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Je retire mes chaussures et me laisse tomber sur le ventre sur ma couette serrant l'un de mes oreillers contre moi. Je ne sais pas si j'ai envie de pleurer ou si rester couché sans bouger me suffit. C'est de ma faute. Si je ne lui avais pas dit que je lui rendrai sa veste seulement s'il venait, je ne l'aurais pas vu à moitié déshabillé avec son ex entre deux lavabos.

Joyeux anniversaire à moi-même, joyeuse fête à tous les hypocrites dans ma maison ce soir et, surtout, joyeuse partie de jambes en l'air à Theoden et son Ylan ! J'aurais dû m'écouter et annuler cette soirée de toute façon. Je lève juste le bras pour appuyer sur l'interrupteur sur le mur au-dessus de ma tête et reste allongé dans le noir et le silence oppressant, voulant juste ne rien faire puis m'endormir.

Le volet de ma vitre de toit est grand ouvert, pourtant ce n'est pas la nuit noire à l'extérieur qui va m'empêcher de dormir, mais l'idiot qui a sûrement déjà trop bu qui tape dans ma porte. Cette dernière a été considérablement alourdie pour l'isolation phonique, mais ça n'empêche pas les bruits sourds des coups de me parvenir. Je laisse faire imaginant que la personne va finir par arrêter, mais ça devient de plus en plus fort et insistant. Je finis par me relever lâchant mon coussin, déverrouille et ouvre vivement. La musique à plein volume me revient en pleine figure tandis que Theoden allait donner une nouvelle série de coups de pieds.

Sans la moindre émotion dans la voix, je lui demande couvrant le bruit et rallumant la lumière ce qu'il fait encore ici. Il sort de dessous sa veste une bouteille d'alcool pas encore entamée dans une main et une grosse brique de jus d'orange dans l'autre.

"Vodka-orange ? "

Je le fixe sans réagir.

"S'il te plaît..." Supplie t-il presque.

Je réfléchis, hésite, mais cède et me décale pour le laisser entrer. Je referme derrière mon camarade et verrouille à nouveau alors que celui-ci se retourne d'un mouvement et regarde partout autour de lui, comme s'il venait d'un coup de perdre l'ouïe.

"T'as des verres au moins ? " Je l'interroge lui permettant en même temps de s'apercevoir qu'il n'est pas devenu sourd.

Il sort deux gobelets qu'il avait coincés contre son flanc et détaille discrètement la pièce. Il peut voir ma chambre, spacieuse et large, aux murs gris et au parquet clair. Mon grand lit centré contre le mur du fond est encadré par deux tables de nuit, j'ai un grand bureau organisé, contrairement au sien, appuyé contre le mur de droite avec mon ordinateur portable ouvert dessus puis un meuble de télé ainsi qu'un canapé placés en diagonale au milieu de la pièce, par-dessus un tapis en laine blanc. Tout le pan de mur de gauche, le seul sur lequel ne passe pas ma bande de LEDs, est fait d'étagères dissimulées derrière un rideau clair. Je remarque cependant qu'il s'attarde quelques secondes sur mon clavier et tout le matériel qu'il y a avec, dans le coin à droite de mon lit.

Je m'avance vers ce dernier, le blond m'imite, retire ses baskets et nous nous asseyons tous les deux sur le bout du matelas dans un silence plus que lourd. Nous remplissons chacun un gobelet, je le vois mettre beaucoup moins d'alcool que de jus de fruits dans le sien, et buvons quelques gorgées.

Margot m'a dit qu'elle était allée le confronter, car elle était certaine que c'était à cause de lui que j'allais moins bien dernièrement. Elle ne m'a pas indiqué de quoi elle lui a parlé exactement, elle m'a juste assuré qu'elle comprenait si je ne l'aimais pas elle et m'a promis qu'elle n'en voulait à personne pour ce qui s'était passé entre nous chez Jessie.

"Joyeux anniversaire." Se lance Theoden me sortant de mes pensées.

Il précise qu'il avait entendu que c'était à cette occasion que j'organisais cette fête. Je confirme d'un hochement de tête.

Derrière Les FaçadesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant