Une porte vers l'amour

17. Voir les choses en face.

Cela fait plus d'une heure que nous sommes installés tous ensemble lorsque je me penche discrètement vers Pierre pour lui dire que je vais y aller. Je sais qu'il veut qu'on discute et qu'il ne m'aura pas oublié, alors je préfère le prévenir au cas où il veut profiter de ce moment pour que l'on parle. De toute manière, cela tourne en boucle dans mon esprit et il n'y a qu'avec lui que je pourrai parler de tout cela. Il me fait signe qu'il a compris.

« Il est l'heure pour moi de vous abandonner, reposez-vous bien, on se voit demain pour la course ! »

Je me lève, et je vois Pierre faire de même : parfait, on s'était bien compris.

« Je vais te raccompagner, va savoir où tu vas arriver si on te laisse toute seule. 

- Ah. Ah. Ah, vous comptez me prendre longtemps pour un cas désespéré ?

- Non ... Bien sûr que non, d'ici, un ou deux ans on te laissera peut être t'éloigner à 10 mètres sans surveillance. »

Il me répond cela avec un clin d'œil et je lève les yeux au ciel.

« Tu m'épuises .. Pour la peine, j'y vais sans toi. »

Alors que je commence à m'éloigner et que Pierre me suit, j'entends la voix de Charles derrière nous :

« Ouais ouais on y croit tous, c'est ça partez les amoureux on se passera de vous ! »

Manquait plus que ça ! Je lève les yeux au ciel pour toute réponse, je fais un dernier signe aux garçons et alors que je vais pour m'éloigner je sens le bras de Pierre se placer autour de ma taille. Je meurs d'envie de regarder si tout cela a attiré l'attention d'un certain néerlandais mais je me force à ne pas lui accorder un seul regard.

Une fois que nous sommes sortis et que l'on se dirige vers l'ascenseur, Pierre prend enfin la parole :

« Va vraiment falloir qu'on parle toi et moi. 

- C'était pas déjà l'objectif de cette évasion ? Je lui réponds en riant.

- Une évasion c'est censé être discret très chère, là on était loin du compte.

- Je ne vois pas de quoi tu parles. »

Je lui réponds en prenant un air innocent et me glisse dans l'ascenseur.

« Ah donc le fait que tu ne contredises pas les sous-entendus de Charles n'avait rien à voir avec la présence d'une certaine personne à la table d'à côté. 

- Non, mais lui répondre ça aurait été l'encourager !

- C'est cela, c'est cela. »

Nous regagnons ma chambre, je me laisse tomber sur le canapé et Pierre fait de même à côté de moi. Nous restons un moment en silence, puis je me pose ma tête contre son bras avant de commencer :

« Je ne comprends pas ce qu'il se passe Pierre, je t'assure tout ça n'a aucun sens. 

- Raconte moi ce qui s'est passé, on verra après ce qu'il faut en comprendre. »

Je respire un bon coup, et me lance dans le court récit des évènements de tout à l'heure. J'essaie de rester calme, mais rien que de revoir la scène et d'entendre à nouveau ses mots, je sens ma gorge se nouer.

« T'es sûre que t'as bien compris ? 

- Mot pour mot, je ne suis pas prête de l'oublier ...