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Je suis arrivé ce samedi matin chez Iagan, nous avons préparé ensemble quelque chose pour le déjeuner et je me remets maintenant de la séance de course à pied, affalé sur le ventre sur le canapé de leur pièce de vie, mes chaussures quittées au pied de celui-ci.

"C'est toi qu'a voulu qu'on y aille." Me rappelle le binoclard se moquant.

Il revient de la cuisine m'apportant un verre d'eau. Je me redresse en position assise, m'appuie contre le dossier et, la respiration redevenue plus normale, je bois d'un trait. Je réplique ensuite que je n'ai pas voulu y aller, mais que je voulais juste qu'il ne se sente pas seul. Je garde pour moi que j'avais surtout un peu oublié dans quel état me mettait le demi-fond.

J'essuie encore une fois la sueur sur mon front avec mon bras et secoue mon t-shirt pour faire passer l'air dessous avant de jeter un œil à l'heure. Quinze heures trente-sept.

"C'est à quelle heure que ta mère arrive pour le "dimanche en entier à la maison" ? "

Il ne sait pas, tout dépend du train qu'elle a pris et il ne ressent pas la nécessité de lui envoyer un message pour avoir une heure plus précise. Il s'assoit à côté de moi, attrape la télécommande de la télé posée sur la table basse et nous cherchons un programme pas trop ennuyeux. Nous alternons entre suivre distraitement celui-ci, discuter et parcourir les posts sur l'écran de mon camarade.

Même si nous ne suivions qu'à peine l'émission, la pause publicité nous ennuie donc le binoclard se met à chercher une autre chaîne. Au même moment, la porte d'entrée attire notre attention. L'adulte entre tirant sa valise derrière elle et retire ses chaussures. Je remarque tout de suite que ce sont encore ses vieilles baskets qui contrastent avec le reste, un pantalon et une veste tailleur noirs cette fois-ci.

Iagan et moi nous levons, mais elle ne nous voit pas tout de suite, occupée à parler à une personne derrière elle. Une voix masculine lui répond, son propriétaire passe la porte avec des bagages aussi et je sens l'adolescent marquer un léger arrêt. Nous continuons pourtant comme si de rien n'était pour les saluer.

La femme me sourit tandis que l'homme, que je devine être le père de mon camarade, se montre moins expressif et me tends sa main. Je reste bloqué une seconde devant avant de la lui serrer.

Il n'est pas spécialement imposant physiquement, il fait environ la même taille que son fils avec juste une carrure un peu plus large, mais quelque chose me fait quand même me sentir comme écrasé. Et ça ne semble pas seulement être un effet de son costume foncé dont la veste est ouverte sur une chemise blanche et une cravate. Il porte avec ça des chaussures de villes noires qui semblent juste sorties du magasin. Je cherche discrètement sur lui, mais, contrairement à sa compagne, il ne porte aucun élément pouvant atténuer la sévérité de sa tenue.

L'air aussi âgé qu'elle, des cheveux bruns épais légèrement grisonnants tirés vers l'arrière et une barbe rasée impeccablement. Ses yeux sont bien plus clairs que ceux des deux autres membres de sa famille et il me scrute avec sans afficher la moindre expression.

Il relâche ma main après ce qui m'a paru beaucoup plus que ce que ça a réellement duré, s'intéresse brièvement à qui je suis et propose de monter les valises avant de disparaître en haut des escaliers. Pendant ce temps, la seconde adulte me demande si je reste ce soir. C'est ce qui était prévu, mais je me tourne vers Iagan pour voir si c'est toujours d'accord. Il confirme.

"Je commanderai pour quatre alors." 

Le binoclard me propose une partie de jeux vidéo, j'accepte sans problème puis il éteint la télé et ouvre le chemin jusqu'à sa chambre. La porte de celle-ci fermée, je lui demande si c'était bien son père et l'informe que je me suis rendu compte de sa réaction.

Derrière Les FaçadesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant