Mira
Quand je rejoints finalement ma cabine je trouve cette dernière vide, sans réel entrain je me prépare pour dormir et j'espère profondément que Cynthia a passé une meilleure soirée que moi. Lorsque je me lève le lendemain matin la cabine est déjà vide et la journée de travail qui m'attends ne me laisse pas le temps de m'interroger sur l'absence de mes colocatrices. Par chance ça ne me laisse pas non plus le temps de repenser à la soirée d'hier. Cependant quand j'ai fini de nettoyer les différentes zones auxquelles je suis affectée il faut bien que je me rende à l'évidence, je meurs d'inquiétude pour cette gamine. J'ai la carte de la policière qui a prit ma déposition mais je n'ose pas l'appeler, c'est un peu étrange de s'inquiéter pour une inconnue non ? Et même si j'ai rien à me reprocher j'ai peur que ma curiosité puisse lui faire penser l'inverse.
Les pensées tournent en boucle dans ma tête et l'ennui ne m'aide pas. Le pire c'est de ne pas avoir internet pour passer le temps, la seule connexion disponible est celle de la compagnie et elle ne se gêne pas au niveau de la facture. Du coup je suis obligée de me limiter sinon toute ma paie va y passer. C'est sur ces pensées moroses que je me motive pour aller me balader sur les différents ponts du bateau. Pour une journée de janvier il fait plutôt beau et la mer est calme, les gens ont l'air de profiter, c'est plutôt relaxant. Mais pas assez pour réellement me déstresser si bien que je finis par me retrouver au bar du staff avec un premier shoot de vodka. Il est à peine dix-huit heures mais j'en ai vraiment besoin. Quand mes amis finissent par me rejoindre plusieurs shooters s'alignent devant moi et je peine à prononcer une phrase cohérente.
-
Je ne sais pas trop comment j'ai regagné mon lit mais c'est une violente nausée qui me réveille. N'ayant pas le temps d'élucider le mystère de ma téléportation je me précipite aux toilettes pour rendre le contenu de mon estomac. Bordel ! Je fais n'importe quoi et c'est que la première semaine. Je reste à genoux par terre durant de longues minutes en attendant que mon ventre se calme. Dehors la mer semble beaucoup plus agitée ce qui se répercute sur le navire et n'arrange rien à mes nausées. Quand je comprends que le pire est passé je me sens tellement sale que je me dirige directement vers les douches. Ce n'est qu'un petit quart d'heure plus tard que j'en sors, je ne me sens pas beaucoup mieux mais au moins j'ai retrouvé une apparence descente. Alors que je regagne discrètement ma couchette la voix de Cynthia m'interpelle :
— Ça va Mira ?
— Oui t'inquiète pas j'ai juste un peu abusé, répondis-je en chuchotant également pour ne pas réveiller les autres.
Je l'entends retenir un rire avant qu'elle ne lâche :
— Je sais c'est moi qui t'ai aidé à te mettre au lit. T'avais l'air de bader salement du coup je me suis dis que c'était mieux de te laisser te reposer.
— Comment ça bader salement ?
— T'arrêtais pas de parler d'une meuf dans le coma, mais ça avait aucun sens. Personne a réussi à comprendre...
Ok, je note que le tact et Cynthia ça fait deux, merci de m'avoir rappelé cette histoire j'avais oublié d'y penser pendant vingt minutes. Je retiens de justesse un soupir, après tout elle n'y est pour rien et m'a même aidé. N'ayant pas envie de revenir sur les événements de la veille je préfère aller dans son sens.
— Ah ouais... Je pensais pas avoir autant bu putain. Je suis désolée que vous ayez eu à me supporter dans cet état...
— T'inquiète, c'est à ça que servent les amis. D'ailleurs on a prévu de profiter de l'escale de demain pour faire un pique-nique sur la plage, tu viendras ?
— Si je suis pas morte ouais, dis-je en chuchotant toujours.
— J'avoue qu'entre l'alcool et la fatigue fait gaffe à toi.
J'ai essayé de me retenir mais mon rire a fini par rejoindre le sien si bien qu'une de nos colocatrices a réclamé le silence pour dormir. Je m'en veux un peu de l'avoir réveillé mais il me faut tout de même quelques minutes pour me calmer avant de murmurer des excuses et un bonne nuit. Je bataille un peu avec la couette avant de finir par réussir à retrouver le sommeil.
-
Quand je finis mon service il est particulièrement tard, ayant dû remplacer une collègue au pied levé je me suis retrouvé avec quelques heures de corvées en plus. Je suis tellement épuisée que je me raisonne et fait le choix d'envoyer un SMS à Cynthia pour la prévenir que je ne viendrais pas ce soir. La réponse ne tarde pas, et en quelques messages elle finit par me convaincre de changer d'avis. En même temps les voir déjà installés à profiter du cadre et du repas ne pouvait que me donner envie.
La nuit est déjà tombée et le bord de mer est quasiment désert, il fait frais mais par chance le vent qui avait soufflé toute la journée a fini par tomber ce qui rend l'atmosphère agréable. Je les retrouve sans problème grâce aux plans que Cynthia m'a envoyé par mms. Tandis que je m'installe sous leurs acclamations je remarque qu'on est plus nombreux que ce à quoi je m'attendais, deux personnes supplémentaires sont là. Je regarde les deux hommes avec une certaine curiosité en m'attendant à des présentations mais je n'ai pas le temps de dire quoique ce soit que Lise me met d'office un verre dans la main et nous propose à tous de trinquer ensemble.
Alors que tout le monde vide son verre et que les conversations reprennent je me rends soudainement compte de l'ambiance étrange qui règne. Je ne saurais pas dire exactement ce qui me gêne, peut-être que c'est trop calme ou que c'est juste l'obscurité, à moins que j'exagère tout simplement, mais j'ai tout de même l'impression qu'à tout moment on va se mettre à se raconter des histoires flippantes et qu'un monstre va nous sauter dessus. Pourtant non il ne se passe rien de tel, j'ai juste les yeux qui se ferment tout seul à cause de la fatigue. Peut-être que faire une petite sieste serait une bonne idée. J'ai à peine le temps d'y penser que mon corps me lâche et tombe lourdement dans le sable, mon esprit chute à son tour et ma conscience disparaît.
VOUS LISEZ
Ténèbres
AksiDeux protagonistes qui n'auraient jamais dû se rencontrer. Mira. La vie l'a fracassé, elle a fait de mauvais choix, de très mauvais choix. Et pourtant elle s'en est miraculeusement sortie. Tout aurait pu continuer dans le meilleur des mondes mais le...