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Quand je repense au vingt-cinq... Au final, je me suis aussi endormi et Iagan et moi avons soutenu le corps l'un de l'autre dans notre sommeil. C'est seulement le lendemain matin, quand ma mère nous a réveillé sans faire attention, car elle ne nous imaginait pas aussi proches des marches, que nous nous sommes aperçus de notre position. Il avait toujours sa main sur mon poignet, mais ce détail semble heureusement être passé inaperçu. Moins d'une heure après ça, mon camarade est reparti à pied pour rentrer chez lui en bus après avoir remis ses vêtements de la veille et rapidement mangé un petit quelque chose.

Les cours reprennent aujourd'hui. Les professeurs vont sûrement nous souhaiter une bonne année et tout ce qui va avec, mais une réelle bonne année, selon moi, commencerait par la disparition de ce lycée. J'arrive le premier devant notre première salle de l'année et m'installe contre le mur avec mon téléphone et mes écouteurs.

Je suis concentré sur mon écran quand je vois deux chaussures s'arrêter juste en face de moi. Pensant qu'il s'agit de l'un de mes idiots de camarades, je relève la tête me préparant à une moquerie, mais crois avoir une hallucination à la place.

"Hey. Bonne année à toi, comment tu vas ? "

Où est le piège ? J'observe Ylan sans ne rien laisser paraître et il soupire comprenant que je ne compte pas poursuivre la conversation comme si de rien n'était. Il s'accroupit pour être à mon niveau et me détaille espérant déceler une émotion en contradiction avec mon attitude ou mes paroles, ce pour quoi il était très fort, et l'est sûrement toujours.

"T'es toujours en colère, conclut-il s'adressant surtout à lui-même.

- Tu m'as trompé avant, pendant, tu m'as plaqué pour cette meuf, et tu crois que je vais être heureux de te voir ? "

Il baisse les yeux et affiche un air désolé. Ça ne servira à rien de me présenter des excuses. Pas maintenant en tous cas.

"C'était une de mes résolutions de nouvelle année d'essayer de me faire pardonner. Mais... La nouvelle année, c'était surtout le faux prétexte pour vraiment me lancer dans un truc que j'ai envie de faire depuis le début, avoue t-il. Et je suis au courant pour ton harcèlement.

- C'est pas de l'harcèlement." Je contre aussitôt.

J'indique que ce ne sont rien d'autre que des abrutis qui se pensent pourtant intelligents. Le métis adhère à cette façon de désigner le phénomène puis pose l'un de ses genoux sur le sol pour mieux se stabiliser et être dans une position plus confortable.

"Theo'."

Si Iagan ne fait pas partie de la liste pour m'appeler comme ça, je me demande encore pourquoi Ylan, lui, n'a pas été rayé d'un épais trait noir. Mon ex vérifie que nous sommes bien les seuls dans le couloir et approche son visage du mien. Comprenant ce qu'il veut faire, je le repousse d'un coup et laisse ma main contre sa poitrine pour le tenir éloigné.

"S'il te plaît, juste ça. Ce sera mieux que mon cadeau de Noël." Supplie t-il presque.

Je soupire bruyamment et accepte de le lui accorder à condition qu'il soit bref. Une esquisse de son sourire irrésistible apparaît pour la première fois depuis le début de cette conversation puis il pose ses lèvres sur ma joue. Après son bisou, je sais qu'il s'attarde intentionnellement avant de se relever et de repartir. Je le suis du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse dans une cage d'escalier et me reconcentre sur mes bulles colorées. Moins de dix secondes après, j'entends des pas approcher. Le binoclard. Ses yeux, qui passent alternativement de la cage d'escalier à moi, m'indiquent qu'il a vu.

"Euh... Je suis juste arrivé au moment où il s'est écarté." Se justifie t-il maladroitement.

Je hausse mentalement les épaules et ne réponds rien tandis qu'il s'adosse au mur d'en face.

Derrière Les FaçadesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant