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Même avec un t-shirt, un t-shirt à manches longues et un épais sweat sous ma veste, j'ai claqué des dents sur presque tout le chemin jusqu'au lycée. Même maintenant que je me trouve seul devant notre première salle de la matinée, j'ai la tête rentrée dans les épaules et les mains au fond de mes poches. J'ai aussi mal au ventre et me demande si la vie ne me fait pas payer le cours de sport écourté d'hier. Je lance la musique dans mes écouteurs et tente de me concentrer sur la chanson.

Le couloir se remplit petit à petit tandis que je garde les yeux rivés vers le sol et tape du pied au rythme de ce que j'écoute. Une personne a eu besoin de me tapoter l'épaule trois fois avant que je ne revienne à la réalité. Je me tourne vers le binoclard et retire l'une de mes oreillettes pour savoir ce qu'il veut.

"Ça va mieux ton nez ? M'interroge t-il.

- Oui. Tu lui as sorti quoi à la prof' ? Je le questionne mettant ma playlist sur pause.

- Que t'as commencé à saigner encore plus sur le chemin et qu'on a croisé un prof' qui t'as conseillé de rentrer chez toi sans passer par l'infirmerie." Me résume t-il.

Plausible. Je remets mon écouteur et recommence la chanson depuis le début.

"C'est moi ou ça a pas l'air d'être ton truc les remerciements ? "

J'arrête à nouveau et lui demande de répéter n'étant pas sûr d'avoir bien entendu. Il s'exécute appuyant son épaule contre le mur près de moi tout comme il l'a fait hier dans les toilettes.

"Pourquoi je te remercierai ? C'est pas comme si je t'avais supplié de me couvrir." Je réplique.

Il lève les yeux au ciel et s'apprête à ajouter quelque chose juste au moment où sa brune collante lui saute dans le dos.

"Iagi', viens..." Prend t-elle une voix faussement plaintive.

Elle se met sur la pointe des pieds pour être au niveau de son binoclard et lui chuchote je ne sais quoi à l'oreille avant de le tirer par le bras. Il finit par céder et ils s'éloignent ensemble vers leur groupe.

"Si j'avais su que je toucherai son nez, j'aurais tapé trois fois plus fort." J'entends commenter la vipère de service.

Puisqu'il est de dos, je ne peux pas voir la réaction de mon camarade. Je relance une énième fois la chanson et repense au message de Nagai, auquel je n'ai toujours pas donné de réponse. Je sais qu'il m'en a envoyé deux autres après ça, mais je ne les ai toujours pas ouverts. Je lance l'application et profite des quelques minutes qu'il reste avant la sonnerie pour les consulter.

De : Anon28 :
"T'es pas obligé de me répondre te sens pas forcé si tu veux pas"
"Bonne soirée j'imagine"

Je formule d'abord mentalement ce que je vais écrire, puis le retranscris au caractère près avant d'appuyer sur l'icône d'envoi.

À : Anon28 :
"Je sais pas. Je sais juste que je DOIS faire comme si de rien était. J'ai pas le choix de toute façon. Je dois supporter pour pas montrer de faiblesses pour pas que ça empire."
"Et si on pouvait éviter de reparler de ça ça m'arrangerait s'il te plaît"

Je quitte l'application et remets mon téléphone, qui était jusqu'ici encore en silencieux, en vibreur. À peine quelques secondes après, le début de cette matinée de mercredi de cours est annoncé. Je vois le professeur sortir de la cage d'escalier la plus proche, je récupère mon sac posé à mes pieds et, sans vraiment avoir voulu le voir lui en particulier, mes yeux s'arrêtent moins d'une seconde sur l'adolescent aux cheveux quasiment noirs alors que je regardais rapidement autour de moi. Il fixe son écran et se tourne brièvement vers moi au moment où l'adulte nous demande d'entrer.

Derrière Les FaçadesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant