Chapitre 54 - Partie 1

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Whisky ou Vodka ? - Samedi 7 décembre 2019 - 17h30 - Benjamin


Lorsque Mathias remonta à bord du Uber, il claqua la porte derrière lui avec une telle violence que Benjamin eu l'impression que la voiture trembla sous la force de l'impact. Le rouquin avait déjà vu Mathias sous des jours peu flatteurs; hystérique d'inquiétude ou trébuchant sur l'air, mais il ne l'avait encore jamais vu furieux. L'avocat fulminait, les dents serrées et le teint rougi. Quel qu'avait été le sujet de sa conversation avec son ex-femme, il avait salement affecté la bonne humeur du plus âgé.

Leur chauffeur jeta un coup d'œil dans le rétroviseur, ravalant un commentaire mécontent de la façon dont on traitait son gagne-pain, dans le seul but de conserver ses cinq étoiles.

Mathias marmonna quelque-chose en attachant sa ceinture, et Benjamin était pratiquement certain de discerner les mots "sorcière" et "harpie" murmurés avec véhémence. Le rouquin resta silencieux, ne sachant que dire, et Mathias soupira longuement.

- Excuse-moi. Souffla-t-il en se pinçant l'arrête du nez, Elle a le don de se mêler de ce qui ne la regarde plus depuis longtemps. C'est fatiguant.

Benjamin lui offrit un sourire compatissant et Mathias s'enfonça dans son siège.

- Urgh. J'ai besoin d'un verre.

- On peut arranger ça. Dit Benjamin, répondant sans réfléchir.

Mathias arqua un sourcil amusé.

- Je parle d'alcool, Rudolph, pas d'un simulacre de café à 10€50.

- ça m'arrive de boire autre chose que des Lattes. Maugréa le plus jeune.

- Hn. Le jus de pomme pétillant ne compte pas comme étant du cidre, tu le sais au moins ?

Benjamin leva les yeux au ciel, dans une imitation parfaite de Mathias lorsqu'il était exaspéré. L'avocat eut un sourire en coin de voir l'une de ses mimiques déteindre sur son ami. D'ici quelques mois, qui sait, Benjamin maitrisera peut-être même son air méprisant. Quoique Mathias serait étonné de rencontrer la personne capable d'exaspérer Benjamin au point qu'il en soit réduit à ce genre de comportement.

- C'est mon anniversaire, non ? Continua le rouquin. Aller Matt ! Après aujourd'hui tu peux bien me laisser t'inviter boire un verre. Pour te remercier.

- D'accord, d'accord. Concéda l'avocat, sa résolution fondant comme neige au soleil devant les yeux clairs du plus jeune, J'espère que ça ne sera pas ton excuse pour tout, aujourd'hui. Ajouta-t-il légèrement.

- Et qu'est-ce que tu pourrais y faire, si c'était le cas ? Répliqua le plus jeune avec un sourire joueur.

Leur court échange avait calmé l'irritation nerveuse de Mathias, peut-être pas entièrement, mais juste assez pour que Benjamin s'autorise à nouveau plaisanter. L'avocat s'étonna silencieusement de la familiarité avec laquelle Benjamin semblait répondre à ses sautes d'humeur. Rares étaient ceux qui prenaient le temps de le connaître suffisamment pour savoir comment détourner son attention de ce qui empoisonnait son esprit; ce privilège jusqu'à lors exclusivement réservé à des personnes qu'il connaissait depuis des années.

Mathias secoua la tête devant la menace creuse du rouquin et l'invita, d'un vague signe de la main, à indiquer leur prochain arrêt à leur chauffeur. Le trajet fut court jusqu'à leur destination que Mathias reconnu comme située dans une rue adjacente à la caserne et, par conséquent, à son cabinet.

La façade de l'établissement était vieillie, son charme typique des bâtiments anciens de cet arrondissement clashant -avec un certain mauvais goût- avec l'en-tête flambant neuve du bar qui y résidait. Le panneau noir déclarait fièrement "Bar la Barbe", le lettrage faussement sophistiqué accentuant ce qui devait être un mauvais jeu de mot.

L'incandescent équilibre entre nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant