Benjamin a tout pour être heureux : un métier de rêve, une fiancée aimante et un avenir tout tracé dans sa brigade de sapeurs-pompiers. Mathias, lui, s'est résigné à ne rien attendre de l'avenir : sa vie bien rangée a fait son succès, et c'est très...
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Un si fragile équilibre
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Benjamin
Des flammes ardentes dansaient devant ses yeux. Elles l'invitaient à se joindre à leur ronde, s'amusant de son désarroi, se moquant de l'inquiétude qu'elles pouvaient lire sur son visage. Il était piégé. Impossible de s'enfuir : il ne pouvait qu'accepter son sort. Il fronça les sourcils. Comme toujours, il refusait d'accepter la défaite.
Avec un cri de rage, il chargea le mur de flammes. Même armé d'un simple seau d'eau, il se devait d'essayer. On ne gagnait rien à abandonner la partie. Tant qu'il lui restait à respirer un peu d'oxygène que les flammes n'avaient pas déjà consommé, il continuerait à se battre.
Le brasier l'encerclait et léchait sa peau. Une douleur lui parcouru le mollet et il se réveilla en sursaut, une crampe saisissant sa jambe.
Le souffle court, il se redressa dans son lit et attrapa sa jambe, se faisant violence pour la passer par-dessus les couvertures et poser son pied sur le parquet froid. Il ferma les yeux, calmant les battements de son cœur. Des rêves comme ce dernier, il en avait déjà fait. Ils étaient bien plus importants à une époque. Il avait appris à les accueillir.
Avec un soupir, il se leva sans faire de bruit pour ne pas réveiller sa compagne. Un café lui ferait le plus grand bien. Il était déjà 4h30, aucune raison de retourner se coucher. Il souffla doucement, passa une main dans ses cheveux trempés de sueur. Quel rêve affreux.
Des bruits de pas feutrés se firent entendre et il eut à peine le temps de les enregistrer que déjà deux bras plus pâles que les siens encerclèrent sa taille. Un sourire crispé se dessine sur ses lèvres et il posa une main sur celles de sa compagne, jointe au niveau de son plexus solaire. Pas besoin de mots entre eux, elle le connaissait assez bien pour savoir qu'il détestait parler ses cauchemars... En tout cas, c'est ce qu'elle semblait avoir décidé. Alors, il évitait d'en parler. C'était plus simple comme ça.
Le soleil n'allait pas tarder à se lever. A la lumière du jour, ses démons retournaient se coucher. Sa vie était bien assez remplie pour qu'il les ignore, une fois encore. Il n'avait pas le temps de s'inquiéter pour des ressentiments. La vie était bien assez pleine de tracas bien réels pour qu'il s'invente des difficultés. Sa vie était parfaite. Il avait le travail de ses rêves, la meilleure fiancée dont il pouvait rêver, des amis sur lesquels il pouvait compter... Si seulement son esprit voulait bien s'accorder avec la réalité.
Benjamin se para de son plus beau sourire. Demain était un autre jour.
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Mathias
Des flammes ardentes brûlaient en son for intérieur, menaçant de le consumer. A force de travail, il avait fini par les dompter, sans jamais les apprivoiser. Elles étaient fortes, beaucoup plus fortes que lui, et il en avait pleinement conscience. En les laissant prendre son contrôle à certaines occasions, il s'épargnait un combat qu'il était sûr de perdre. Il ne pouvait s'en défaire, et les étouffer à s'en rendre malade ne servaient à rien : elles n'attendaient qu'un moment de faiblesse de sa part, qu'une bouffée d'oxygène coupable, pour s'embraser de plus belle.
