Chapitre 48 : A la chaleur de nos esprits –1er décembre 2019 — Mathias
Mathias s'amusait étrangement à répondre aux questions stupides de Benjamin, cela faisait longtemps qu'une autre personne ne s'était vraiment intéressée à lui et pas à son nom, son carnet d'adresse, à sa fortune ou le fait d'être asiatique. Il avait donc donné des réponses sincères.
Benjamin avait fini par lui demander « Quand as-tu embrassé une fille pour la dernière fois ? » et l'avocat fut décontenancé devant son écran.
Depuis des mois, il ne cessait de rêver de lèvres charnues, de corps musclés pouvant l'enlacer et... le protéger. Il avait de moins en moins de haut-le-cœur face à ses pensées révoltantes et qui prouveraient une fois de plus qu'il était cassé. Quelque chose n'avait pas fonctionné avec lui dès la naissance. Même avant... son père lui avait déjà conté l'histoire de sa gestation.
Que chaque semaine de grossesse, son père s'inquiétait d'apprendre que l'enfant se formant dans le ventre de sa femme serait mort-né. Ils peinaient à entendre les battements de son cœur et finalement, il était mort pour la première fois. Son petit cœur s'était arrêté de battre à 7 mois et 19 jours. Par chance dans son malheur, cela s'était fait durant un contrôle à la maternité. Pour une raison inconnue, l'examen s'était fait dans une salle d'opération et il n'avait pas fallu cinq minutes pour que les grosses mains du gynécologue ne soient sur son thorax miniature. Sa mère avait souffert le martyre fasse à l'urgence, s'évanouissant alors qu'elle commençait à être ouverte avec l'anesthésique ne faisant pas encore effet. Une minute et tout aurait pu basculer vers un destin funeste. Mais voilà, il avait été arraché le 27 juin 1986 à 11 h 21. 32 cm et 1kg230. Il était resté de longues semaines en soins intensifs dans le service de néonatalité. Il avait été une lumière de bougie vacillante dès son premier mouvement. Et il brulait la corde depuis trente-trois années. Il ne restait plus assez de cire, son cardiologue lui expliquant encore et encore que son type de myopathie était plus que rare, mais il n'était pas prioritaire pour une greffe, pas alors qu'il vivait sa vie si sereinement et répondait bien aux différents traitements.
Peut-être que c'était une des raisons du dégout de sa mère ? Avoir eu le ventre ouvert en deux pour le sauver... elle pour qui l'apparence est tout. Le travail aussi. Sa convalescence l'avait écarté d'un plaidoyer capital. Il ne pouvait pas avoir été isolé toute sa vie en raison de sa famille, de sa santé ou de ses origines pour en plus de ça avoir une sexualité déviante qui le mettrait encore une fois de côté.
Il avait aimé Tatiana, il avait aimé se perdre dans le corps des quelques femmes qu'il avait apprécié, il s'était bien plus voulu d'être un homme si facile à ramener une fille chaque soir quand ça n'allait pas, ou qu'il pensait trop à ça. Alors il s'était repris... puis Hélios... non... Sébastien était arrivé dans la caserne en face de son bureau, exhibant son corps et retournant l'esprit de Mathias dans tous les sens.
L'homme se reprit et répondit rapidement de façon sarcastique en mentionnant cette idiote à seins refaits de Margaux.
Ses pensées le menèrent à son rendez-vous téléphonique nocturne. Il envoya un SMS plutôt intéresser par des préliminaires textuels. « Les SMS sont surtaxés. » Lut-il, ce qui lui fit rouler des yeux ?
« Très bien. Si vous êtes certains de le vouloir. ».
Non... Mathias n'était sûr de rien, mais il en avait plus qu'envie !
« Tu sais bien que c'est toi que je veux, mon petit soldat. ». Il lui suffisait de fermer les yeux pour jouer une réalité alternative où, plutôt que de fuir l'hôpital, Mathias était resté dans la chambre et avait fini par la quitter accompagné par Sébastien. Ils auraient alors pu échanger leurs contacts téléphoniques et c'est de cette façon que ce soir, il pouvait lui envoyer des messages salaces.
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L'incandescent équilibre entre nous
RomanceBenjamin a tout pour être heureux : un métier de rêve, une fiancée aimante et un avenir tout tracé dans sa brigade de sapeurs-pompiers. Mathias, lui, s'est résigné à ne rien attendre de l'avenir : sa vie bien rangée a fait son succès, et c'est très...