Chapitre 34 - Partie 2

438 65 63
                                    

Chapitre 34 - Partie 2 : Ton image, pareille à l'éclair, flashant devant mes yeux. - Jeudi 21 Novembre 2019 - 21h - Benjamin


Se préparer à une intervention était une seconde nature pour les agents du premier groupement d'incendie et de secours des sapeurs de Montmartre. Nombreux étaient ceux qui, comme Benjamin, se fiaient uniquement à leur mémoire musculaire pour trouver le chemin des vestiaires et enfiler leur combinaison en quatrième vitesse. A l'entente de la sirène, seule son appel comptait. Benjamin avait toujours trouvé ça assez amusant de qualifier l'alarme tonitruante de "sirène". Après tout, elle avait le même pouvoir hypnotique sur lui que la créature de légende dont elle tenait le nom. A la différence que sa sirène avait plutôt tendance à l'entrainer vers les flammes que vers l'écume.

Sécurisant par-dessus sa veste de cuir le ceinturon auquel était attaché la clé polycoise et les gants qui complétaient sa tenue, Benjamin jeta un coup d'œil aux quelques dix pompiers qui s'équipaient en silence, notant l'arrivée de quelques arrivants tardifs. La cohue n'avait pas lieu d'être dans la caserne : leurs préparations se faisaient rapidement, dans un silence rendu tendu par l'anticipation des détails de leur ordre de mission.

Très vite, tous furent fin prêts. Benjamin eut tout juste le temps de compter la quinzaine de sapeurs en attente de directives -une intervention de moyenne envergure, donc-, que leur responsable d'intervention les rejoint pour un débriefing clair et concis. Le caporal Fang, bras droit du caporal-chef Khalili, leur dressait le portrait de la situation avec le calme qui le caractérisait. Là où Adil conservait un tempérament placide, Liam était exclusivement renfrogné, presque bourru par moment. Il ne manquait pas moins d'autorité... Bien que là où Adil commandait ses unités d'une voix claire, le sérieux que Liam avait fini par obtenir découlait de longues heures passées à force d'aboyer sur ses recrues.

Ce qu'ils savaient de la situation pour l'instant était plutôt maigre. Seuls les témoignages des civils qui avaient remarqué une fumée épaisse s'échappant d'un immeuble vétuste leur étaient parvenus pour l'instant. Un homme était sorti du rez-de-chaussée avant de promptement s'effondrer devant les témoins de la scène. Aucun élément ne permettait de dire si cette personne était un squatteur ou le propriétaire du lieu, ni si quelqu'un d'autre se trouvait dans l'immeuble. Les personnes interrogées ignoraient à qui appartenait l'édifice, qui pouvait très bien être habité lui aussi.

La vitesse à laquelle le feu avait l'air de s'étendre, l'épaisseur de la fumée, l'absence d'informations complémentaires et la proximité du lieu avec des habitations occupées, en faisait une intervention délicate. Le centre de traitement de l'alerte continuait de recevoir des appels alors qu'ils se répartissaient dans les différents véhicules, étoffant peu à peu l'image qu'ils continueraient de peindre en temps réel, via radio.

Benjamin échangea un regard avec Harry, embarqué dans le même véhicule que lui. Si d'autres avaient en charge un véhicule de secours et d'assistance aux victimes, ils avaient pour mission de stopper la propagation de l'incendie en combattant les flammes directement. Son aîné lui adressa un sourire jovial en prenant place à côté le lui, tapant son épaule au passage. Ce n'était pas la première fois qu'ils intervenaient ensemble sur ce type d'incident. Le facteur inconnu était toujours stressant, mais dans leur métier le stress n'était qu'une arme supplémentaire à leur service.

Les gyrophares et la sirène lancés en tandem, ils s'élancèrent en direction de l'incident, derrière le véhicule de secours plus léger qui ouvrait la marche, fendant le flot de voitures qui se pressaient pour s'écarter de leur chemin le plus vite possible. Le lieu de l'accident avait beau être proche de leur caserne, le feu n'attendait l'aval de personne pour se propager, et une simple porte ouverte, une légère poche d'oxygène bien placée, et le monstre dévorant gagnait un étage avant que vous n'ayez le temps de cligner des yeux pour le voir fondre sur vous.

L'incandescent équilibre entre nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant