."

Après son absence de plusieurs années, s'il y a une personne à qui je voudrais parler, ce serait plutôt elle que lui. C'est ce qu'il doit penser. Sans réfléchir, je lui dis de rester. Personne. Je ne veux parler à personne. Ni lui, ni ma mère, ni n'importe qui d'autre. Heureusement, il s'exécute sans que je n'aie besoin de répéter et revient vers le lit.

Je ne lui demandais rien, je ne voulais juste pas qu'il aille prévenir l'autre adulte, mais ne le repousse tout de même pas alors qu'il se rassoit sur le matelas et m'attire vers lui sans ne rien dire. Il se contente de garder mon bras autour de mes épaules détaillant d'une façon faussement distraite autour de lui pendant que j'essaie de faire le moins de bruit possible.

Derrière Les FaçadesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant