Sept jours sont passés. Naïla est retournée chez elle puisqu'elle devait rester seulement la première semaine et je ne suis pas sorti de chez moi depuis. J'ai passé une bonne partie de mon temps devant ma console, des films, des séries et ai trouvé la motivation pour terminer les sous-titres. Au final, je ne sais pas si le binoclard en profitera, mais je reste content de moi pour être allé jusqu'au bout de ceux-ci. Je pense même sérieusement à en faire à nouveau sur un autre film.
Il est bientôt seize heures, la pluie s'écrase sur ma fenêtre de toit et, ayant un peu faim, je descends dans la cuisine pour me trouver quelque chose à grignoter. Je me fais une tartine avec de la confiture, sors un yaourt et mange mon goûter improvisé devant mes bulles colorées retrouvant le bruit des gouttes contre les fenêtres du rez-de-chaussée. Et ça ne semble pas prêt de s'arrêter à en juger par l'atmosphère très sombre. Peu après, mon téléphone se met à vibrer à cause d'un appel. Je décroche interrompant le jeu et mets l'appareil au niveau de mon oreille.
"Theo' ? On a une urgence au cabinet, je rentrerais plus tard que d'habitude, m'informe ma mère l'air pressée de l'autre côté.
- Plus tard de combien de temps ? "
Elle ne sait pas encore. Elle préviendra dès qu'elle aura une estimation à me donner.
"Mais j'avais prévu de faire des courses pour le repas de ce soir avant de rentrer. Je suis désolée de te demander ça alors qu'il pleut, mais est-ce que tu pourrais y aller à ma place avec ton argent de poche s'il te plaît ? Y'a pas grand chose, tu devrais trouver en allant juste à l'épicerie."
Elle me promet de me rembourser une fois qu'elle sera rentrée. Je la sens embêtée de me demander ça et accepte d'y aller. Elle me remercie et m'indique qu'elle va m'envoyer la liste des courses par message avant de raccrocher. Je reçois celle-ci par extraits, à mesure qu'elle trouve quelques secondes pour me l'écrire et qu'elle se souvient de ce qu'elle veut, tandis que je monte mettre un sweat épais et ma veste par-dessus mon t-shirt. Je suis dans le jogging que j'ai enfilé ce matin après m'être réveillé, mais je ne m'embête pas à me changer, prends quelques billets dans la boîte où je range mon argent et vais mettre mes chaussures laissant tomber l'idée de prendre un parapluie. Ça va juste me gêner et m'occuper une main qui m'aidera si les courses sont lourdes. Je sors ensuite verrouillant derrière moi puis cours jusqu'au magasin avec un grand cabas que j'ai pris dans le placard et mes capuches rabattues sur la tête.
J'ai tous les légumes de saison et aliments demandés par ma génitrice, donc quitte l'épicerie toujours sous la pluie, un peu ralenti à cause du poids de mes achats. Je me dépêche piétinant les gravillons du parc en face du commerce et évitant les flaques qui se sont formées, mais ralentis sans réfléchir voyant sur un banc une personne qui n'était pas là tout à l'heure.
Cet idiot de binoclard reste là, sans même avoir sa capuche sur la tête, assis sous la pluie, le dos courbé et les mains dans la poche ventrale de son sweat clair, à regarder le sol dans le vide tandis qu'il tremble de froid. Pendant une seconde, je pense à continuer mon chemin comme si de rien n'était, mais me ravise au dernier moment. Je m'approche et me plante devant lui. Il relève mollement la tête et me fixe sans aucune émotion tentant d'immobiliser son corps pour ne pas trembler. Il n'a pas fait l'effort de couvrir ses cernes aujourd'hui et ses cheveux gouttent devant lui, mais c'est à peine s'il semble le remarquer.
"Tes parents t'ont foutu dehors ou quoi ? Qu'est-ce que tu fous là ?
- Et toi ? T'es enfin décidé à me reparler ? " Réplique t-il la voix morte et légèrement rauque.
Il me demande de le laisser et de rentrer chez moi. Si ça avait été il y a quelques mois, je me serais exécuté sans problème, mais pas là. Je pose les courses à mes pieds, retire mes capuches et mets les mains dans les poches de ma veste.
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Derrière Les Façades
RomanceTheoden, lycéen insouciant, inébranlable en apparence et qui ne cache pas son attirance pour les garçons, reçoit un jour un message d'un anonyme en plein doute sur sa sexualité. Acceptant de tenter de l'aider, il ne se doutera pas que la relation ch...