Ténèbres

36.

Ezéchiel

Je lâche la main de Mira qui retrouve sagement sa place initiale tandis que je m'accorde quelques secondes pour la contempler et soudainement je comprends mieux pourquoi John a décidé de la prendre quand l'on était dans ce club minable. Elle n'est pas incroyablement magnifique, elle ne me ferait pas me retourner dans la rue, ni quoique ce soit de ce genre mais je ne peux nier qu'elle provoque en moi un mélange trouble en moi. Une sulfureuse attirance qui me consume jour après jour et alors que je suis enfin sur le point d'y céder une part de moi doute. Et si c'était une énorme connerie ? Si ça ne changeait rien au trouble qu'elle provoque chez moi ? Et si ça empirait les choses ? Si je devenais accro ? Putain.

Son corps qui remue légèrement à côté de moi me ramène à la réalité, après tout maintenant que j'ai commencé autant finir en beauté. Comme pour faire taire mes doutes je m'empresse de retirer mes fringues tout en poussant un petit soupir d'aise. Je reviens ensuite auprès de Mira qui frisonne en sentant ma présence, sa réaction me fait esquisser un sourire tandis que je l'enjambe pour me placer au-dessus d'elle. Sa peau contre la mienne est à la fois douce est brûlante, ses hanches se tendent comme si elle en voulait plus, n'ayant plus la force de la faire languir je m'empresse alors de la satisfaire. Je me glisse entre ses cuisses humide et brûlante pour me ficher au plus profond de ses entrailles.

Je reste immobile de longues secondes à apprécier l'étreinte qu'elle m'offre avant de finalement bouger mes hanches. Bordel que c'est bon, hypnotique, transperçant. Mira reste silencieuse mais son corps accompagne le mien comme un témoignage silencieux du plaisir qu'elle prend. Elle mordille ses lèvres tandis que j'accélère la cadence. J'essaie vainement de résister, de faire durer mais le plaisir qu'elle m'offre finit par atteindre son paroxysme et me laisse chancelant contre sa douce poitrine. Il nous faut à tous les deux quelques secondes pour reprendre nos esprits et lorsque je me résigne à quitter la chaleur de Mira je constate que son corps s'est couvert d'une fine pellicule de sueur.

Encore grisé je souris sans raison tandis que j'entreprends de défaire ses liens tout en massant ses membres au passage. Je lui retire ensuite le bandeau qui couvrait ses yeux, elle les ouvre timidement et les cligne à plusieurs reprises avant que ses joues ne rosissent en croisant mon regard. Elle agite un peu ses jambes et balbutie quelques bribes incompréhensibles avant de laisser tomber et de m'indiquer la salle de bain du doigt. J'hoche la tête tandis et l'observe disparaître dans la pièce avant de résigner à me lever à mon tour pour ranger les différents accessoires.

Quand je rejoins la chambre Mira a déjà récupéré son pyjama qui trainait au sol et s'est mise au lit, le dos tourné vers moi. Sa réaction me laisse perplexe et j'ai peur qu'elle regrette ce qui vient se passer. N'ayant aucune envie que ces soupçons gâchent la soirée déjà assez perturbée je m'allonge à côté d'elle et lui demande :

— Quelque chose ne va pas ?

Elle remue la tête par la négative sans que son attitude ne change pour autant. J'attrape alors la tablette pour la lui tendre tout en lui disant :

— Parle-moi. À quoi tu penses ? Qu'est-ce que tu ressens ?

Mira hésite à se saisir de la tablette avant de finalement la poser à côté de son oreiller et de taper d'une main sur le clavier. Sa frappe est lente et je me retrouve à ronger mon frein en imaginant tout et n'importe quoi. D'ailleurs je n'ai même pas eu de réponse au problème initial, est-ce que c'était au moins aussi bien qu'avec John ? Après des minutes qui m'ont semblés être une éternité Mira me rends enfin l'appareil pour que je puisse lire :

— Je suis juste perdue. Je devrai te détester, genre je suis pas censée baiser avec toi volontairement. C'est n'importe quoi. Et je comprends même pas ce que je ressens, que ça soit avec toi ou avec John. Genre pourquoi j'ai jamais rien ressenti avant ? Pourquoi maintenant ? Et pourquoi dans une situation aussi bordélique ? J'ai juste l'impression de me trahir moi-même et je me déteste pour ça.