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Mira

L'excitation de l'arrivée me fait scruter les moindres détails du paysage à travers la vitre. Quand Ezéchiel finit enfin par s'arrêter on est dans un quartier résidentiel en périphérie de la ville, les différentes maisons semblent calquées les unes sur les autres. Alors qu'il s'apprêtait à sortir Ezéchiel me lance un regard surpris comme s'il avait perçu mon trouble. J'examine encore un peu le quartier autour de moi avant de prendre une grande inspiration pour retenir les sanglots qui menacent de me submerger.

— Désolée, c'est juste que j'ai vécu dans un endroit de ce genre et ça me fait étrange. Je me retrouve à penser à mes parents, à leur inquiétude et c'est compliqué...

— Il faut que tu arrives à faire le deuil de cette vie-là Mira.

— Comment je pourrais alors que mes proches me pensent disparue ? Alors que je suis en vie ?

Ezéchiel m'adresse un regard entendu avant de descendre de la voiture. Je n'ai pas le temps de réagir qu'il s'est déjà installé à côté de moi.

— Je vais te montrer un truc d'accord ?

J'acquiesce tandis qu'il sort son portable de sa poche. Il ouvre une page internet et tape mon nom et prénom dans la barre de recherche du navigateur. Je n'ai même pas le temps de m'étonner sur le fait qu'il connaisse mon nom que déjà il me tend son téléphone pour que je lise un article d'un journal local français. Ce dernier explique rapidement ma disparition avant de conclure en évoquant un tragique accident ou un suicide. Les larmes perlent à nouveau de mes yeux tandis que je rends son mobile à Ezéchiel. Il n'en a cependant pas fini avec moi et du coin de l'œil je l'aperçois ouvrir Facebook et y taper le nom de ma mère, il me tend à nouveau le portable tandis que je fais défiler les actualités les plus anciennes où ma mère partage son chagrin d'avoir perdu sa fille. Une violente nausée me tord l'estomac et je sors de la voiture sans un mot. Bordel. Ezéchiel me rejoint sans troubler le silence tandis que je balbutie :

— Mais je dois leur dire non ? Je ne peux pas les laisser croire ça...

— Tu ne peux rien faire Mira et il vaut mieux ça que de s'accrocher à l'espoir que tu sois en vie quelque part, je te jure que c'est le moins pire pour tes proches.

Je sais au fond de moi qu'il a raison, que je n'inflige pas une peine supplémentaire à mon entourage, malgré tout je me retrouve à fondre en sanglot. Devant mes pleurs Ezéchiel s'empresse de sortir à son tour et m'enlace doucement. Un peu surprise je me laisse faire jusqu'à ce que les larmes finissent par se tarir. Ce n'est qu'une fois que je respire un peu mieux qu'Ezéchiel me lâche et se dirige vers l'une des maisons en me faisant signe de le suivre.

Je lui emboîte alors le pas, la bâtisse semble petite de taille et un peu vieillotte pourtant dès qu'il ouvre la porte je suis surprise par un intérieur résolument moderne. Je fais quelque pas dedans, l'entrée débouche sur un salon occupé par un large canapé accompagné d'un écran plat. Sur la gauche se trouve une cuisine américaine tandis que le côté droit est occupé par un imposant escalier qui doit mener aux chambre. Ezéchiel confirme justement mes pensées en m'expliquant :

— Il y a deux chambres avec salle de bain en haut, je te laisse prendre celle du fond. Pour tes affaires je ferais en sorte qu'elles arrivent rapidement de l'ancienne maison.

J'hoche pensivement la tête avant de demander :

— Et maintenant ?

— Je vais aller faire quelques courses histoire qu'on puisse prendre un petit-déjeuner, tu peux m'attendre ici si tu veux ou bien m'accompagner.

Je le regarde surprise, j'ai beau savoir qu'il avait parlé d'obtenir plus de liberté je ne m'attendais pas à ce que ce soit si soudain, si immédiat. Et brusquement une idée me vient en tête, si on sort et que j'arrive à attire suffisamment l'attention peut-être que quelqu'un pourra m'aider. Je sais bien que ça ne sera pas le cas selon Ezéchiel mais ça se tente non ? Perdue dans mes pensées je n'ai pas remarqué Ezéchiel qui me fixe d'un air soucieux.

TénèbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant