Chapitre 62- Partie 1

287 35 23
                                    


Chapitre 62 - Partie 1 –Pourquoi se faire beau?–Vendredi 13 décembre 2019–15h15–Mathias


Léonie le fixait depuis une dizaine de minutes sur le pas de la porte de son bureau. Mais il devait absolument finir de classer les différentes données qu'un confrère lui avait transmises pour une affaire qui l'emmènerait au tribunal la semaine à venir. Il lui restait encore une demi-heure avant d'aller chercher Maël à l'école.

— Vous avez essayé de vous faire beau, M'sieur ?

La greluche avait enfin ouvert la bouche.

— Léonie, avez-vous accueilli nos clients avec ce chewing-gum ? Et je vous le répète, c'est Maître HOANG !

— M'sieur JACQUET, il est d'accord pourtant !

— Jetez. le. chewing.gum ! Et ce n'est pas parce qu'Antonin se montre irrévérencieux qu'il faut lui obéir ! Il est d'accord pour un peu trop de choses en ce moment !

— Mais à vous je dois le faire ?

— Oui, Léonie, vous êtes ma secrétaire, vous devez m'écouter.

— Pardon ?

— Je dois vous écouter ! Je suis pas un chien.

Mathias n'en pouvait plus. Il claqua son dossier sur le bureau tout en en attrapant deux autres et se rapprocha a grande enjambée de l'impertinente.

— Léonie ?

— Oui, Maîiiiitre ?

Il prit sa respiration. Plus d'une fois. Pouvait-il passer une journée ici, sans souci ? Perché sur ses talons aiguilles la jeune assistante faisait sa taille et le regardait droit dans les yeux.

— Pouvez-vous, je vous prie, jetez ce concentré de sucre cancérigène et relier le dossier bleu ainsi que rendre anonyme le dossier jaune ?

— Ouip ! Je pars en mission.

Elle tendit ses doigts manucurés aux couleurs de Noël pour attraper délicatement ce qu'il lui tendait et s'en alla d'un pas joyeux.

Il put l'entendre dire à l'assistante de sa mère que « son petit patron » allait en rendez-vous et il ne put s'empêcher de rougir. Non, il n'allait pas en rendez-vous. Il allait faire visiter la caserne à son fils avec... un type qui le faisait fantasmer et il allait surement croiser et devoir communiquer oralement avec un autre qui... lui avait déclaré sa flamme, indubitablement.

Puis il repensa à la phrase introductive de la jeune femme. Il tourna la tête vers le miroir en pied qui se trouvait dans le coin du bureau.

En avait-il trop fait ? Pour une fois, certes, il avait accordé sa tenue en ne portant que du GUCCI, mais cela lui arrivait même d'autres jours ? Il avait pourtant mis une simple chemise blanche customisée par Marylise au niveau du col qu'il portait boutonné serré pour laisser un espace avec un de ses derniers pulls fétiches.

Il remonta ses lunettes vertes et poursuivit son observation. Rien ne le choquait vraiment. Alors qu'il concentrait son regard sur ses chaussures harnachées, une présence le fit sursauter.

— Antonin, connais-tu le principe d'espace vital ?

Son meilleur ami ferma la porte alors qu'il fixait l'heure sur sa montre. Une de ses préférées avec le cadrant rempli de petites abeilles et la lunette comme des dizaines de montagnes.

— Alors, c'est quoi le plan ?

— As-tu quinze ans à nouveau et tu ne m'en as pas fait part ?

— Alors, déjà à quinze ans, on se faisait la gueule parce que tu avais réussi à sortir avec la fille de Mme BERTRAND et ensuite, ne me dit pas que tu ne trépignes pas d'impatience à l'idée de voir tu-sais-qui.

L'incandescent équilibre entre nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant