18.

16 0 0
                                    

Ezéchiel

Je m'installe sur mon siège fétiche tandis que Mira et John partagent le canapé. C'était quoi ce bordel, je les laisse dix minutes et ils deviennent aussi proche ? Je sors mon téléphone et reparcourt mes derniers messages reçus sur Télégram tout en hésitant face à l'idée qui est en train de germer dans mon esprit. Une chance sur deux, soit ça passe, soit ça casse. Tout au fond de moi je sais que je ne devrais pas et que c'est une erreur stupide mais je suis tellement de mauvaise humeur que je finis par lâcher :

— Je sais qu'on devait parler de ton travail plus en détail Mira, mais on va sortir à la place.

Elle lève les yeux vers moi pour m'adresser un regard surprit tandis que John émet un claquement de langue désapprobateur et me demande :

— T'es sûr de vouloir faire ça ?

— Oui, on y va.

Visiblement je ne suis pas le seul à penser que c'est une idée de merde, mais bon, ça va être difficile de revenir sur ma décision vu l'espoir qui est né dans le regard de Mira. Si seulement elle savait...

— Est-ce que je peux aller me changer ?

Sa voix hésitante me ramène à la réalité et j'acquiesce d'un petit hochement de tête tandis que John s'est esquivé pour récupérer son matériel. Quand tout le monde est prêt j'ouvre la lourde porte et m'engage dans les escaliers.

-

La route défile rapidement et peu à peu le paysage devient plus urbain, Mira qui a revêtue une légère robe bleue a fini par s'endormir la tête contre la vitre tandis que John passe le temps sur son portable. Je sens à son air qu'il a envie de m'engueuler, j'imagine que c'est le sommeil de Mira qui l'en empêche. Mon regard glisse régulièrement sur le rétroviseur intérieur pour les observer pensif. Il faut bien que je me rende à l'évidence je crois que je suis jaloux de ces quelques minutes qu'ils ont partagées.

Lorsqu'on s'engage dans la zone portuaire et qu'on rejoint l'un des hangars la nuit est quasiment tombée et le vent s'est levé. Mira se réveille l'air un peu perdue tandis que j'arrête la voiture. John récupère son matériel dans le coffre et me lance un dernier regard désapprobateur tout en secouant la tête avant de soupirer :

— Je vous laisse, je vais bosser. Amusez-vous bien.

Hormis deux autres voitures l'entrepôt est vide et semble silencieux, un escalier précaire permet cependant d'accéder à un étage. Je regarde John s'éloigner tandis que Mira fait quelques pas pour se dégourdir les jambes avant de poser sur moi un regard songeur et de demander timidement :

— On fait quoi maintenant ?

Je passe une main sur mon visage tout en essayant de choisir les bons mots.

— Je vais te montrer ce qu'il se passe quand on ne peut pas se faire confiance.

Elle m'adresse un regard encore un peu plus perdu mais me suis tout de même tandis que je m'engage dans les escaliers. Elle finit cependant par s'arrête au milieu pour me demander la voix tremblante :

— Attends s'te plaît, il va se passer quoi là ?

— Je vais t'expliquer, viens.

Elle ne semble pas convaincue mais me suit tout de même jusqu'à une petite pièce aménagée en bureau et dont l'un des murs est occupé par une large vitre. Je tire l'une des chaises présentes pour la placer face à la vitre tout en faisant signe à Mira de s'y installer. Elle obtempère malgré son air fébrile et je songe un instant à abandonner cette idée stupide, après tout peut-être qu'elle ne mérite pas ça. Mais je ne peux pas prendre le risque, elle l'a dit elle-même que si l'occasion se présente elle fuira sans doute. Je pousse un soupir tout en fouillant dans l'un des tiroirs du bureau. Après tout elle a sans doute vécu pire, elle devrait s'en remettre, résigné je finis par me retourner vers elle pour lui expliquer :

TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant