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Je n'avais qu'une seule envie quand le téléphone de Iagan a sonné, me rendormir. Nous faisons nos valises sans que je ne retienne mes bâillements et me moque de mon colocataire le voyant avoir du mal à faire rentrer toutes les bouteilles de boissons qu'il a acheté. Les deux mètres qui nous séparent sont la seule raison pour laquelle il ne m'assène pas un coup de coude puis il parvient finalement à tout loger dans sa valise. Nous n'avons pas vraiment parlé depuis que nous sommes levés, mais son comportement semble indiquer qu'il n'a pris aucun événement de la nuit dernière sérieusement. J'imaginais que l'atmosphère allait être gênée et gênante, mais je me suis heureusement trompé.

Il est maintenant environ neuf heures trente, le train s'est mis en route il y a une vingtaine de minutes et, comme pour l'aller, je me suis installé dans un "carré", mais suis cette fois assis sur la banquette de fond de wagon avec mon sac à dos à côté de moi et Sharky Junior en sécurité dans la poche de ma veste. Lorelei s'est mise en face et s'occupe sur son écran avec un casque audio sur les oreilles. Avant ça, elle s'est plainte au moins dix fois de son stupide corps qui n'a pas été fichu de retarder ses maux de ventre d'une journée et elle ne veut rien entendre des sorties de qui que ce soit pour ne pas haïr son métabolisme encore plus. Et je la comprends. Je suppose que Iagan, de son côté, est resté avec sa bande comme lors du petit-déjeuner. Je sors mes écouteurs de ma poche et lance ma playlist.

Nous avons fait environ un quart du trajet, deux voyageurs installés dans le "carré" d'à côté discutent bruyamment, mais, tout comme la gothique, je ne me soucie pas de leur présence, car concentré sur le film que je visionne sur mon téléphone. Je l'ai téléchargé il y a déjà un petit moment, mais je ne m'étais pas penché dessus avant aujourd'hui parce que le synopsis ne m'attirait pas vraiment. Au final, je regrette de ne pas l'avoir regardé plus tôt.

Je sens quelqu'un s'approcher de moi à ma gauche et tourne juste brièvement la tête pour voir de qui il s'agit. Le binoclard qui me demande ce que je suis en train de faire. Il devine voyant mon écran et observe celui-ci par-dessus mon épaule durant quelques minutes. Il s'y intéresse grâce aux quelques images qu'il a pu voir et m'interroge sur le nom de ce film et ce dont il parle. Je mets sur pause, lui donne le nom dans la langue du pays que nous quittons, car je ne sais pas s'il existe des titres alternatifs, et lui fais un résumé rapide de tout ce qui s'est passé jusqu'ici. L'histoire l'intrigue vraiment et je retire mon sac de la banquette pour qu'il puisse s'installer à côté de moi. Je lui fais une transcription du titre en lettres latines et le laisse se chercher une version sous-titrée tandis que je poursuis le visionnage de mon côté.

Après une dizaine de minutes, l'adolescent m'indique qu'il ne trouve rien.

"Même pas en anglais ?

- J'ai cherché, mais non plus."

Ça ne m'étonne pas vraiment. C'est sûrement trop peu connu pour que quelqu'un se soit embêté à faire un sous-titrage. Le binoclard se retrouve déçu, mais l'accepte n'ayant pas beaucoup d'autre choix de toute façon.

Le film se termine peu avant midi et mon camarade se lève pour aller chercher ses affaires. Il revient avec son sac à dos duquel il sort le dernier déjeuner fourni par l'hôtel et une bouteille de sa mixture étrange goût framboise et barbapapa. Lorelei et moi sortons nous aussi nos repas et nous commençons à manger tous les trois discutant un petit peu de tout et de rien. Voyant Iagan boire de sa boisson, je lui demande si je peux regoûter et il me passe le récipient sans problème. Particulier, mais définitivement pas mauvais. Je sors également les saucisses sèches qu'il me reste ainsi que les deux boîtes de gâteaux que je n'ai pas touchées du voyage. Si personne ne les mange maintenant, ils finiront probablement abandonnés au fond d'un placard de toute façon. Notre camarade elle aussi sort l'un des paquets de friandises locales qu'elle avait acheté et nous poursuivons notre "pique-nique" nous partageant nos denrées.

Derrière Les FaçadesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant