Chapitre 58 - Partie 2

284 32 44
                                    

Chapitre 58 – Partie 2 – Comment le dire avec des mots ? – Dimanche 8 décembre 2019 – 12h45 - Benjamin

Benjamin plissa les yeux devant le morceau de papier froissé, comme si le fait de réduire son champ de vision allait d'un coup lui permettre de lire une langue dont il maîtrisait à peine les bases. Séparément, il comprenait l'un et l'autre mot, mais ses connaissances limitées l'empêchaient d'aller bien loin dans la traduction. Une chose, au moins, était claire : il ne savait peut-être pas ce que ça voulait dire, mais il reconnaissait l'écriture.

Il fronça les sourcils, se demandant ce que les quelques lignes pouvaient bien avoir d'incriminant pour qu'Alice les lui ai cachés jusqu'à aujourd'hui.

Arnaud fut le premier à prendre la parole. L'étudiant leva les yeux pour s'adresser à Alice, restée en retrait derrière eux.

- Pourquoi j'aurais signé "M" ?

- Tu t'appelles Arnaud Mercier. Répondit Alice après hésitation.

- Yep, et jamais de la vie je signerais un mot doux avec mon initiale.

Alice sourit en coin, une mimique gênée et brève. Elle soupira devant l'air interrogateur d'Arnaud.

- Je pensais que tu voulais rester secret.

- En utilisant l'initiale de mon nom de famille ? Appuya Arnaud, le nez froncé.

- ...Ça me paraissait plausible.

Benjamin choisit ce moment pour interrompre la discussion des deux plus jeunes. Il attira leur attention sur le mot en le levant à hauteur de leurs yeux.

- Qu'est-ce qui est marqué ?

- Une chose à te dire, trois mots pour toi. Là pour toi. Traduit Alice.

La jeune femme n'avait pas hésité, lui répondant avec avec l'automatisme de quelqu'un qui avait fait tourner cette déclaration plusieurs fois dans sa tête. Un silence s'installa entre eux, chacun méditant sur la possible signification d'une telle promesse.

- Je sais pas si je trouve ça mignon, ou juste ridicule.

Benjamin leva les yeux vers Arnaud qui venait de donner son avis. D'accord, le format poésie était peut-être un peu ringard, mais c'était l'intention qui comptait, non ? Sa pensée avait dû être trahie par son visage, car Arnaud leva les mains devant lui en signe d'apaisement.

- Bah quoi ?, Se défendit le plus jeune, Mathias sait que ton niveau d'Anglais rivalise celui d'un enfant de deux ans, non ? C'est quoi l'intérêt de se compliquer la vie juste pour un mot doux ?

- C'est pas un mot doux... Marmonna Benjamin.

Arnaud haussa un sourcil, visiblement prêt à rétorquer, mais fut devancé par Alice. Une exclamation échappa à la jeune femme et l'étudiant échangea un regard avec le pompier qui secoua la tête, ne comprennant pas la réaction d'Alice. La jeune femme inspira bruyamment, comme si elle venait de résoudre une énigme particulièrement corcée et qu'elle avait du mal à cacher son agitation.

- Mathias. Comme dans Mathias Hoang ? L'avocat ? Le père du petit qui avait disparu ? Ce Mathias ?

Benjamin opina de la tête. Il n'avait aucune raison de garder le secret, et encore moins de mentir. Pour ce que ça lui apporterait, de toute façon...

- Oui. On s'est recroisés par hasard après tout ça et... On est devenus amis.

- D'ailleurs je me demandais, Interrompit Arnaud, C'était avant ou après que tu sois devenu son plan cul, ça ?

L'incandescent équilibre entre nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant