Chapitre 42: Et la lune rêve du soleil - Partie 1 : Se retrouver — Samedi 23 Novembre 2019 – 19h 30 — Benjamin
Les journées de Benjamin se suivaient et se ressemblaient toutes, s'étiolant au gré des visites de sa fiancée et d'Arnaud qui semblait déterminé à accompagner cette dernière à la moindre occasion. Sébastien ne lui fit pas l'honneur de passer le voir à nouveau, mais l'appel confus qu'il reçut de Jessica ce début d'après-midi le fit pour la première fois sourire en pensant à son collègue.
— Il a recadré un des nouveaux quand il a voulu faire le malin avec moi ! DUVAL. Avec un CERVEAU. Tu l'as planté avec une seringue miracle à l'hosto ou quoi ?!
Il avait manqué de s'étouffer en entendant Arnaud murmurer qu'il le planterait bien avec autre chose qu'une seringue, lui. Alice lui avait tapé le dos de la main en lui rappelant qu'il avait le double de son âge.
Lorsque Arnaud avait déclaré sérieusement qu'il parlait déjà bien assez de ses daddy issues à son thérapeute et qu'il n'avait pas besoin qu'Alice prenne le relai, Benjamin avait raccroché son smartphone en riant.
Sans être agréables, les journées qu'il passait hospitalisé étaient supportables tant que ses proches étaient à ses côtés et s'occupaient tout en lui tenant compagnie en silence. Arnaud bouquinait et s'amusait à lui montrer les passages les plus tordus de ses lectures qui pouvaient avoir pour sujet des scènes torrides comme des meurtres horribles — il était presque sûr qu'au moins l'un de ses bouquins comprenait les deux — . Alice s'installait à la petite table devant la fenêtre vue sur le parking qu'il avait la chance d'avoir, et surlignait des passages dans ses notes de cours, chantonnant à demi-mots.
Ses proches s'évertuaient à passer aussi fréquemment que possible, rendant l'attente supportable et calmant l'énergie nerveuse qui le parcourait. Il avait horreur de rester statique, guérison ou non.
Sur les coups de dix-huit heures, ses visiteurs prenaient congé sans faute. L'arrivée de son plateau-repas annonçait leur départ. Benjamin mangeait seul depuis le fiasco du premier jour, où Alice avait eu dans l'idée lui donner la bectée, refusant d'écouter ses protestations, et où il l'avait repoussé si brusquement qu'il avait renversé son bol de soupe sur son attelle. Il n'aurait su dire qui de lui ou de l'infirmière venue refaire son pansement avait le regard le plus noir à cet instant.
Aujourd'hui comme à leur habitude, Alice et Arnaud s'étaient éclipsés à l'arrivée de son dîner. Une savoureuse composition digne d'un restaurant trois étoiles qui aurait perdu toutes ses étoiles et que le cuisinier avait abandonné pour se tirer aux Maldives. Un potage vert dans lequel flottait une pluche de persil et deux œufs pochés accompagnés d'une salade de tomates composaient son repas du soir. Le dessert du jour, un yaourt aux fruits, était bien la seule chose dont il avait un tant soit peu envie.
— Essayez de manger un peu plus que la dernière fois. Marmonna l'aide-soignante en déposant son plateau sur la table devant lui, c'est pour votre santé.
Benjamin hocha la tête, ravalant un long soupire. Il s'installa sans un mot à table et attrapa son yaourt, boudant le reste de son repas. C'était certainement puéril, mais il fallait bien qu'il extériorise son mépris des hôpitaux (ou plutôt de sa condition actuelle) par un petit acte de rébellion sans réelle conséquence.
Dire qu'il était là, à ruminer sur un laitage saveur framboise, alors que Liam courait certainement à droite à gauche pour réorganiser le déploiement de ses escouades d'intervention et rapatrier des réservistes pour palier à l'absence d'une partie de son équipe.
Benjamin inspecta son reflet sur le dos de sa cuillère. Il n'était toujours pas entièrement à l'aise avec le fait de manger avec la main gauche. Un geste normalement aisé lui demandait plus de patience qu'il n'en avait. Il souffla longuement, repoussa son yaourt à moitié entamé et croisa les bras devant son plateau.
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L'incandescent équilibre entre nous
RomanceBenjamin a tout pour être heureux : un métier de rêve, une fiancée aimante et un avenir tout tracé dans sa brigade de sapeurs-pompiers. Mathias, lui, s'est résigné à ne rien attendre de l'avenir : sa vie bien rangée a fait son succès, et c'est très...