Derrière Les Façades

25

Faire du sous-titrage est plus long que ce que j'imaginais. Je n'ai pu faire qu'une partie du film pour l'instant, mais j'ai hâte de retourner chez moi pour faire la suite. Mais avant ça, j'ai notre cinquième séance de demi-fond sur la piste d'athlétisme derrière le gymnase à supporter. Nous dégoûter de l'éducation physique à tout jamais, je pense que c'est ça le but. Heureusement, même si le ciel dégagé et que les t-shirts sont omniprésents, il ne fait pas encore très chaud puisque nous sommes en fin février.

La première course de trois minutes se termine et nous devons aller voir avec notre partenaire si notre performance respecte les objectifs. J'arrive près de Lorelei, colle mon front contre le mur froid et laisse ma respiration de buffle revenir à la normale tandis qu'elle m'annonce mes résultats. Parmi tous ceux qui viennent de courir, il doit n'y avoir qu'une ou deux personnes qui ne sont pas dans le même état que moi, voire pire. Les élèves qui n'ont pas couru cette fois-ci passent les chronomètres à leur partenaire puis se mettent sur la ligne de départ pour une course de six minutes. Sans surprise, les rôles s'inversent ensuite pour la même durée.

La professeur nous encourage indiquant qu'il ne nous reste plus que deux minutes, mais je me demande surtout comment j'ai fait pour avoir déjà tenu les quatre premières. Mes jambes n'en peuvent plus, j'ai énormément de mal à inspirer et expirer et la sensation de mouillé dans mon dos et sur mon front est très loin d'être agréable.

Ce sont les soixante dernières secondes qui me paraissent les plus interminables. Enfin, le coup de sifflet retentit et nous sommes autorisés à aller boire. J'avance traînant le pas vers les lavabos extérieur autour desquels tout le monde s'est agglutiné. Le temps qu'un robinet se libère, je m'accroupis les yeux en direction du sol et reprend bruyamment ma respiration. J'ai mal au cœur, à la gorge et j'ai envie de vomir. Je sais que c'est à cause des efforts physiques, mais ça reste détestable.

"Theoden ? Ça va ? " M'interroge l'adulte.

Parce que j'ai l'air d'aller bien ? Elle me demande si j'ai de l'asthme, ce à quoi je donne une réponse négative.

"C'est bien alors. Si t'atteins tes limites, c'est que l'exercice est réussi." Lâche t-elle avant de s'éloigner.

C'est avec ça qu'elle espère encourager ? Une fois tous les élèves éloignés des robinets, je bois longuement puis retourne vers la piste de l'eau sur le col et dégoulinant de mon menton. Mais parmi les cailloux blancs, je ne fais pas attention, pose mon pied dans l'un des nids de poule et me tords la cheville manquant de m'étaler par terre. Je grimace, continue d'avancer vers la classe pensant que la douleur va vite disparaître et passe près de Iagan qui a fait les six minutes avant moi. Ses cheveux lui collent sur le front et il a aussi beaucoup bu à voir son col de t-shirt mouillé, mais il semble avoir moins de difficultés que de mon côté.

"T'en peux plus ? " Constate t-il plus qu'il interroge.

Je confirme et vais reposer mon front contre du froid, ne m'appuyant pas sur ma cheville douloureuse.

"T'as mal ? Le remarque mon camarade fixant la partie de mon corps concernée.

- Je me suis juste tordu le pied. Ça va passer."

L'adulte nous demande peu après de nous mettre en place pour les courses de neuf minutes. J'attrape le chronomètre et la feuille de la gothique puis me mets en position pour l'observer tandis que le binoclard va se mettre sur la ligne de départ. Une dizaine de minutes plus tard, j'avance vers la piste essayant d'ignorer ma cheville et croise le garçon aux cheveux quasiment noirs, qui lui la quitte essuyant avec son bras la sueur qu'il a sur le front. Il devine que je compte courir et m'arrête.

"Dis le à la prof' si t'as mal ! "

Elle m'a vu totalement hors service tout à l'heure et risque de s'imaginer que je trouve un faux prétexte, donc je refuse. Mon camarade insiste et me traîne presque devant l'adulte qui attend que tout le monde soit en place.