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Mira

Suite à ma déclaration Ezéchiel reste silencieux ce qui fait redoubler mes larmes. Qu'est-ce que j'ai été stupide bordel. Comment j'ai cru une seule seconde que ce mec allait pouvoir m'aider. Je lutte pour ne pas m'étouffer dans mes sanglots avant de me calmer quand la main d'Ezéchiel se pose sur mon genoux. Mon Dieu faite qu'il me sauve.

— Tu crois seulement ?

Sa voix est douce et semble chargée d'une infinie tristesse. Malgré moi je sens mon cœur voler en éclats et mes pleurs redoublent tandis que je bégaye :

— Je... Oui... C'est déjà beaucoup pour moi. Il me faut du temps pour considérer tout ça.

— Il n'y a plus rien à considérer pourtant.

— Mais si, s'il te plaît...

Ezéchiel semble réfléchir avant de lâcher, la voix porteuse d'une douleur infinie :

— Quand j'en aurais fini avec toi au mieux tu seras morte, au pire tu me haïras tellement que tu ne m'adresseras plus jamais la parole.

— Sauf si je te pardonne.

— Tu n'y arriveras pas Mira. Je vais te détruire.

Je saisis la main qu'il a laissé sur mon genoux et la serre fort avant de murmurer :

— Pardonne-moi et je te pardonnerais aussi.

Son regard quitte la route deux secondes, le temps de se fixer dans le mien, avec surprise je découvre une détresse qui fait écho à la mienne. Le temps semble suspendre son court avant de brusquement reprendre quand Ezéchiel lâche :

— Tu n'as aucune idée de ce dans quoi tu t'engages Mira, tu vas me haïr si tu survis.

— Tu te trompes, on surmontera ça ensemble.

Ezéchiel hoche pensivement la tête tandis que je prends conscience de la force que j'ai insufflé dans mes mots et à quel point je pense ses derniers. Je n'arrive pas à savoir si ce n'est qu'une question de survie mais les battements affolés de mon cœur tendent à démontrer le contraire. Je l'aime bordel.

Le reste du trajet se fait dans le silence le plus complet, seul mes pleurs le troublent par moment. À l'approche de la zone portuaire je frotte mes yeux rougis pour tenter de faire disparaître mes larmes et me donner bonne figure. Quand on arrive dans le hangar la voiture de John est déjà là. Ezéchiel me fait monter à l'étage dans une pièce aménagé en petit salon, John s'y trouve et est en train de boire une bière. À notre arrivée il se lève et demander :

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— Mira a fait de la merde.

On prend la peine de s'assoir tous les trois tandis qu'Ezéchiel raconte ce qu'il s'est passé. Je ne peux m'empêcher de rougir et de river mes yeux au sol. Bordel j'ai été assez conne pour faire ça... Quand Ezéchiel a terminé son récit John me fixe longuement et demande :

— Tu vas en faire quoi à présent ?

— J'hésite justement et je voulais ton avis.

— Tu sais que le vrai problème c'est tes sentiments.

Je redresse timidement les yeux pour constater qu'Ezéchiel est en train de hocher la tête.

— Raison de plus pour que tu me donnes ton avis, tu seras plus lucide que moi.

— Tu hésites entre quoi et quoi ?

— La tuer ou la mettre au club quelques mois.

— Autant prendre le seconde, il y a peu de chance qu'elle survive longtemps de toute façon.

TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant