Une porte vers l'amour

14. We need to talk.

Lorsque Pierre arrive on se pose sur le lit, assis l'un en face de l'autre. Nous n'avons encore rien dit, je sens son regard sur moi, il attend que je prenne la parole, je pense qu'il tente de me laisser prendre le contrôle de la discussion. Après de très longues secondes, je me lance :

« Avant toute chose, je tiens à préciser que ce qui s'est passé n'est qu'un malentendu et que cela n'a aucune importance. Je ne vois même pas pourquoi on a besoin d'en parler.

- Cela fait beaucoup de justifications pour expliquer qu'il ne s'est rien passé, me répond Pierre en souriant, ça en dit long je trouve.

- Ne commence pas. Nous n'avons cette discussion que pour te prouver que tu t'es monté la tête tout seul.

- D'accord d'accord, je ne dis plus rien »

Et il fait mine de verrouiller sa bouche, cela me fait sourire malgré moi, alors je choisis de lui faire le récit, plus ou moins complet, de ce qui s'est passé hier soir.

« Bon alors hier lorsque vous avez débarqué avec Charles pour me trainer au bar j'ai laissé la clé dans ma chambre dans la précipitation. Le truc c'est qu'en remontant j'ai eu un doute sur le numéro de chambre et je me suis dit de toute façon c'est la seule qui sera ouverte, je n'ai qu'à tester. »

Je le vois commencer à rire doucement, et lui adresse un regard mauvais, il tente de rester sérieux et je reprends.

« Bref, j'ai testé la porte portant le numéro que je pensais être le bon, et elle s'est ouverte. Sauf que visiblement notre cher ami Max Verstappen pense que verrouiller la porte de sa chambre s'est surfait. »

Cette fois il explose littéralement de rire, et manque de tomber du lit.

« J'y crois pas, t'es incroyable ...

- Je croyais que tu ne disais plus rien ? Je laisse un blanc puis reprends, Donc je me retrouve face à lui, tel que tu le connais il m'engueule en me demandant ce que je fais là, on échange quelques répliques piquantes et puis je suis retournée dans ma chambre, cette fois c'était la bonne heureusement . Fin de l'histoire. »

Pierre ne dit rien, il me regarde l'air pensif, j'attends sa réponse un peu anxieuse, j'espère que j'ai donné assez d'informations pour qu'il me laisse tranquille. Mes espoirs partent vite en fumée quand il reprend :

« Okay ça c'est l'histoire. Maintenant qu'on a les grandes lignes, donne-moi les détails que je ne connais pas encore. »

Je reste silencieuse quelques instants, bien-sûr que j'ai délibérément omis certaines informations.

« J'ai tout mon temps.

- Et moi je n'ai rien à ajouter.

- S'il n'y avait rien à ajouter, tu te serais prise une remarque bien cinglante ce midi quand on l'a croisé et on en serait restés là. Qu'est-ce qu'il a bien pu se passer ... il était tout nu ou quoi ? »

Je sens le rouge me monter aux joues instantanément en revoyant la scène ... ce qui me trahit.

« Oh mon dieu, tu l'as vu à poil ? S'écrie Pierre.

- D'abord crie moins fort, sa chambre est en face. Deuxièmement , il n'était pas à poil ... il avait une serviette. Je termine en marmonnant.

- Nooooooon, dit-il tout en riant.

- Voilà, c'était gênant pour tout le monde, il m'a demandé ce que je faisais là, je lui ai dit que je m'étais perdue, ce qui m'a valu une remarque tout à fait sympathique. »