Chapitre 37

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Chapitre 37 : Comme un murmure assourdissant. - Vendredi 22 Novembre 2019 - 6h10 - Benjamin

Si se réveiller en pleine nuit, assailli par les bips incessants des machines et le ronronnement de leur mécanisme, avait été éprouvant, ce n'était rien comparé à son réveil de ce matin. L'hôpital qui avait jusqu'à lors semblé suspendu dans le temps, avait pris vie avec les premiers rayons de soleil et l'arrivée de l'équipe de jour.

La démarche des soignants qui venaient de prendre du service témoignait d'un entrain que leurs collègues nocturnes ne possédaient pas. A moins que ces derniers ne se soient simplement adaptés à la quiétude de la nuit, conscients que les murs trop fins de l'établissement ne suffisaient pas à filtrer le claquement de leurs pas sur le sol et désireux de préserver le sommeil de leurs patients.

Benjamin, redressé en position semi-assise depuis une petite heure, comptait machinalement les pas qui se rapprochaient et s'éloignaient de sa chambre sans jamais s'y arrêter. Il savait qu'il devrait faire preuve de patience; l'aide-soignante qui était venue le voir un peu après son réveil l'avait informé que le médecin qui s'occupait de son dossier viendrait le voir vers neuf heures. Encore trois heures à patienter.

Pour être parfaitement honnête, il était suffisamment fatigué pour avoir envie de se rendormir encore un peu, mais c'était chose impossible avec le bourdonnement des machines qui l'irritait au plus haut point. Ses oreilles sensibles étaient focalisées sur le grésillement désagréable, l'empêchant de glisser à nouveau dans le sommeil. Finalement, après avoir compté une autre série de cents pas sans trouver le sommeil, il se résout à appeler un infirmier, assassinant du regard la machinerie qui ne faisait que de s'assurer de la stabilité de son état.

Un jeune homme arriva une vingtaine de minutes plus tard. Son air hagard indiquait qu'il faisait partie de l'équipe de nuit qui n'avait pas encore été relayée. Il adressa un sourire poli à Benjamin malgré sa mine de déterré, clignant mollement des yeux lorsque le rouquin lui demanda s'il était possible de débrancher les moniteurs. Il jeta un œil en direction des machines avec une moue pensive, reportant son attention sur Benjamin après un moment de réflexion.

- Je ne peux pas faire ça, vous comprenez.
- Mais c'est insupportable, Souffla Benjamin, Vous êtes sûr que rien n'est défectueux ?

Le jeune homme secoua la tête. Il attrapa le dossier médical de Benjamin et scanna rapidement son contenu. Il avait l'air sincèrement désolé, voire même contrarié.

- Ce n'est pas le moniteur. Ce sont certainement des acouphènes, dus à votre accident.

L'information fit pâlir Benjamin.

- Qu'est-ce que j'ai, au juste ?
- C'est une sensation auditive liée à un traumatisme. Un bruit parasite que vous pouvez entendre mais qui n'existe pas vraim...
- Je sais ce qu'est un acouphène. Le coupa Benjamin sèchement, Je vous demande ce qui m'arrive.

L'aide-soignant secoua une nouvelle fois la tête. Il ne pouvait pas répondre à Benjamin tant que le médecin n'aurait pas étudié son dossier. Il n'y avait rien de pire que de se hasarder à répondre à une question de ce genre. Benjamin fronça les sourcils, fusillant l'attelle qui immobilisait son poignet droit, à défaut du jeune homme qui ne pouvait pas lui en dire plus.

- A part le bourdonnement, comment vous vous sentez ?

Benjamin haussa les épaules. Il n'allait pas mal en soi. Le jeune homme marmonna d'un air appréciatif.

- Je vais demander au docteur de passer dès qu'il le pourra, Promis l'aide-soignant en s'éclipsant, Essayez de vous reposer en attendant.

Benjamin ne le regarda pas partir. A la place, il s'enfonça plus profondément dans son lit, reprenant son décompte des pas, qu'il alternait parfois avec celui des minutes. L'exercice était monotone, mais il avait l'avantage de l'empêcher de laisser ses pensées vagabonder. Laissées libres, elles s'empressent de lui rejouer l'incident de la nuit dernière. Il ne voulait pas y penser.

L'incandescent équilibre entre nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant