Ténèbres

35.

Mira

Dans quelle galère je me suis encore foutue ? C'est incroyable cette aptitude que j'ai à toujours me retrouver dans les pires situations possibles. Le regard brillant qu'Ezéchiel porte sur moi renforce mon trouble tandis que j'essaie de convaincre mon corps d'agir. Je n'arrive pas à savoir ce que je veux réellement faire, ni même de quoi j'ai réellement envie. Comme s'il avait perçu mon trouble Ezéchiel me demande :

— Tu as changé d'avis ?

Sa voix moqueuse finit de sceller ma détermination, je vais assumer mes mots prononcés trop vite puis après tout peut-être que ça me permettra de repérer une éventuelle faille. Je me redresse pour m'installer à califourchon sur son bassin avant de commencer à frotter doucement mon corps contre le sien. Malgré l'épaisseur du tissu je sens la chaleur de sa peau et les légers frissonnements que je fais naître chez lui tandis que la brillance dans son regard s'accentue. Je lui souris avant d'enfin répondre :

— Non ta proposition m'intéresse, elle me laisse même curieuse...

— On est deux à être curieux alors.

Je lui lance un regard surpris, sa voix froide ne cadre pas vraiment à la situation, je m'immobilise tandis qu'il reprend la parole :

— Juste une question avant qu'on reprenne puisque tu as l'air de te sentir mieux. Qu'est-ce que tu as foutu sous la douche ?

Sa question me fatigue, j'ai aucune envie de revenir sur cette connerie mais son regard insistant me prouve qu'il ne m'en fera pas grâce. Je pousse un soupir pour lui signifier ma désapprobation avant de cependant lui expliquer :

— J'ai un peu craqué ce soir avec tout ce qu'il s'est passé et je me suis retrouvé à chialer dans la douche...

Bordel que j'ai honte de devoir lui avouer ça, malgré moi je me mords ma lèvre et baisse la tête avant de poursuivre en murmurant :

— Dans ce genre de cas l'eau froide me fait du bien, j'aime bien m'assoir puis essayer de trier tout le bordel dans ma tête. J'ai juste dû rester trop longtemps, puis peut-être que la fatigue et mon état ont joués aussi mais ça va mieux maintenant.

Il hoche la tête comme pour me dire qu'il croit mon explication tandis que je me demande comment reprendre là où l'on était vu comment sa question a refroidi l'ambiance. Je n'ai cependant pas le temps de m'interroger plus que ça puisqu'il glisse ses mains dans mon dos avant d'appuyer contre ce dernier pour que je m'allonge sur lui. Son souffle chaud caresse mon visage et ses yeux terriblement sérieux se rivent dans les miens tandis qu'il me demande :

— Dis-moi Mira, tu me fais confiance ?

Non. C'est clairement la réponse la plus censée et celle qui me vient. Mais il y a un mais. Ezéchiel ne m'a jamais menti, il veille sur moi et s'occupe même de moi. Il ne fait aucun doute que ma situation pourrait être bien pire et que tout ça c'est grâce mais aussi à cause de lui. Comme s'il percevait la bataille en moi Ezéchiel attends tranquillement ma réponse. J'ai toujours vu la confiance comme un truc donnant-donnant, peut-être que si je lui prouve que je lui fais confiance il m'accordera une plus grande confiance. Puis bon s'il veut vraiment me faire du mal il pourra le faire dans tous les cas. J'étouffe un soupir avant de lui répondre :

— Je te fais confiance.

Il m'adresse un sourire joueur avant de me pousser pour me faire rouler sur le côté. Il allume la lumière placée au-dessus de lit avant de se lever en me disant qu'il revient alors que mes yeux clignent toujours pour s'habituer au changement de luminosité. Je l'attends un peu perdue tout en essayant de comprendre ce qu'il est parti faire. Quand il revient quelques minutes plus tard avec un sac de sport entrouvert je n'ai pas beaucoup plus de réponses à ma question.