Chapitre 36 : Tic, tac. Tic, tac. – Jeudi 21 Novembre 2019 -3h10 – Benjamin
La première chose que Benjamin remarqua à son réveil, avant même d'ouvrir les yeux, était la sècheresse de sa bouche. Semi-conscient, il tendit maladroitement la main droite vers la table de chevet pour y attraper la bouteille d'eau qu'il savait y reposer fidèlement. Une douleur indescriptible stoppa son mouvement lorsque son poignet tapa contre un bord métallique qui n'avait rien à faire sur le trajet. Réflexivement, il ramena son poignet contre lui. La douleur brûlante ramena ses derniers souvenirs à la surface, l'incitant à ouvrir les yeux.
Les lumières d'un moniteur happèrent son attention. L'espace d'un instant il ignorait s'il s'agissait des gyrophares agressifs des véhicules d'intervention du SAMU, ou des flammes qu'il avait échoué à éteindre et qui avaient triplées de volume pendant qu'il était inconscient. Le vertige qui le lançait et sa vision trouble l'empêchèrent de prendre les lumières pour ce qu'elles étaient réellement : de simples voyants d'alerte qui s'assuraient que son état ne se dégrade pas.
Une lumière vive l'aveugla et un râle étranglé lui échappa. Rapidement, la lumière se tamisa et une main se posa sur son avant-bras, présent mais nullement entravant.
- Vous êtes à l'hôpital, monsieur. Tout va bien.
Benjamin ouvrit les yeux pour croiser le regard chaleureux d'une femme d'une cinquantaine d'années qu'il n'avait jamais vu de sa vie, mais dont la tenue d'un blanc immaculé ne laissait aucun doute sur la profession. Elle lui avait murmuré quelque-chose, l'air rassurant, et Benjamin tenta de secouer la tête pour lui indiquer qu'il n'avait rien compris.
L'infirmière lui adressa un nouveau sourire, l'invitant à se recoucher. Il n'avait pas réalisé qu'il s'était à moitié redressé dans une vaine tentative de faire comprendre à la soignante qu'il avait besoin de comprendre ce qui lui était arrivé.
- Il est trois heure du matin. Reposez-vous. Le docteur vous verra dans quelques heures. Tout va bien, vous êtes en sécurité.
- Non, c'est pas..., Tenta-t-il, grimaçant devant la sensation désagréable que lui procurait le fait de parler la gorge sèche, Moi ça va. Mes collègues ?
L'infirmière hocha la tête poliment, sans rien dire de plus. Nul doute qu'elle savait de quoi il parlait mais ne souhaitait pas engager la conversation, par crainte qu'il ne se laisse pas aller à nouveau au sommeil comme elle le souhaitait. Il tenta de protester, mais une douleur lancinante le saisi. Attrapant sa tête entre ses mains, il ferma les yeux.
Quelques heures plus tard, Benjamin n'aura plus aucun souvenir de ce premier réveil, contrairement au petit congloméra de personnes qui attendaient la bonne nouvelle, patientant avec plus ou moins de calme, dans la salle d'attente du département qui l'avait accueilli.
Un sourire doux se peignit sur le visage de l'infirmière qui s'appuya contre l'embrasure de la porte donnant sur la petite alcôve qui avait été adoptée par les proches des victimes de l'explosion de gaz. Exclusivement des connaissances des soldats du feu pris dans la déflagration ; des personnes pleinement conscientes du danger que couraient leurs proches dans l'exercice de leurs fonctions mais qui redoutaient tout autant que quiconque d'être contacté par les services hospitaliers.
Les urgences avaient été essaimées par l'arrivée des blessés lourds rapidement pris en charge, suivis de près par les autres victimes, puis par leurs familles dès qu'elles furent mises au courant de la situation. Autant dire que les quelques clampins qui n'avaient rien trouvé de mieux que de se rendre aux urgences en pleine nuit pour se plaindre de maux de tête auraient de bonnes raison d'avoir la migraine. L'arrivée de plusieurs blessés graves avait fait l'effet d'un coup de pied dans une fourmilière et l'équipe médicale oscillait entre prise en charge des victimes et de leurs accompagnants.
VOUS LISEZ
L'incandescent équilibre entre nous
RomanceBenjamin a tout pour être heureux : un métier de rêve, une fiancée aimante et un avenir tout tracé dans sa brigade de sapeurs-pompiers. Mathias, lui, s'est résigné à ne rien attendre de l'avenir : sa vie bien rangée a fait son succès, et c'est très...