50. Sur les hauteurs de Monaco.

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J'avance prudemment sur le chemin forestier qui, alors que je ne l'ai emprunté qu'une seule fois, me semble familier. À chaque pas, mon rythme cardiaque s'accélère et les souvenirs m'assaillent, des souvenirs d'ici, des paddocks. En un mot : de Charles. La dernière fois que j'ai emprunté ce chemin la situation était bien différente. Ma relation avec Max n'en était qu'aux prémices, tandis que j'avais acquis la certitude que ce qui se passait avec les garçons était sincère, je me sentais enfin à ma place avec eux et plus une pièce rapportée qui les suivait partout comme un poids mort. Je ne lutte pas, ni contre mes souvenirs, ni contre les émotions complexes qui m'assaillent, à quoi bon de toute manière ? Et finalement les quelques minutes de trajet s'écoulent plus vite que je ne l'aurais imaginé.

Et quand j'arrive enfin au bout du chemin, mon cœur s'emballe au moment où je l'aperçois. Il est de dos, assis exactement à la même place que quelques mois plus tôt. J'hésite un instant à m'approcher encore, je prends une grande respiration pour me donner du courage puis je franchis les quelques pas qui nous séparent encore. Il doit m'avoir entendu et savoir que je suis là, mais il ne le montre pas et reste tout à fait immobile. Je m'installe donc à ses côtés sans dire un mot moi non plus. Je veille à laisser une petite distance entre nous car je ne sais toujours pas quel sera le ton de cette discussion.

Les secondes passent et nous restons là, le regard rivé vers la baie de Monaco, dans un silence absolu. Jusqu'à ce que je n'y tienne plus.

« Charles, je ... », je commence peu sûre de moi, la voix tremblante.

Par peur de ne pas réussir à finir, je marque une pause, puis je reprends mon souffle avant de me lancer.

« Tu me manques. »

C'est tout ce qui parvient à franchir mes lèvres, et finalement c'est l'essentiel. J'attends sa réaction, le regard désormais tourné vers lui mais il ne détourne pas ses yeux de l'horizon qui nous fait face. Cependant, je sais qu'il m'a entendu, j'ai vu ses épaules s'affaisser alors qu'il lâchait un long soupir. Et moi face à lui ? J'attends. Qu'est-ce que je peux bien faire d'autre de toute manière ? Rien, bien que la nervosité me donne envie de le secouer afin d'obtenir une réaction même si c'est pour me dire d'aller me faire voir. À ce moment précis, tout semble mieux que cette absence de réaction. Seulement les secondes deviennent des minutes qui semblent durer des heures, et je commence à me dire qu'il ne m'a pas fait venir ici avec la volonté d'arranger la situation entre nous.

Puis soudain, alors que, le regard à nouveau tourné vers la principauté, je commence à perdre espoir et que l'envie de partir en le laissant là se fait de plus en plus forte, j'entends sa voix résonner à mes côtés.

« Je suis tellement désolé Kate. Si tu savais ... »

Le ton de sa voix ne trompe pas, mon cœur se serre à l'entendre et j'ai l'impression qu'il se brise lorsque je me tourne vers son visage et que j'en ai la confirmation. Ses yeux sont vitreux, et une larme coule le long de sa joue. Ma colère, mes doutes, mes peurs ... tout s'évanouit et je ne retiens pas l'élan de mon corps qui se rapproche du sien pour le consoler. Une fois mon bras collé au sien, j'ai un instant d'hésitation mais c'est finalement lui qui finit mon geste en passant son bras autour de moi pour me prendre dans ses bras. Et tandis que je sens des larmes rouler sur mes joues à mon tour, je pose ma tête contre son épaule.

Et nous restons ainsi de longues minutes, laissant d'abord nos émotions parler pour nous. Je laisse le temps à ma respiration de revenir à la normale en me calant petit à petit sur celle du monégasque avant de me lancer à nouveau. En effet, nous avons besoin de nous expliquer sur plusieurs choses et même si les mots semblent difficiles aujourd'hui, cet élan émotif n'est pas suffisant pour régler la situation.

Une porte vers l'amour Où les histoires vivent. Découvrez maintenant