39. Une sortie remarquée.

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Jeudi

PDV de Kate.

    Alors que les garçons enchainent track-walk, réunions et conférences de presse, nous en profitons avec Charlotte, également présente ce week-end, pour faire un peu tourisme aujourd'hui. Si nous cela nous permet de passer une agréable journée entre filles, cela implique cependant de ne pas avoir vu les garçon de la journée. Ce qui en soit n'est pas un problème car ils sont débordés et le jeudi n'étant pas leur journée préférée ils ne sont pas toujours de la meilleure humeur. Cependant, si les garçons prévoient quelque chose pour ce soir cela signifie qu'une nouvelle fois je ne sais pas si je pourrais voir Max...

    Et la soirée prend finalement une tournure inattendue. Je ne sais par quel miracle Daniel a réussi à réunir la quasi-totalité des pilotes pour la soirée, nous voilà donc tous installés à l'étage d'un restaurant situé près de nos hôtels respectifs. Si Charles et Max ont visiblement accepté de se retrouver dans la même pièce, ils sont situés à distance maximale autour de la table. Et même si nous sommes presque tous réunis pour passer du temps ensemble, les groupes habituels se sont reformés au niveau du placement, je suis donc assise entre George et Charlotte. Max quant à lui se trouve presque à l'opposé entre son co-équipier et Daniel.

    D'un côté ce n'est pas plus mal, je ne l'ai pas dans mon champ de vision direct ce qui minimise le risque de faire quelque chose qui puisse attirer l'attention de Charles. Je sais bien que je dois lui en parler, rapidement, surtout au vue de l'évolution de la situation mais cela va demander un peu d'organisation pour essayer que cela se fasse au mieux. Mais je chasse rapidement le moment inévitable de la révélation de mes pensées afin de me concentrer sur cette soirée, nous sommes là pour nous amuser. Il sera bien assez temps de s'angoisser le moment venu. Je décide donc de diriger toute mon attention vers Daniel qui anime actuellement la conversation générale.

Lorsque nous terminons le dessert, et je dois dire que la soirée s'est vraiment bien déroulée. Je n'avais jamais passé de soirée avec autant de pilotes réunis et je ne savais pas si le nombre modifierait l'ambiance habituelle mais heureusement pas du tout. Nous avons beaucoup rit, et en même temps avec Daniel comme chef de file c'était inévitable. Si avec Max nous avons su nous montrer discrets, nous ignorant tant que possible afin de ne pas attirer l'attention sur nous, ce n'est visiblement pas le cas de tous. En effet, cela fait maintenant plusieurs minutes que les garçons harcèlent mon voisin, car selon eux il sourit trop et c'est suspect. Et ils insistent tellement que désormais toute l'attention est dirigée vers lui et le voir tenter de se justifier en s'emmêlant dans ses propos me fait me tordre de rire à ses côtés. Enfin, jusqu'à l'intervention d'Esteban Ocon.

En effet, le pilote français s'est montré plutôt discret ce soir et j'avais à peine remarquer sa présence. Cependant, en une phrase il a su gagner l'attention de toute l'assemblée. Pour mon plus grand malheur.

« J'ai peut être une explication. Il marque une pause avant de s'adresser directement à George :  Cela se pourrait-il que ce sourire soit lié au fait que Kate, ta voisine ici présente, soit sortie discrètement de ta chambre ce matin ? »

    Lorsque j'entends cette phrase, mon cœur rate un battement. Pourtant je ne réalise pas encore l'ampleur des conséquences qu'elle va avoir. J'espère un instant que je l'ai imaginée ou que personne n'a entendu. Malheureusement pour moi, ce n'est pas le cas.

    Pierre recrache le contenu de son verre, Charles tourne son visage vers moi, un sourire sur les lèvres tandis que Charlotte me donne un coup d'épaule en chuchotant : « T'es une sacré cachotière. » Quant à moi, je me fige complètement j'ai l'impression que mon corps cesse de fonctionner. Et ce n'est que lorsque je sens une main se poser sur la mienne sous la table, que je sors de ma stupeur et dirige mon regard vers celui dont je crains le plus la réaction. Ses yeux bleus sont froids et perçants, et alors que tout le monde a le regard braqué sur mon voisin, le pilote Redbull ne me lâche pas des yeux. Je sais qu'il cherche chez moi une explication à cette remarque, mais une boule s'est formée dans ma gorge et je suis incapable de sortir le moindre mot - ce qui j'en suis consciente doit me donner l'air coupable.

    Je ne vois pas comment me sortir de cette situation, et mon cerveau refuse de fonctionner afin de trouver une solution. Et alors que George tente de calmer les choses en voulant expliquer que les sous-entendus d'Ocon n'ont de rien réels, il va finir de déclencher la tempête. Et aucun de nous n'était prêt pour ça.

« Non Esteban. Ce n'est pas du tout ça, si Kate sortait de ma chambre ce .... »

    Et voilà. Sa phrase reste en suspend, il n'a pas le temps de finir que Max s'est levé brutalement afin de quitter la table. Sans un regard pour moi. J'ai l'impression que mon cœur se brise. Et c'est sûrement ce qui explique que j'agisse sans réfléchir un seul instant aux conséquences. Je ne prête donc pas attention aux regards perdus des garçons, ni aux remarques de certains, et encore moins à la main de George qui tente de me retenir discrètement. Je ne pense à rien, sauf à lui et à la déception que j'ai lu dans ses yeux, et c'est ainsi que je me lance à la poursuite du pilote néerlandais en criant son nom.

    Cependant, il a quelques longueurs d'avance sur moi, et je pars donc à sa recherche en priant pour qu'il n'ait pas déjà quitté le restaurant. Quand je le trouve enfin, il est devant la porte de sortie arrière. Et lorsqu'il me voit, il se détourne me faisant signe de ne pas approcher mais je n'en tiens pas compte et j'attrape sa main afin de le retenir. Je comprends sa réaction, et je regrette d'être responsable du regard peiné et énervé qu'il m'adresse cependant je dois garder le contrôle de mes émotions et ne pas craquer afin de pouvoir tenter de m'expliquer.

« Max »

    Je prononce son prénom d'un ton suppliant, attendant d'être certaine qu'il accepte de m'écouter afin de tenter de lui expliquer que tout cela n'est qu'un malentendu. Une fois qu'il semble décidé à me laisser une chance de me justifier, je plante mon regard dans le sien afin, j'espère, qu'il puisse y voir que je suis sincère.

« Il ne s'est rien passé avec George tu dois me croire. Ça n'a rien à voir avec ce que tu imagines, même si exposé comme ça ce n'est pas l'image que ça donne j'en suis bien consciente. »

    Dans un premier temps il ne dit rien, il soutient mon regard et je n'arrive pas à lire si il me croit ou non. Il ne montre aucune émotion, son visage reste totalement fermé. Puis, il finit par me répondre.

« Tu as passé la nuit avec lui ? »

Ça question sonne comme un coup de poignard, et je réalise à quel point il imagine que je l'ai trahi. Cependant, je me suis mise dans cette situation et maintenant je dois en assumer les conséquences. Je fais donc taire la pointe de colère que suscite en moi l'idée qu'il puisse imaginer une telle chose et le fait de devoir me justifier pour lui répondre :

"Si ta question est est-ce que j'ai dormi dans sa chambre, la réponse est oui. Si la question est est-ce que j'ai couché avec lui, la réponse est non et je pensais qu'on se faisait assez confiance pour ne pas avoir besoin de clarifier ce point. »

    Je sens que des larmes commencent à emplir mes yeux, alors que je le regarde suppliante, mon cœur étant suspendu à sa réponse. Bien sûr je suis en tord, si je ne lui avais pas caché la situation cela ne serait pas arrivé mais je ne supporte pas l'idée qu'il doute de moi sur ce point. Alors que je sens ses doigts s'entrelacer doucement aux miens, et qu'il se rapproche de moi pour venir coller son front contre le mien, je respire à nouveau. Je plonge mon regard dans le sien, et même s'il semble encore perdu je n'y décèle plus tant de la colère mais plutôt du soulagement. Il mérite des réponses, et même si je ne peux pas vraiment les lui donner, je me décide à lui donner un début d'explication.

« Il avait quelque chose à me dire que je ne peux pas partager avec vous pour l'instant, on a discuté et je me suis endormie dans sa chambre rien de plus. Je marque une pause avant de poser ma question : Tu me fais confiance non ? »

    Max s'apprête à ouvrir la bouche, mais une voix tonne derrière moi et je m'écarte instantanément de lui. Cependant il est déjà trop tard.

« Tu veux qu'on en parle de confiance Kate ? Il se passe quoi ici bordel ? »

...
***

Une porte vers l'amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant