Chapitre 29 - Partie 1

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Chapitre 29 : Les chemins d'antan ne mènent plus nulle part (partie 1) - Samedi 15 Novembre 2019 - 13h30 - Benjamin

Un silence pesant régnait sur leur repas. Benjamin et Alice tentaient chacun de leur côté de faire comme si de rien n'était, mais aucun des deux n'était dupe : depuis le retour en coup de vent d'Alice, à midi trente, ils avaient à peine échangé quelques mots.

Ni l'un ni l'autre ne savait comment briser la glace. Benjamin pour la simple et bonne raison qu'il avait l'impression d'avoir complètement déconné le matin même, et que le retour de sa fiancée ne lui avait pas nécessairement suffit à digérer son appel matinal. Alice, de son côté, parce qu'elle était persuadée que le silence de son compagnon pouvait être attribué au fait de son annonce de dernière minute que Florence les rejoindrait vers quatorze heures pour continuer leurs révisions.

Leurs deux raisons de procéder avec prudence se tenaient : après tout, s'il n'avait pas moufté à l'annonce de sa venue, Benjamin aurait préféré ne pas voir Florence débarquer aujourd'hui. Pas après ce matin. Pas après hier soir.

- Tu sais, je pensais qu'on pourrait regarder un film cette après-midi, Dit Benjamin qui arrêta de piquer le même morceau de choux-fleur sans succès pour débuter une conversation hésitante, Ou un documentaire animalier si tu préfères.

- Ben, c'est pas parce que je fais des études vétérinaires qu'on est obligé de regarder des rediffusions de Discovery. Sourit Alice, se rabattant sur l'humour comme ils préféraient tout deux le faire en cas de tension incertaine.

Le rouquin s'autorisa un vague sourire avant de reprendre son assassinat de légumes innocents en silence. Il leva à nouveau les yeux sur sa compagne en l'entendant soupirer. Elle avait l'air inquiète.

- Ben. Qu'est-ce qui t'arrive aujourd'hui ? Est-ce que tout va bien ?

Le jeune homme rit jaune, secouant la tête.

- Oui. Oui, bien sûr !

Alice se contenta de hausser un sourcil dans sa direction. La jeune femme avait beau être menue, la puissance de son regard accusateur rivalisait sans peine avec les regards les plus noirs. Benjamin se tassa sur sa chaise.

- Désolé, je pensais juste à hier soir.

...Hier soir. L'appel d'Arnaud et ce qu'il avait entrainé. Un effet boule de neige qui le prenait aux tripes. Le vieil adage du "ce qui est fait est fait, c'est trop tard maintenant", ne réussissant qu'à enflammer ses nerfs davantage.

La jeune fille assise en face de lui chercha quelque-chose dans ses yeux. Après quelques secondes, elle s'intéressa à son assiette, les sourcils froncés. Quoi qu'elle ai tenté de lire en lui, elle n'avait pas dû réussir.

- Il s'est passé un truc à la caserne ?

Benjamin soupira et repoussa son assiette à moitié pleine. Évidemment, qu'il s'était passé quelque-chose à la caserne. Pas qu'il puisse en toucher un mot à Alice en l'espace d'une petite demi-heure, et c'était malheureusement tout ce qui les séparait de l'arrivée de Florence.

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Cela s'était produit à la fin de son service. Alors qu'il se changeait en habits civils, Sébastien était venu le voir, son éternel sourire joueur affiché sur son visage, nullement affecté par les dernières interventions ardues qu'ils avaient assurés ensembles.

Honnêtement, Sébastien était un excellent pompier : son tempérament moqueur, voire méchant, s'effaçait toujours lorsque sa vie, celle de son unité et d'une victime était en danger. Sébastien était un soldat du feu honorable dès qu'il revêtait l'uniforme, mais malgré tout son caractère abrasif n'avait jamais accroché avec Benjamin qui préférait de loin le caractère plus pondéré d'Harry. Cela ne l'avait jamais empêché de travailler avec Sébastien, mais ils ne se parlaient pas plus que ça. Aussi, le voir débarquer pour lui taper la discute l'étonna.

L'incandescent équilibre entre nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant