Chapitre 34 - Partie 1

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Chapitre 34 - Partie 1 : Tes paroles, qui tonnent comme l'orage... - Jeudi 21 Novembre 2019 - 20h29 - Benjamin


Avec une aisance née de la pratique, Benjamin vérifiait le matériel dont il était chargé. Minutieusement, ses doigts défaisaient les pochettes d'outils pour en examiner le contenu avec la même attention qu'il employait pour contrôler l'intégrité des pochettes de secours et des extincteurs à main qu'il avait tout juste vérifié. La tâche était essentielle et suffisamment prenante pour qu'il s'y plonge entièrement, oubliant de froncer les sourcils comme il en avait pris l'habitude ces derniers jours.

Tous ceux qui le connaissaient un minimum à la caserne avaient remarqué l'humeur massacrante de Benjamin. Même le caporal Fang, qui avait pour habitude de ne pas se mêler des frasques de ses subordonnés, avait échangé regard circonspect avec le responsable de cantine lorsque, placé derrière Benjamin au self, il avait vu le jeune homme décliner une seconde portion de pâtes. Liam était d'un naturel observateur et jamais il n'avait vu la jeune recrue faire autant la tête depuis... Depuis qu'il le connaissait, en fait.

Son travail restait néanmoins exemplaire, aussi l'homme ne voyait aucune raison de fouiller dans le jardin secret du plus jeune.

Évidemment, cette discrétion respectueuse n'était pas l'adage de l'ensemble des membres de l'unité. Le fait était que depuis son retour de long week-end, mardi matin, le rouquin n'esquissait que de rares sourires. Cela faisait deux jours que ce petit manège durait, et tout le monde y allait de son petit commentaire lorsque Benjamin n'était pas suffisamment près pour entendre qu'on parlait de lui.

— Je pari qu'avec un peu de volonté, il arriverait à faire s'embraser cette pauvre lance.

Harry, qui jusqu'à lors observait Benjamin le plus discrètement possible tout en vaquant à ses occupations, répondit par un grognement au son de la douce voix de Sébastien. L'homme aux cheveux de feu se dressait derrière lui. Le sourire moqueur qu'il avait au coin des lèvres n'atteignait pas ses yeux perçants.

— Occupe-toi de tes affaires. Lâcha Harry.

— Avec plaisir. S'inclina Sébastien, Dès qu't'auras fini de faire les yeux ronds en regardant ton copain assassiner notre matos du regard, et que tu feras ce pour quoi tu es assigné ici. A savoir l'inventaire du véhicule derrière lequel tu te caches. Au cas où tu l'aurais oublié.

Sébastien était beaucoup de choses, mais la paresse ne faisait pas partie de ses vices. A ce titre, le futur caporal ne pouvait s'empêcher de remonter les bretelles de ceux qu'il apercevait la tête dans les nuages... Et ce même lorsqu'il finissait son service et n'avait plus qu'à filer au vestiaire pour récupérer ses affaires et rentrer chez lui, comme aujourd'hui.

— Ne me dis pas que tu le trouves pas bizarre ? Répliqua Harry, passant sous silence la remontrance de son collègue au profit des bavardages.

— Je m'en fous, Stern. Soupira Sébastien, Vos histoires de gonzesses, ça me dépasse.

— Pas assez de neurones pour suivre, hein Duval ? Railla une voix en provenance de l'intérieur du véhicule.

L'intervention de Jessica, occupée à passer en revue les défibrillateurs embarqués, fit sourire Harry. Sébastien leva les yeux au ciel à la remarque de la jeune femme.

— Vous me fatiguez. Déclara-t-il platement, Je me casse. Venez pas vous plaindre si votre connerie vous explose à la figure un jour.

— Mais oui, mais oui. Soupira Jessica, Tu vas nous manquer. Comment réussirons-nous à nous débrouiller sans toi ?

Harry ricana sous cape, se gardant bien d'oser le faire à haut voix en présence de Sébastien. L'homme appréciait railler les autres, mais n'avait que peu de patience dans le sens inverse. La journée était encore trop jeune pour qu'Harry ne se risque à s'attirer les foudres de son aîné qui les laissa seuls, marmonnant quelque-chose à propos des jeunes et de leurs gamineries.

L'incandescent équilibre entre nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant