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Mira

John est arrivé en début d'après-midi et a même pris la peine de me ramener un cadeau d'encouragement via un adorable lapin en peluche. Après avoir pris le temps de me faire répéter une dernière fois Ezéchiel a décidé qu'il était l'heure de partir. C'est avec une boule d'angoisse que je me suis installée dans la voiture pour un trajet qui risque d'être particulièrement long.

Je n'ai aucune envie d'y aller mais il m'est impossible de reculer. Comme s'il avait perçu mon trouble John qui s'est installé avec moi à l'arrière saisit doucement ma main.

— Ça va aller, tu es largement prête.

— Je ne sais pas, j'ai peur des questions qu'ils pourraient poser, de la présence de Stan... Imagine je perds pied, je fais quoi ?

— Tu vas réussir, lâche Ezéchiel d'une voix assurée, je comprends que tu stresses mais arrête, tout va bien se passer. Je t'y es suffisamment préparé Mira.

J'aimerais tellement avoir la même assurance qu'Ezéchiel mais en vain et seul le regard réconfortant que John porte sur moi me console un peu. Plus la voiture avale les kilomètres de route, plus mon angoisse grandit et malgré moi je me retrouve à tirer nerveusement sur mes cheveux. Bordel pourquoi la route est aussi longue, pourquoi est-ce que je suis autant terrifiée ? J'étouffe un soupir de frustration tout en observant le paysage plutôt morne défiler par la fenêtre.

Personne ne parle et le silence me pèse particulièrement mais je ne sais pas quoi dire pour essayer d'arranger les choses. Ce n'est que lors d'une pause sur une aire de repos que je trouve le courage de demander à John :

— Tu travailles sur quoi en ce moment ?

Il me lance un regard surpris tandis que je me sens obligée de me justifier :

— Je m'ennuie chez Ezéchiel, il y a bien quelque chose que je peux faire pour me rendre utile non ?

— Ce n'est pas avec moi que tu dois voir ça Mira, me répond-t-il avec un regard désolé, mais je lui en toucherai un mot si tu veux.

— Ça serait gentil, je te jure que je vais devenir folle à force de tourner en rond dans cette foutue maison. Même faire des trucs chiants ne me gênerait pas pourvu que je puisse faire quelque chose.

— Je te promets qu'on en reparlera Mira, lâche Ezéchiel qui est arrivé silencieusement derrière moi, en attendant on ferait mieux de se remettre en route, on va être en retard sinon.

Ce n'est qu'après plusieurs heures de route et un bref arrêt pour dîner que la ville apparait enfin, rapidement on rejoint l'immeuble où s'était déroulé la vente et instantanément le stress me broie le ventre au point que je suis obligée de m'accrocher à la paroi de l'ascenseur qui nous mène à l'appartement de Sophia.

Cette dernière nous accueille d'ailleurs dès que les portes s'ouvrent. Je la suis d'un pas hésitant, elle est en pleine conversation avec Ezéchiel tandis que John ferme la marche. Je reconnais sans peine les lieux et mes poils se hérissent face aux mauvais souvenirs qui y sont rattachés. Enfin Sophia fini par s'arrêter devant l'une des portes et se tourne vers moi pour m'expliquer d'une voix douce :

— Tout le monde est déjà présent, il reste un siège libre à table, il est pour toi Mira. Parle uniquement si le tribunal te le demande et tout ira bien d'accord ?

J'acquiesce moyennement convaincue avant que Sophia ouvre la porte. La pièce est plongée dans une ambiance tamisée, une large table occupe le centre de la pièce. Stan est d'un côté, un homme se trouve à sa gauche et la seule place restante à sa droite est vacante. Comprenant qu'elle est pour moi je m'y dirige d'un pas mal assuré. C'est à ce moment que je remarque le petit groupe de personne derrière l'homme inconnu. Ce dernier semble âgé et l'éclat de ses cheveux roux contraste particulièrement avec cette impression. Sophia vient se placer derrière lui tandis que John et Ezéchiel se placent derrière Stan. Je m'assois maladroitement pendant que Sophia prend la parole pour expliquer :

TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant