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Ezéchiel

Le mois commence bien, la première semaine s'achève à peine que l'équipe du trimestre a déjà été formée, je crois que c'est la première fois qu'on y parvient aussi rapidement. C'est en songeant à cette excellente performante que j'ouvre la porte de la maison. Cette demeure perdue en pleine campagne toscane est mon lieu préféré pour travailler, on y au calme et le paysage qui nous entoure est magnifique. Cependant ouvrir cette porte et rentrer c'est aussi abandonner une part de moi sur le seuil. La porte d'entrée s'ouvre silencieusement et donne sur un petit vestibule qui débouche sur un large salon se terminant sur une baie vitrée masquée par de lourds rideaux. Les lampes nues du plafond donnent à la scène un aspect sinistre qui est accentué par le peu de mobilier présent, en effet les seuls meubles présents sont deux canapés massifs occupés par quatre hommes. Je fais un signe de tête à chacun de mes gars avant que mon regard ne se pose sur la raison précise de ma venue. Les dix filles assises sur un tapis, des bouteilles d'eau sont près d'elles ainsi que des emballages de barres chocolatés. Certaines discutent entre elles en chuchotant, d'autres ont l'air impassible et attendent la suite tandis que les autres se réconfortent entre elles afin de gérer leurs larmes. Je frappe dans mes mains pour obtenir l'attention de tout le monde avant de commencer :

— Bien, maintenant que nous sommes au complet nous allons pouvoir commencer. Pour que tout se passe au mieux, contentez vous d'écouter et faire ce qu'on vous dit. Je vous préviens dès maintenant, je n'ai pas le temps pour répondre à vos questions et vous n'avez aucune envie de me voir en colère. Est-ce que tout le monde a compris ?

Quelques-unes hochent la tête, les autres ont au moins eu le mérite de se redresser et de se taire pour m'écouter. Et surtout pour une fois personne ne rétorque, c'est vraiment une bonne année.

— Je vais prendre ça pour un oui et on va donc poursuivre cette charmante discussion en anglais. Vous allez toutes vous lever, vous déshabiller et vous placer sur le rebord du tapis sur lequel vous êtes.

Les premières demandes sont les plus dures. C'est l'instant où tout se joue et où je dois être assez humain pour qu'elles m'écoutent mais aussi assez inhumain pour qu'elles obéissent. Une fois la surprise passée dans leurs regards, quelques-unes esquissent des protestations avant de se raviser en voyant qu'une de leurs a déjà capitulé. J'échange un regard légèrement surpris avec mes gars, il faut d'habitude négocier pendant quelques minutes... La fille qui s'est levée s'est placé dans l'angle du tapis et alors qu'elle commence à se déshabiller, deux autres filles viennent se placer à ses côtés. Je ne sais pas vraiment si c'est par obéissance ou par solidarité mais la pression du groupe est telle qu'elles finissent toutes par se placer en ligne. J'attends que les derniers vêtements tombent au sol avant de rependre.

— Parfait. Maintenant à tour de rôle vous allez me donner vos prénoms et si vous savez pourquoi vous êtes là vous reculez d'un pas.

J'adresse alors un signe de tête à la fille qui s'est levée en dernier. Elle étouffe un sanglot et renifle avant de murmurer.

— Sabrina.

Elle baisse la tête et recule d'un pas, je n'ai pas le temps de dire quoique ce soit que la suivante est déjà en train de donner son nom.

— Annie.

— Kathleen.

Nouveau pas en arrière.

— Lucia.

— Mélanie.

— Rebecca.

— Sandra.

— Jane.

— Blue.

Nouveau pas en arrière.

TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant