L'incandescent équilibre entre nous

Chapitre 52 - Partie 3 -

Tête à tête ou presque- Samedi 7 décembre 2019 - 16h10 - Mathias

Un petit quart d'heure plus tard, ils arrivèrent devant un salon de thé, Benjamin s'emmitouflant dans sa nouvelle veste.

L'endroit semblait sortir d'un autre temps, avec une cascade de glycine encadrant la porte d'entrée. Une porte en bois, verte avec un petit panonceau en ardoise indiquant « ouvert ». Au-dessus, entre deux brins de lierres, se trouvait le nom des deux propriétaires « Chez Julia & Andréas » écrit en lettres dorées. L'ensemble laissait vraiment un côté décalé avec les bruits des voitures, et l'odeur de pollution. Comme si en passant cette porte, un Nouveau Monde s'ouvrait à eux.

Mathias était déjà venu ici plusieurs fois, il adorait leur brunch et il pouvait travailler calmement sur ses dossiers en même temps, le dimanche, quand il n'avait pas son fils.

Les propriétaires étaient adorables également et ils partageaient la même philosophie que lui concernant l'alimentation, la consommation, etc. parfois Julia s'asseyait à ses côtés et il lui arrivait même de gouter en avant-première certains de leurs cafés.

Julia, derrière le comptoir, avec sa chemise bouffante, son tablier bleu nuit et ses cheveux bouclés auburn partant dans tous les sens, lui fit un grand sourire et un petit mouvement de mains pour indiquer où se trouvait la table. Mathias vit Benjamin se renfrogner sans trop comprendre et il posa sa main dans le bas de son dos pour le guider vers l'endroit. Il n'y avait qu'un groupe d'étudiant studieux, à l'opposé de leur direction. Sans surprise, c'était son endroit favori dans le café. L'intérieur était chaleureux, un peu comme une maison de campagne avec des poutres apparentes, des murs en pierres et des plantes du sol au plafond.

Ils s'installèrent à l'écart, à l'une des tables réservées. L'avocat put voir la surprise de Benjamin quand il enleva l'écriteau. Il ne s'attendait clairement pas à ce que Mathias fasse cela... l'emmène là. Mais en réalité, il se surprenait lui-même. Il avait beau dire que c'était son garçon qui avait organisé la journée, il n'en était rien, de plus les paroles de Tatiana résonnaient encore dans sa tête. Pourquoi faisait-il tout ça pour Benjamin ? Parce qu'il avait pitié ? Par ce qu'il voulait, le réconforter ? Maël grimpa sur sa chaise avec l'aide de Mathias qui s'assit à côté de son fils, en face de Benjamin.

Ils étaient à l'abri des regards, des suspensions de Tillandsias à différents niveaux, leur apportant l'isolement nécessaire.

Ils commandèrent chacun une boisson, Maël étudiant longuement la carte et demandant à Mathias de lui lire à voix haute les mots d'ingrédients inconnus comme « guanaja », avant de lui expliquer ce qu'ils étaient. Finalement, le jeune garçon se rabattit sur un chocolat chaud en rajoutant qu'il souhaitait une montagne de chamallow avec, ce qui fit grimacer Mathias, mais il sentit un petit coup de sur son tibia venant de l'homme en fait qui lui fit un grand sourire voulant dire « allez ne soit pas un rabat-joie ». Pour une fois, en roulant des yeux, il accepta cette petite dérogation à ses règles sur son fils et le sucre. Benjamin prit un thé avec un nuage de lait de soja tout en faisant un clin d'œil à Mathias en donnant sa commande et l'avocat opta pour un café fait à partir d'un mélange qu'il ne connaissait pas.

Attendant l'arrivée de leur commande, Benjamin massa son poignet engourdi, pensivement.

— Ça va ? Demanda Maël.

— Ah. Oui, oui. Ne t'en fais pas. C'est juste un peu sensible.

— Ça t'a fait peur ?

— Hum ?

— L'explosion.

Maël le regardait attentivement, tout comme l'avocat. Tous deux étaient bien curieux de l'état du rouquin.