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J'entre dans le bâtiment principal sous les minuscules gouttes de pluie froides de novembre et monte vers notre première salle de ce dernier jour avant le week-end. Comme à chaque fois, ma petite déprime liée à Ylan n'a été que passagère et dès le lendemain, je n'y pensais presque plus. J'ai cependant appris que, apparemment, je laisse la salle de bain en vrac derrière moi quand mon esprit l'est lui aussi. C'est comme ça que ma mère a su que quelque chose n'allait réellement pas lundi soir malgré ma réponse lorsqu'elle m'a posé la question. Ce n'est pas pour autant que j'ai admis qu'elle avait vu juste, alors elle n'a pas insisté et n'est plus revenue dessus.

Je suis adossé au mur avec mes écouteurs et ma recherche de nouveaux films tandis que le couloir se remplit progressivement, me forçant à augmenter le volume dans mes écouteurs afin que l'agitation ne gâche pas la musique, quand je sens quelque chose atterrir sur mon jogging. Je quitte mon écran des yeux et découvre un mollard sur ma cuisse. Je relève le regard vers le responsable. Sans surprise, un abruti de ma classe accompagné de sa potiche blonde qui lui lance un regard désapprobateur.

"Quoi ? T'aurais préféré que ce soit le sperme de Sartel peut-être ? "

Je pense qu'ils ont tous très bien compris qu'il ne s'est jamais rien passé avec l'adulte, mais ils seraient bêtes de passer à côté d'une source d'insultes aussi facile. Sur le coup, aucune réplique ne me vient, j'attrape donc d'un geste le garçon par le poignet et me sers de sa manche comme d'une serviette. Il se dégage immédiatement et s'essuie sur son pantalon.

"T'es dégueulasse, grimace t-il.

- Dis celui qu'embrasse ce truc." Je désigne du menton sa petite-amie.

Cette dernière se froisse n'ayant rien demandé puis les deux s'éloignent. Je soupire, me radosse au mur et tente d'ignorer le reste de substance gluante sur moi. Quelques minutes plus tard, la sonnerie retentit et la professeur nous autorise à entrer et à nous installer correctement. Je suis l'un des premiers assis tandis que les autres terminent leurs discussions dans un léger brouhaha. Après avoir posé mon sac sur la chaise vide à côté de moi, je me retourne vers le tableau et m'aperçois que quelqu'un à profiter de mes secondes d'inattention pour laisser un mouchoir sur ma table.

Je scrute autour de moi, mais tous mes camarades sont à leur place à parler avec les voisins de devant ou d'à côté sortant leurs cours de la dernière fois. Bien que j'ai une petite idée de qui aurait pu le poser, je n'y réfléchis pas plus et essuie le reste du mollard avec, l'abandonnant ensuite sur un coin pour le jeter en fin d'heure.

Heureusement, pas de nouveau crachat durant cette pause, mais quelques moqueries glissées de plusieurs côtés puisque nos deux prochaines heures sont avec Monsieur Sartel. Certaines me sont directement destinées alors que d'autres ne sont juste pas vraiment discrètes, mais je les ignore toutes et reste concentré sur mon téléphone jusqu'à ce que le trentenaire apparaisse après la sonnerie. Il nous ouvre et nous laisse nous préparer le temps qu'il aille récupérer quelque chose oublié dans une salle voisine.

J'entre avec le milieu du troupeau, me dirige vers ma place et commence à sortir mes affaires entendant l'amie de la frisée derrière moi encourager celle-ci à je ne sais quoi. Je comprends mieux de quoi il s'agit lorsque cette brune commence à s'adresser à moi :

"Tu te prépares pour ton professeur préféré ? Il te laissera l'enculer si t'es sage ? "

Sa voisine de table aborde un air détestable accompagné des ricanements d'une ou deux personnes autour qui ont entendu. Je me retourne sur ma chaise et affiche mon sourire en coin.

"Personne à part ton Iagan a autant adoré que je l'encule." Je lui glisse diaboliquement, mais de façon un peu plus discrète.

Aussi efficace que la dernière fois. Je la fixe se décomposer sans faire disparaître mon sourire, mais n'avais pas prévu que le cité allait m'attraper par le col et presque me crier dessus penché sur moi :

Derrière Les FaçadesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant