De mal en pis - Dimanche 10 Novembre 2019 - 10h30 - Benjamin & Mathias
67h après l'enlèvement
Benjamin campait sur sa position, carrant les épaules lorsque Mathias se retourna vers lui, l'air... eh bien, s'il avait dû être honnête, Benjamin aurait dit que son compagnon avait l'air vaguement malade.
- Pompier ?
- Euh oui ?
Benjamin fronça les sourcils, confus. Le vocabulaire tout entier de l'homme semblait s'être envolé, comme s'il refusait de croire que celui qu'il traitait de gamin depuis plusieurs longues minutes faisait partie des rangs des soldats du feu réputés si virils. Foutu bonnet débile.
- Vous savez ? Les échelles, les camions ? Pimpon, tout ça ?
- Les lances incendies. Continua l'autre, marmonnant quelques instant dans sa barbe avant de se remettre en route comme si de rien n'était, Pourquoi tu n'es pas avec l'équipe de recherche dans ce cas ?
- C'est mon jour de repos.
Sa réponse prit visiblement de court Mathias. Il sembla tourner plusieurs fois sa langue dans sa bouche avant de reprendre la conversation.
- C'est....euh... gentil. D'aider... alors que tu le fais tous le temps déjà... Je crois ?
La poche de la veste de l'homme sonna, une brève note qui annonçait l'arrivée d'un texto. Benjamin fut soulagé de constater que l'homme avait eu sur lui un moyen de contacter le reste du groupe depuis le début. Il secoua la tête, une habitude qu'il semblait rapidement prendre auprès de Mathias. Ce dernier ne prêta pas attention à la notification, trop occupé à la contemplation du sol. Ses chaussures de designer en prenaient un sacré coup, à fouler les sentiers boueux.
- C'est normal. Dit Benjamin, sur un ton qu'il espérait léger, Je préférerais être tout les jours en train d'aider des gens comme vous plutôt que l'un ou l'autre imbécile qui ne comprends toujours pas pourquoi l'état dépense des millions en spots publicitaires contre l'alcool au volant.
Benjamin grimaça à nouveau.
- Enfin... pas que j'aimerais participer à des battues tous les jours, hein. C'est pas... C'est terrible, ce qu'il vous arrive.
- Je suis étonnée de voir tout ces inconnus qui se mobilisent pour Maël.
Mathias prit un air distant, presque pensif. Il n'était clairement pas entièrement présent, perdu dans ses pensées. Plutôt que de laisser le silence les entourer, Benjamin invita l'autre homme à continuer. Dieu seul savait quelles pensées moroses pouvaient être en train de traverser l'esprit du plus âgé.
- Pourquoi ?
- Parce que je ne le ferais pas. Répondit-il posément.
Le visage de Benjamin se contorsionna alors qu'il se fit violence pour ne pas grincer des dents. Son acolyte dû remarquer le changement subtil, car il précisa sa pensée.
- Je suis trop occupé.
- Ah..., Dit Benjamin, Eh bah. Même le dimanche ? C'est pas sensé être sacré ? ...Enfin, vous êtes bouddhiste mais... euh.
Le jeune homme enfonça son nez dans son écharpe pour y dissimuler une énième grimace embarrassée. Il finissait toujours par mettre les pieds dans le plat : c'était bien pour ça qu'il laissait Alice gérer les situations de crise. Si seulement sa fiancée avait bien voulu rester à distance, il ne serait pas là, à tenir un brin de causette fragile avec cet homme.
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L'incandescent équilibre entre nous
RomanceBenjamin a tout pour être heureux : un métier de rêve, une fiancée aimante et un avenir tout tracé dans sa brigade de sapeurs-pompiers. Mathias, lui, s'est résigné à ne rien attendre de l'avenir : sa vie bien rangée a fait son succès, et c'est très...