Une porte vers l'amour

19. Un pas en avant ?

    A peine entrée dans sa chambre, je commence à regretter d'avoir accepter de venir. Je suis mal à l'aise, j'appréhende cette discussion et je me dis qu'un endroit neutre aurait sûrement été préférable. Une fois pleinement dans la chambre je me stoppe car je ne sais pas où aller ni où me mettre. J'observe les possibilités : le canapé imposerait une trop grande proximité physique, le lit n'en parlons pas ; il reste donc ... Il interrompt ma réflexion en émergeant derrière moi, aucun de nous n'a encore prononcer un mot. Je le vois se diriger vers le balcon : bon on est sur la même longueur d'onde visiblement.

    Je le suis, de toute façon je ne vais pas rester plantée au milieu de la chambre. Et en sortant à mon tour, je suis soulagée lorsque je sens le léger vent qui accompagne la nuit qui vient de tomber. L'air libre m'aidera surement à garder les idées claires, car sans que je ne comprenne pourquoi ni comment dès qu'il est dans les parages mon cerveau semble ne plus fonctionner correctement. Comme lui je m'accoude au balcon, on se regarde pas mais je sens dans chaque fibre de mon corps sa présence à moins d'un mètre de moi. Cette sensation me fait autant peur qu'elle m'est agréable. Nous fixons toujours un point face à nous lorsqu'il rompt finalement le silence :

«  Je crois que je te dois des excuses. »

Sa phrase reste en suspend, je sens bien que cette situation est aussi difficile pour lui, mais j'ai besoin d'établir un contact visuel. On doit poser des bases, éclaircir les choses alors on ne peut pas faire ça en se détournant l'un de l'autre. C'est pourquoi je ne dis rien, je ne lui réponds pas, mais je me tourne vers lui qui regarde toujours dans la même direction. Il a du sentir mon mouvement car après une longue respiration, il se tourne également vers moi. Comme à chaque fois, son regard semble me transpercer, mais je force à ne pas me détourner. Après quelques secondes il reprend :

«  Hier après les essais, c'était ... je ... enfin tu ne méritais pas ça. J'étais énervé à cause de ce qu'il s'était passé avec Pérez sur le circuit mais ça n'excuse rien, tu n'avais rien demandé et ... je ne pensais pas ce que je t'ai dit. Je sais que je t'ai blessée, j'ai instantanément regretter ces mots dès qu'ils sont sortis. »

Il marque une pause, je ne réponds rien, j'essaie de maitriser le flot d'émotions en moi. Étrangement je suis rassurée de voir qu'il semble être aussi peu serein et à l'aise que moi. Après quelques secondes,  il reprend :

« C'était le bordel dans ma tête et j'ai eu la pire réaction possible. J'étais hors de moi à cause des qualifs mais en même temps quand je t'ai vue je ne sais pas pourquoi mais je me suis soudainement senti comme apaisé. Mais quand j'ai entendu Pierre le reste de la situation s'est à nouveau imposé à moi, tu es sur le paddock car tu es avec Leclerc. »

Je vois son visage se fermer directement à l'évocation du nom de Charles, et instinctivement je me tends attendant la suite.

« Ça m'a rappelé que toute relation d'aucune sorte était impossible vu l'état des relations entre lui et moi ..

- S'il n'y a rien à faire je ne vois pas pourquoi on est là en train d'en parler alors, il n'y a pas d'intérêt à remuer le couteau dans la plaie ... pour rien. »

Cette fois je l'interromps, je suis assaillie par trop d'émotions, je ne sais pas comment les gérer. Je lâche ma phrase et comment ce à me tourner, je ne veux pas, je ne peux pas entendre ce qu'il dit, c'est trop dur. Alors que je vais pour avancer vers l'intérieur, je sens qu'il me retient par le bras.

« Attends, ce n'est pas ce que je voulais dire. »

Je prends une grande bouffée d'oxygène, je peux pas penser de manière sensée avec sa main posée sur moi. Il maintient le contact physique alors que je me suis arrêtée et que je plonge mes yeux, que je sais brillants car je suis au bord des larmes, dans son regard qui est beaucoup plus doux que ce à quoi je m'attendais. Je reviens sur mes pas, et sa main fini par quitter mon bras, ce qui malgré moi me frustre énormément mais me permets de reprendre le contrôle de mes esprits.