Chapitre 9

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Ferveur citoyenne - Samedi 9 Novembre 2019 - 21h44 - Benjamin
53h après l'enlèvement

Alice et Benjamin gens s'étaient retrouvé avec bonheur hier et avaient passé une soirée rien que tous les deux. Toutes les angoisses du rouquin avaient été chassées après une petite heure en compagnie de sa fiancée qui s'était empressée de l'enlacer tendrement en lui annonçant qu'elle pensait avoir réussi son examen. En la voyant sourire de toutes ses dents, il n'avait pas tenu à gâcher l'ambiance avec une confession aussi risible que la sienne et ils avaient fêté dignement la réussite anticipée de la jeune femme en commandant Italien, bien décidés à passer la soirée à rattraper la dernière série en vogue dans leur cercle d'amis. Il était vingt-et-une heure passée lorsqu'ils furent finalement livrés.

C'est en allumant la télévision, zappant d'une chaîne à l'autre en attendant que son fiancé qui s'était gracieusement porté volontaire pour récupérer leur commande au pied de l'immeuble la rejoigne, qu'Alice tomba sur la rediffusion du témoignage poignant de deux parents qui pleuraient la disparition de leur fils. L'étudiante vétérinaire entendit vaguement Benjamin ouvrir la porte d'entrée, concentrée sur l'alerte enlèvement qu'elle voyait pour la première fois. Alice s'exclama d'inquiétude, ce qui amena son compagnon à porter attention aux informations qui tournaient et auxquelles il ne prêtait d'habitude qu'une oreille distraite.

- Qu'est-ce qui se passe ?

- Oh mon Dieu, Ben ! Viens voir !

Attrapant les couverts qu'il était venu récupérer dans la cuisine, Benjamin se dirigea vers le salon avec son précieux cargo. Le jeune homme fronça légèrement les sourcils, inquiet par le ton pressant de sa petite amie qui ne lui donna pas plus de détail, malgré le << Quoi ? >> qu'il lança à la volée. Il la rejoignit au pas de course et ne tarda pas à comprendre pourquoi Alice lui avait crié de la rejoindre. Ses yeux se posèrent sur l'écran où une image, statique à l'exception d'un bordereau défilant au bas de l'écran, était accompagnée d'une voix off dont le timbre grave ne manqua pas de glacer le sang du jeune pompier. Oh non.

Benjamin déposa leur repas du soir sur la table basse et rejoignit Alice sur le canapé, la mâchoire serrée. Bon sang, qu'il détestait les affaires d'enlèvements, d'autant plus lorsqu'elles concernaient un enfant. Ses yeux se posèrent rapidement sur la main d'Alice, venue se poser sur son avant-bras, puis il se concentra à nouveau sur l'annonce et plus particulièrement sur le visage du petit garçon qui avait disparu depuis plus d'un jour.

- Tu n'étais pas au courant ?, Souffla la jeune femme, Personne à la brigade ?

Benjamin secoua la tête. De manière générale, il ne parlait jamais de son travail avec Alice : la jeune femme n'aimait pas le savoir en danger et ils avaient décidé de s'en tenir au minimum en ce qui concernait les discussions liées à son métier.

- Non, ça a dû être annoncé après mon départ. On aurait été mis au courant...

- L'alerte date d'un peu avant 18h. L'interrompit Alice qui s'était tournée vers les réseaux sociaux pour en apprendre plus, Regarde.

Benjamin lu rapidement en travers des lignes de l'article, penché au-dessus de l'épaule de la jeune femme, puis attrapa son propre smartphone. En quelques effleurements, il envoya un message groupé à quelques collègues de choix, qu'il savait être actuellement de garde. Il en saurait bien plus en remontant à une source sûre plutôt qu'en se laissant aller à lire les nombreux commentaires qui y allaient chacun de leur information exclusive.

- Il a disparu tout près d'ici. Ben, c'est horrible !

Le pompier se contenta d'acquiescer. Que pouvait-il dire de plus ? Il avait toujours trouvé les enlèvements d'enfants plus difficiles à accepter que ceux de personnes majeures. C'était sans doute horrible à dire, mais Benjamin partait du principe très simple que, quelle que soit la résilience et l'intelligence d'un enfant, il n'avait pratiquement aucun moyen de se défendre contre quelqu'un qui lui voudrait du mal.

L'incandescent équilibre entre nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant