Derrière Les Façades

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L'année scolaire s'est terminée, j'ai passé tout le reste du mois de juin chez Naïla et j'ai rencontré le garçon à qui elle donne ses cours de skate. Il s'est décomposé lorsqu'elle m'a présenté comme son copain, mais s'est comme illuminé lorsqu'il a compris, au fil des conversations, la vraie nature de ma relation avec la courte-sur-pattes. Connaissant cette dernière, elle n'a dû se rendre compte de rien, le pauvre va avoir du travail s'il veut espérer quelque chose.

Nous sommes maintenant lundi, le dernier du mois de juillet. Ma mère a hésité, mais elle a fini par accepter que je parte durant dix jours avec Iagan et, de mon côté, j'ai négocié avec celui-ci que j'acceptais ces vacances, à condition que ce soit moi qui paye mon billet de train, qu'il comptait au départ financer puisqu'il m'invitait, et la plus grosse partie de la nourriture que nous consommeront là-bas avec mon argent de poche que j'entasse. Il avait également proposé à Lorelei, même s'il craignait que cette dernière ne se considère pas assez proche de lui, mais c'est parce qu'elle passe presque tout l'été avec sa famille chez sa tante favorite à l'autre bout du pays qu'elle n'a pas pu accepter.

Nous avons un peu moins d'une heure et demie de train. Nous sommes installés côte à côte dans le wagon, où nous n'avons pas pu nous mettre dans un "carré", et passons une partie du trajet à faire défiler les posts sur son téléphone. Même s'il en mettait encore une fine couche jusqu'au dernier jour de lycée, l'adolescent a à présent complètement laissé tomber l'anti-cernes. Les cercles violacés sont encore loin de totalement disparaître, mais j'ai eu l'impression lorsque j'ai vu son visage pour la première fois depuis des semaines qu'il y avait tout de même eu un gros changement.

À un peu moins de quatorze heures, nous descendons avec nos affaires et sortons de la petite gare. L'adolescent a tout logé dans une valise et, de mon côté, j'ai entassé dans mes sacs de cours et de sport. Lui aussi à emmener son sac à dos, mais il est presque plat contrairement au mien qui a hâte que je dépose un peu de ce que j'ai mis dedans.

Arrivés à l'extérieur, il m'indique que la maison secondaire est quelques bourgs plus loin et qu'il va falloir appeler un taxi. Je le laisse s'en charger et nous attendons le véhicule sur un banc en fer à l'ombre de palmiers. Une petite vingtaine de minutes plus tard, nous sommes installés à l'arrière d'une voiture et pouvons voir au loin l'océan par la vitre.

Le chauffeur nous laisse descendre devant un portail clos au milieu de demeures ordinaires. Nous récupérons nos affaires dans le coffre, le conducteur est payé puis le garçon aux cheveux quasiment noirs m'invite à le suivre. Il sort un trousseau de clé d'une poche de son bermuda en jean et nous entrons dans la propriété. Devant nous, la petite maison de plein-pied en pierre et son petit terrain semblent entretenus malgré les volets fermés et l'absence évidente d'habitants.

"Mes parents payent une société pour venir aérer et tondre de temps en temps." M'explique le binoclard.

Je jette un œil aux habitations voisines et remarque des jeux laissés dehors, des portes de garages ainsi que des fenêtres ouvertes et croise le regard d'un chat qui se dépêche d'aller se cacher. Seule la maison devant nous n'est clairement pas une résidence principale. L'adolescent en déverrouille la porte d'entrée et nous entrons dans une pièce de vie obscure que seule la lumière du jour entrant derrière nous éclaire. Iagan se dirige vers les stores et les ouvre un par un.

Tous les meubles sont recouverts de grands draps blancs et la poussière est omniprésente, mais il m'avait prévenu que nous aurions à faire du nettoyage avant de nous installer. Nous laissons donc nos affaires dans un coin et débutons. Nous commençons par retirer les tissus et il ouvre un placard à balais, situé non loin de la cuisine ouverte.

"Faut d'abord nettoyer ce qui sert à nettoyer." Je me moque.

Nous prenons le nécessaire, le préparons puis nous répartissons les tâches ainsi que les endroits.