Chapitre 30

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– Je t'ai posé une question, qu'est-ce que c'est que ces marques sur ton dos? Demanda de nouveau Adryan après un moment de silence.

Beverly s'assit sur le lit, le regard perdu dans le vide. Elle releva la tête et regarda Adryan dans les yeux. Il pouvait ressentir sa haine, sa colère mais aussi sa douleur, son énorme douleur.

– Ça c'est l'une des horreurs que j'ai dû subir à cause des assassins de mes parents.

Le parrain s'assit juste à côté d'elle, attendant qu'elle commence l'explication de cette phrase dans un silence pesant.

– Lorsque la police est arrivée, je suis sortie du placard comme je l'avais promis à ma mère. L'inspecteur qui s'occupait de l'affaire a tout de suite été gentil avec moi. Il m'a dit qu'il m'emmènerai dans un centre d'accueil, qu'il y aura pleins d'enfants avec qui je pourrais m'amuser. Je lui ai dit que je préfèrerais aller chez mon oncle, c'était lui qui était mon tuteur.

Elle s'arrêta et prit une profonde inspiration.

– Malheureusement le juge n'a pas accepté car pour lui mon oncle n'était qu'un ex prisonnier qui devait sûrement trempé dans des affaires louches, donc j'ai été placé en centre d'accueil. Là-bas il y avait une assistante sociale qui s'occupait des adoptions. Elle avait réussi à me trouver une famille alors que j'étais l'enfant la plus bizarre du centre. Je ne parlais pas, j'étais toujours dans un coin, seule. J'étais une âme morte dans une enveloppe corporelle.

Beverly regarda le parrain dont le visage n'affichait aucune émotion particulière. Il était tellement doué pour cacher ses émotions en dehors de la colère.

– Le couple qui m'a adopté, Valérie et Tom, n'avait pas d'enfants mais semblait gentil aux premiers abords.. enfin jusqu'à ce que je renverse sans faire exprès un bol de soupe dont je n'avais aucunement envie. Tom s'est approché de moi furieux et....et..il s'est mis à me frapper.

– Quel âge avais-tu?

Elle sentit dans sa voix de la fureur, elle ne pouvait pas lui faire face. La tête baissée elle répondit à la question.

– Cinq ans.

La jeune femme attendit qu'il ajoute quelque chose mais il ne le fit pas. Elle continua son histoire.

– À partir de ce moment, je me faisais battre chaques fois que je ne voulais pas manger ou que je ne terminais pas mon assiette. Ils voulaient que je grandisse sans être trop mince, ils parlaient de marché noir et moi je ne comprenais pas vraiment ce que ça voulait dire... j'ai réalisé des années plus tard que c'était un trafic d'enfants pour alimenter les délires pervers de pédophiles. Tom me répétait sans cesse que j'étais la plus jolie fille du centre et que je lui apporterai un gros pactole.

Son cœur se mit à battre de façon irrégulière et douloureuse comme à chaque fois qu'elle se remémorait ces souvenirs.

– Quand j'ai eue 7 ans, Tom et Valérie ce sont mis à se disputer sur mon sort. Valérie voulait me vendre à un homme d'affaires qui était près à payer cher tandis que Tom voulait me garder jusqu'à mes 15 ans pour que je travaille pour lui en tant que prostituée. Valérie a décidé de quitter Tom alors je suis restée seule avec lui. C'était l'enfer. Il m'avait attribué toutes les tâches ménagères et lorsqu'elles étaient mal faites, il me frappait. Il rentrait tard le soir et buvait beaucoup. Je restais des jours affamés. Je n'avais pas le droit de sortir, aucun des voisins ne savaient que j'étais là.

Les larmes menaçaient de franchir la barrière de ses yeux encore une fois mais Beverly se retint. Elle ne voulait plus pleurer, passer pour une faible devant lui.

– Quand j'ai eue 14 ans, Tom me regardait d'une manière différente...un soir alors qu..que je dormais il est entré dans ma chambre et il m'a...il m'a violé.

Malgré ses fortes résolutions, elle éclata en sanglots. Adryan se leva brusquement et tourna le dos à Beverly, les mains sur les hanches. La peur venait d'envahir son âme, est-ce qu'il ne voudrait plus d'elle maintenant qu'il savait ça? Qu'un homme avait souillé son corps.

– Continue s'il te plaît. Gronda-t-il.

Elle hésita à le faire. Elle allait le perdre, elle en était sûre.

– Et..et il a continué de... trois ou quatre fois par semaines.. un jour j'ai essayé de m'enfuir mais il l'a découvert. Pour me punir il m'a attaché à mon lit et m'a donné des coups de fouet sur le dos, les cicatrices n'ont jamais disparues. Je suis restée attachée pendant une semaine, c'est King qui m'a détaché. Il m'a dit qu'il avait passé toutes ces années à me chercher et qu'il allait faire payer tout ça à Tom. Après ça je n'ai plus jamais revue Tom et je suis allée vivre avec mon oncle. Pourtant je faisais d'horribles cauchemar la nuit, alors j'ai commencé à me droguer. Voilà ce que ces ordures ont fait de ma vie.

Elle observa le parrain qui n'avait toujours pas bouger.

– Est.. est-ce que tu m'en veux ? Balbutia-t-elle.

Il se tourna vers elle, visiblement furieux. Beverly s'attendait au pire.

– Je suis désolée. Murmura-t-elle, tellement.

– Qu'est-ce que tu racontes Beverly ?! Pourquoi tu t'excuses?!

– Je..je.ne sais pas, c'est juste que je ne veux pas que tu partes.. je ne veux pas que tu me laisses seule.

Il s'approcha avant de s'asseoir de nouveau à côté d'elle.

– Est-ce que tu as peur lorsque je te touche? Est-ce que tu fais toujours ces cauchemars ?

Elle rencontra ses yeux marrons si froids mais qui réchauffait à chaque fois son être.

– Non. King m'a trouvé un psy, c'est grâce à elle que j'ai pu surmonter ça et..et en partie grâce à la drogue.

– Tu est toxico Beverly...

Elle baissa les yeux.

– Je sais..je vais surmonter ça.

– Dans ce cas je serais là pour toi.

Elle sourit. Son regard s'égara sur ses lèvres, elle mourait d'envie qu'il l'embrasse et qu'il la prenne dans ses bras.

– J'aurais tué cet homme de mes propres mains si King ne l'avais pas fait. Souffla-t-il.

Elle retint son souffle lorsqu'il caressa doucement sa joue. Elle savait qu'il était sérieux et ça, ça l'effrayait légèrement. Comme si il lisait dans ses pensées, il se pencha pour prendre possession de ses lèvres. Le cœur de Beverly se gonfla. Leur baiser était plus doux mais toujours autant passionné et leurs langues bougeait au même rythme.

Adryan passa sa main sur la nuque de Beverly pour la rapprocher encore plus. Ils se séparèrent à bout de souffle.

– Ne me fait pas plus souffrir chaton, ce n'est pas le moment, enlève cette robe et mets toi au lit avant que je ne fasse une bêtise.

Elle le sentit sourire contre ses lèvres. Son âme s'embruma et ses joues devinrent écarlates.

– Tu as raison, je vais aller prendre une douche et dormir.

Elle se leva et se précipita dans la salle de bain, heureuse mais mal à l'aise.



BEVERLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant