Chapitre 8 - Part 2

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Les premières 24 heures - Vendredi 8 Novembre 2019 - 8h30 - Mathias
15h30 après l'enlèvement


Le taxi l'avait déposé devant la caserne de pompier, il se retint de jeter un œil, et traversa plutôt la rue pour entrer dans l'immeuble haussmannien qui abritait le cabinet de sa famille. 

Legrand, Legrand & Levalier.

Ce cabinet avait été fondé au début du siècle dernier par son ancêtre et son meilleur ami. Depuis les Levalier étaient tous avocat. Sa mère avait frôlé la syncope quand son frère ainé Julien avait décidé d'être informaticien. Ensuite sa sœur, Marie, avait arrêté sa licence de droit pour être « mère au foyer ». Anne Levalier l'avait maudite, juré de la déshériter, mais Marie avait tenu bon. Sa mère ne voulait plus parler à sa fille, face à cet affront. 

Elle, elle s'était battue pour être respectée dans le milieu, allant maintenant jusqu'à faire trembler la plupart de ses adversaires, même les magistrats. Elle avait réussi sa carrière tout en donnant naissance à six enfants. Il se rappela que pour son plus jeune frère, elle avait défendu un client trois heure après la naissance. Elle avait tenu bon durant l'audience, et une fois sortie elle s'était effondrée de fatigue.

Ses frères et sœur étaient donc pour la plupart jaloux de lui car il avait réussi avec succès ses études de droit, le barreau également, même si sa mère était dédaigneuse face à son choix de carrière en droit de la santé, elle l'avait accueilli dans son cabinet comme le fils prodige ce qui expliquait qu'à trente-trois ans il soit déjà associé. Cela n'avait pas choqué les quatre autres plus que cela car sa mère était l'associée majoritaire, en soit le cabinet n'appartenait qu'à elle, et elle avait toujours dit que ses enfants seraient au plus haut niveau.

Pour finir, sur six enfants, il était le seul à être là, à supporter le manque d'état d'âme de sa mère, à supporter son autoritarisme et surtout le seul à se soumettre à ce contrôle matriarcal. Les autres avaient fuient dès que cela avait été possible.

Il était étonnant que Maitre Levalier soit tombée amoureuse d'un simple professeur immigré comme son père. Mais cela faisait des années qu'ils étaient ensemble, et ils semblaient toujours aussi soudés.

Son père était la douceur incarnée malgré son physique de Yakuza dont il n'avait pas hérité quand on voyait la finesse de ses membres, c'était lui qui s'était le plus occupés de lui et de toute sa fratrie alors que sa mère préférait se rendre aux Etats-Unis pour certaines affaires sans regarder derrière elle et sans savoir que c'était l'anniversaire de l'un de ses enfants.

Anne Levalier était faite de marbre et de glace, mais Mathias était sur d'une chose, elle allait brûler Paris s'il le fallait pour que son petit-fils soit retrouvé.

Il ne fit pas grand cas de Léonie qui était entrain de refaire sa manucure et se dirigea directement tout au fond du cabinet. Il salua quelques stagiaires, assistant et documentaliste dans les bureaux en open-space. Margaux essaya de le héler mais il était pressé. C'est vrai que cela faisait bien deux semaines qu'il ignorait son plan cul, mais il n'avait vraiment pas la tête à ça. Surtout pas à ...une femme.

Il ne prit pas le temps de toquer et entra directement dans le bureau immense de sa mère.

- Il n'y a que toi qui soit assez impertinent pour entrer sans toquer dans mon bureau, Mathias

- Bonjour Maman, comment tu vas ? bien ? Moi pas du tout.

- J'ai vu que tu étais face à Maitre Glauss ce matin. Je n'aime pas cet avocat, il y'a des rumeurs sur lui.

- J'ai dit que je n'allais pas bien.

- Allons mon fils, tu ne vas jamais bien.

- Merci...

- Oh ! Arrêtes de faire ça ? Es-tu un enfant ? As-tu besoin que maman te demande ce qu'il se passe ?

- Ce n'est pas comme si tu t'en étais fait une fois dans ta vie.

- Impertinent comme toujours.

- C'est...grave.

- Mais bien sûr ! Tu en fait toujours des tonnes mon fils !

- M......Maël a été enlevé ....

- .............. Si cela n'avait pas été une situation si critique, Mathias aurait jubilé d'avoir enfin fait taire sa mère.

- J'étais avec Anya cette nuit, on a fait une affiche a diffuser pour Maël, je vais battre Glauss et ensuite j'irais voir le Procureur Legrand.

Il n'avait jamais vu sa mère comme ça. Il voyait qu'elle essayait de rester digne, mais le verre d'eau qu'elle porta à sa bouche tremblait.

- Comment ?

- Anya était occupée hier, elle n'a pas pu chercher notre fils et quand elle est arrivée au club il n'était pas là. Elle va chercher plus d'information aujourd'hui.

- Je vois. C'est bien, Legrand connaît plusieurs commissaires, les quarante-huit premières heures sont cruciales.

- Je sais.

Anne se leva et se rapprocha de son fils, toujours proche de l'entrée. Elle sera son épaule tout en lui répondant d'une voix ferme.

- Soit fort, Mathias.

- Oui. Je dois passer à mon bureau avant d'aller au Palais.

- Tiens-moi au courant. Je vais voir ce que je peux faire. Salue Tatiana pour moi.

- Oui, merci Maman, j'appellerais ce soir à la maison et....

- Oui, je vais distribuer tes affaires aux collaborateurs. Courage.

- Merci.

Il se retourna et alla directement dans son bureau. Voilà, il n'avait pas tremblé ni pleuré devant sa mère, tout se passerait bien. Il attrapa le dossier et alors qu'il allait sortir Margaux se retrouva devant sa porte.

- Euh Mathias ! On peut parler ? Pourquoi tu m'ignore.

Ses yeux roulèrent dans ses orbites. Ce n'était pas le moment !

- Margaux, là je n'ai vraiment pas que ça à faire, j'ai rendez-vous au tribunal et je suis sûre que même si tu n'es plus une petite stagiaire tu as aussi des choses à faire comme classer mes dossiers par année et ordre alphabétique.

- Quoi ?! Mais tu me prends pour qui.

- Ce que tu aies chérie, une ASSISTANTE ! Alors maintenant laisse moi passer. Si j'ai froid prochainement la nuit je t'appelle, pas de soucis !

- Qu...m...ENFOIRÉ !!

- Oui, oui, bouge maintenant !

La jeune assistante était tellement abasourdie, surtout que Mathias était toujours si mesuré qu'elle resta hébétée et se décala sans s'en rendre compte. Que venait-il de se passer ?

Mathias était près de partir quand il entendit la voix profonde de son meilleur ami dire d'un ton amusé « si jamais moi aussi j'ai froid et tout de suite » à Margaux. Il était sûr qu'Antonin allait se prendre un avertissement prochainement pour harcèlement sexuel car dans le coin de son champs visuel il pu voir le regard de sa mère tuer l'autre avocat du regard. 

Il claqua la porte du cabinet derrière lui un sourire sadique aux lèvres puis il le perdit immédiatement en se rappelant qu'il devrait aussi en parler à Antonin. C'était le parrain de Maël. Son meilleur ami lui proposerait surement alors de se bourrer la gueule au premier lounge bar qu'ils trouveraient.

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Chapitre écrit par Miruru !

Voilà qu'on en apprend un peu plus sur la famille de Mathias ! Qui ne reverrait pas d'avoir Anne comme mère hein ?

Miruru et Sinsiliniai

L'incandescent équilibre entre nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant