Une porte vers l'amour

55. Sur le toit du monde.

Dimanche 12 décembre - GP d'Abou Dabi

Verstappen stays ahead of Lewis Hamilton. Of all the drama. Of all the controversy. Of all the magic moments in Formula One in 2021. It comes down to this. And at this moment, it looks like it gonna go the way of Max Verstappen. Mercedes, not happy. Redbull, will be delighted. They have shared a brillant championship battle. But the championship can only be won by one. And it's going Dutch, in 2021. Max Verstappen for the first time ever is champion of the world.

Après l'espoir de la pole, la désillusion au départ, le pique d'adrénaline provoquée par la défense magistrale de Sergio, la presque acceptation et enfin l'espoir à nouveau, c'est un torrent d'émotions qui m'envahit lorsque dans le dernier tour je vois la Redbull numéro 33 franchir la ligne d'arrivée en première position et déclencher les feux d'artifice. Il l'a fait. Après un dernier tour de folie, c'est fait : il a gagné. Max est champion du monde. Mes jambes tremblent, mes joues sont inondées de larmes, mes jambes vacillent et mes oreilles bourdonnent tellement que je distingue à peine le brouhaha et l'agitation autour de moi.

Soudain, je sens une main se refermer sur mon poignet et m'entrainer hors du box, sur la Pit Lane. Là c'est la folie. Tout le clan Redbull exulte: on crie, on pleure, on court, on se prend dans les bras, c'est un moment de communion unique. Et alors que j'atteins par je ne sais par quel miracle le parc fermé, je n'ai pas encore aperçu Christian mais j'imagine sans peine qu'il doit être dans un état similaire, si ce n'est pire, au mien.

Une fois près de la barrière de sécurité, j'aperçois de nouveau les écrans géants qui affichent des images de la monoplace de Max. Et on peut facilement voir malgré son casque qu'il pleure lui aussi. C'est son rêve qui devient réalité, la consécration après des années de travail acharné pour pouvoir être un jour le meilleur. Il ramène la voiture pour la placer devant le panneau affichant le numéro 1, symbole du titre qu'il vient de décrocher. Je le vois se lever, et exulter debout sur sa monoplace mais l'émotion reprend vite le dessus dès qu'il met pied à terre car il prend un moment, appuyé sur la roue arrière de sa Redbull victorieuse.

Il court ensuite son casque encore sur la tête vers son équipe, et je les regarde partager ce moment, en pleurant de plus belle. Ce n'est que lorsque je sens le bras de Christian dans mon dos que je remarque qu'il m'a rejoint avec le père de Max, et je ne m'étais pas trompée : je ne suis pas la seule à pleurer. Nous nous sourions un instant avant de rediriger notre regard dans la direction de Max, il arrive devant nous et nous étreint rapidement avant de rejoindre le commissaire qui l'appelle pour la pesée. Il en profite pour enlever son casque, accueillant les félicitations de certains autres pilotes au passage puis il revient dans notre direction. Et je ne sais pas si c'est ses yeux brillants d'émotion, ses cheveux en bataille ou le sourire radieux qui barre son visage visiblement ému mais il semble plus beau que jamais et mon cœur rate un battement lorsqu'il s'approche de moi.

Il prend mon visage entre ses mains et je fais de même tandis que j'essaie de former une phrase cohérente pour le féliciter :

« Tu l'as fait mon amour, tu l'as fait. Je suis tellement fière de toi ... »

Et mon « je t'aime » meurt contre sa bouche qui s'écrase sur la mienne dans un baiser d'un intensité rare, à l'image de toutes les émotions qui doivent le traverser à ce moment précis. Ce baiser ne dure que quelques secondes, mais c'est le genre de baiser dont on se rappelle tout une vie. Il murmure ensuite des mots en néerlandais que je ne comprends pas, d'autant qu'il les prononce presque contre mes lèvres mais je pense qu'il n'y a pas besoin de traduction pour en comprendre la teneur. Et après un dernier échange de regards intense, il se dirige vers Christian et son père afin de célébrer avec eux avant d'être appeler pour le podium.