Ezéchiel
Je rentre dans la pièce en retenant un haut de cœur de dégoût. Mira, installée comme elle l'a dû l'être durant ces deux derniers mois s'agite en entendant mes pas dans son dos. Avec délicatesse je commence par détacher ses chevilles. C'est à cet instant qu'elle parvient à se retourner vers moi et me fixe avec surprise. Elle ouvre la bouche avant de la refermer sans avoir prononcé un mot, elle ne bouge pas non plus et se contente de pleurer silencieusement. Je m'empresse de libérer ses poignets tandis qu'elle se redresse maladroitement. Elle me fixe les yeux grands ouverts comme si je n'étais qu'une hallucination. Doucement je murmure :
— C'est bon, c'est fini Mira. Tu vas partir d'ici.
Incrédule elle hoche la tête avant de venir s'écrouler dans mes bras et d'éclater en sanglot. Lorsqu'elle prend la parole sa voix est rauque et hésitante :
— C'est vrai ? Jure-le ?
Je m'empresse de le lui jurer tandis qu'elle hoche la tête. J'attends que ses jambes arrêtent de trembler pour me détacher d'elle doucement. Je fouille dans le sac à mes pieds et en sort un t-shirt et un jean que je lui tends.
— Tiens, habille-toi, on part d'ici.
Mira ne se fait pas prier pour se couvrir et me suivre d'un pas mal assuré. Pour la première fois depuis des jours et des jours elle redécouvre le monde extérieur même si ce n'est qu'un parking perdu en périphérie d'une voie rapide. Ce n'est qu'après qu'on soit monté dans ma nouvelle voiture et que j'ai commencé à rouler que Mira me demande avec hésitation :
— On va où ?
— Chez moi, tu te souviens de l'endroit ?
Il lui faut un certain moment mais elle finit par hocher la tête. Elle ouvre la bouche pour ajouter quelque chose avant de la referme avec une moue boudeuse. Je saisis doucement sa main la plus proche de moi et la serre tout en lui expliquant :
— C'est rien, ça va revenir, je sais que tu n'avais pas le droit de parler. Soit patiente avec toi-même.
Mira me lance un regard reconnaissant avant de réussir à articuler avec difficulté :
— Merci d'être venu.
C'est à mon tour de perdre mes mots et de simplement hocher la tête. La vérité c'est qu'il n'y a pas une seule seconde où je n'ai pas pensé à elle, à ce qu'elle endurait, où je n'ai pas eu envie de la sauver de cet endroit. Elle m'a tellement manqué, je l'aime tellement. Sa présence à côté de moi me rassure, me permet instantanément de mieux respirer même si mon cœur s'affole. Maintenant je vais devoir faire face à ma plus grande peur, découvrir à quel point je l'ai brisé.
C'est après avoir conduit en silence pendant quelques heures que je lui explique :
— On va s'arrêter pour la nuit, on reprendra la route demain d'accord ? On en a pour quelques jours.
Mira acquiesce et se contente de me suivre en glissant sa main dans la mienne lorsqu'on se dirige vers l'hôtel. Après avoir pris possession de notre chambre je lui conseille de prendre une douche pour essayer qu'elle se sente un peu mieux.
— Je... Tu peux venir avec moi ?
— Tu es certaine ?
Mal à l'aise elle se dandine d'un pied sur l'autre tout en acquiesçant. Je la guide alors dans la salle de bain et me déshabille pendant qu'elle fait de même. On rentre ensemble dans la cabine de douche et j'entreprends de la laver doucement, avec précaution, elle se laisse faire les yeux fermés comme si elle profitait du contact de mes doigts contre sa peau. Quand j'ai fini de la laver je l'enroule dans l'une des grandes serviettes mises à disposition par l'hôtel. C'est à ce moment-là qu'elle me chuchote :

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Ténèbres
ActionDeux protagonistes qui n'auraient jamais dû se rencontrer. Mira. La vie l'a fracassé, elle a fait de mauvais choix, de très mauvais choix. Et pourtant elle s'en est miraculeusement sortie. Tout aurait pu continuer dans le meilleur des mondes mais le...