Chapitre 122

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Palerme. Sicile.

Theia tripota nerveusement son téléphone. Tutti lui avait dit de l'appeler qu'en cas d'extrême urgence mais ce n'était pas une ? Cela faisait deux jours que le parrain n'était pas rentré ce qui n'était pas du tout son habitude. C'est elle qui planifiait ses déplacements et ses rendez-vous. D'ailleurs les appels se multipliaient  pour lui demander où se trouvait le parrain, pourquoi il ne répondait pas au téléphone et pourquoi il posait un lapin.

Elle travaillait pour lui depuis maintenant un mois et elle savait qu'il ne rigolait pas avec le travail. D'ailleurs c'est la seule chose qu'il faisait. Travailler. Il ne parlait pas beaucoup et passait la plus grande partie de son temps dans son bureau.

Theia le trouvait mystérieux mais se disait que c'était beaucoup mieux comme ça. Au moins, en ne discutant pas beaucoup avec lui, elle réduisait ses chances de commettre une maladresse, de se faire tuer et de mettre le plan de l'homme qui l'avait sauvé de la rue.

Enfin décidé, elle composa le numéro de Tutti. Celui-ci sonna avant de tomber sur la messagerie. Theia réessaya plusieurs fois paniquée. C'est au bout du sixième appel que Tutti décrocha.

– J'espère que tu as une excellente raison de me déranger, j'étais au milieu de choses extrêmement importante. Dit-il la voix pâteuse.

Theia ne s'attarda pas à sa mauvaise humeur qui devait être du à une gueule de bois. Elle était beaucoup trop angoissée.

– J'en ai une. Ça fait deux jours que je suis seule dans l'appartement du parrain, il n'est pas rentré depuis deux jours.

– Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Il a 31 ans, toutes ses dents et deux couilles.

– Tu ne comprends pas, son téléphone ne passe pas et tout le monde tente de le joindre ! Ses associés commencent à se plaindre de son absence.

Tutti fronça les sourcils. Ça ce n'était effectivement pas normal.

– Peut être qu'il a craqué et il est allé récupérer sa femme à Los Angeles...

– C'est impossible, son passeport est avec moi..

Décidément, cette histoire commençait à sentir mauvais. Tutti comprit qu'il y avait un problème. Sachant pertinemment qu'il ne savait pas où se trouvait ce traître d'Antonio. Est-ce lui qui était derrière cette disparition ?
Tutti souffla de frustration.

– Merci de m'avoir averti, je m'en occupe et je te tiens au courant.

Il raccrocha lorsque Marie, la jeune femme qu'il avait rencontré la veille dans un club BDSM déposa un baiser sur son épaule. Tutti l'ignora et récupéra ses affaires pour s'habiller.

– Tu pars déjà beau gosse ? S'enquit-elle avec une moue de dégoût.

Tutti lui sourit.

– J'ai des affaires urgentes à régler mais j'ai été ravi de faire ta connaissance et celui de ton petit cul.

La jeune femme sourit à son tour avant de déposer sa main sur sa joue.

– Eh bien mon petit cul et moi serions ravis de te revoir un de ces jours.

– Alors à la prochaine.

Il récupéra ses clés de voiture et sortit à la hâte de l'immeuble. Il fallait qu'il prévienne les autres.

Après un quart d'heure à rouler sous le soleil déjà haut de Palerme, Tutti se gara devant une immense villa. Des hommes aussi géant que Martin pensa-t-il, l'escortèrent jusqu'au bureau de celui qu'il était venu voir.

L'homme était assis sur un fauteuil, lui tournant le dos. Tutti s'adossa contre la porte exaspéré.

– Je ne sais pas toi mais si on continue à attendre comme des petits cons, la situation risque de nous échapper. Lança gravement Tutti.

– Je pensais qu'en grandissant tu aurais perdu cette mauvaise habitude de vouloir tout, tout de suite Tutti mais je me suis trompé. Répondit l'homme. Un peu de patience.

– Si tu tardes trop à agir, nous n'aurons jamais cette clé USB et je mets ma main à couper que la prochaine fois que tu reverra Adryan, ce sera dans un sac à maccabées ! Figure toi que j'ai eu Theia au téléphone et elle m'a informé que ça fait deux jours qu'Adryan a disparu!

L'homme se retourna brusquement. Une barbe grisante assorti à ses cheveux gris et brun recouvrait entièrement sa mâchoire. Il se leva et s'approcha de Tutti, le dominant de toute sa carrure imposante.

– Comment ça Adryan a disparu ?!

– Qu'est-ce que tu veux que je te dise? Pour l'instant nous ferons mieux de le retrouver et de le rallier à notre cause !

L'homme souffla.

– Adryan n'accepterai jamais de trahir la Costa Nostra, encore moins pour moi. Je sais ce que je dois faire, je le connais sur le bout des doigts alors laisse moi faire.

– C'est d'accord mais pour l'instant nous faisons comment vu qu'il a disparu de nos radars !

L'homme sembla réfléchir quelques minutes.

– Je crois que son plus fidèle homme s'appelle Thomas non c'est ça ?

– Exacte, Adryan lui a donné des congés il y a un mois.

– Vas le voir, et ensemble retrouvez mon fils... vivant !

Ses paroles sonnaient beaucoup plus comme une menace qu'autre chose. Tutti hocha la tête.

– Compte sur nous.



Tutti se gara dans l'allée. Quelques habitants chaleureux qui passaient par là le saluèrent. Il adorait la joie de vivre italienne ainsi que les bons petits plats de Martina la femme de Thomas. C'était donc un plaisir de sonner à sa petite maisonnette.

La porte s'ouvrit au bout de quelques minutes sur Thomas qui tenait Romain, son fils de cinq ans dans ses bras. Le sourire de père heureux de Thomas s'évanouit aussitôt et lentement il déposa son fils sur le sol.

– Va continuer à faire des crêpes avec Hadrian et maman.

Le petit garçon hocha la tête et jeta un coup d'œil curieux à Tutti avant de s'en aller.

– Mon dieu c'est Romain ? Qu'est-ce qu'il a grandi, la dernière fois que je l'ai vu, lui et ton fils aîné c'était il y a cinq ans, le jour de leur baptême. Quand tu as choisi Adryan comme leur parrain plutôt que moi.

– Qu'est-ce que tu fais là Tutti ? S'enquit Thomas en ignorant sa remarque.

– Nous avons beaucoup de choses à nous dire toi et moi. En commençant par la disparition de ton patron.

Thomas comprit à son visage qu'il devait se passer quelque chose de grave. Lentement, il se décala de l'encadrement et invita Tutti à rentrer.





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