Chapitre 19

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De l'huile sur le feu - Mardi 12 Novembre 2019 - 23h45 - Benjamin

Cela faisait maintenant trois heures quarante-cinq qu'Alice aurait dû être rentrée. Trois heures quarante-cinq qu'il avait passé à regarder refroidir son gratin, puis à faire les cent pas dans l'appartement, s'occupant en réarrangeant compulsivement les babioles qui trainaient sur les étagères du salon. Il avait beau avoir mis son portable sur vibreur en plus d'avoir activé le son, il le pêchait toujours régulièrement dans sa poche pour vérifier qu'il n'ai pas, à tout hasard, manqué une notification.

Benjamin savait très bien que sa pulsion décoratrice n'avait aucun but. Il déplaçait simplement les objets de manière aléatoire, occupant ses mains pour ne pas envoyer plusieurs messages anxieux à Alice. Il préférait se contenter de vérifier si son simple "Tout va bien ? Tu rentres bientôt ? Bisous :)" avait finalement été lu. Presque quatre heures plus tard, ce n'était toujours pas le cas.

La lumière du salon avait été baissée au maximum, le jeune homme espérant calmer son esprit en ébullition en accueillant le calme que semblait toujours lui apporter la pénombre. Aujourd'hui, cela ne fonctionnait pas. Au contraire, des silhouettes tordues se cachaient dans l'ombre, riant de sa détresse.

Alice allait bien. Il n'avait pas le numéro de son amie, mais il était sûr qu'elle l'aurait contacté s'il était arrivé quoi que ce soit. A moins qu'il leur soit arrivé quelque-chose à toutes les deux.

Benjamin souffla lentement, essayant de rester calme. Opération délicate s'il en était. Après tout, la dernière personne à laquelle il avait envoyé un message inquiet resté sans réponse était... Non, pas maintenant, ce n'était pas le moment. Il avait tout intérêt à ne pas replonger dans ces souvenirs ce soir. Benjamin échangea deux boules de neige de place, les reposant avec plus de force que nécessaire sur l'étagère.

Le claquement sourd des socles de plâtre sur le métal froid de l'étagère ramena Benjamin au temps présent. Un froissement de tissus se fit entendre et le rouquin grimaça en réalisant que son remue-ménage avait réveillé Pinpon.

Le lapin bélier s'étira mollement sur la serviette que Benjamin avait étendu sur le canapé pour qu'il s'en fasse un petit nid

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Le lapin bélier s'étira mollement sur la serviette que Benjamin avait étendu sur le canapé pour qu'il s'en fasse un petit nid. Il lança un regard interrogateur à son maître, comme pour lui demander ce qu'il fichait à faire autant de bruit à pratiquement minuit. Ses yeux noirs étaient difficilement repérables dans la pénombre, mais Benjamin les savait accusateurs.

Le jeune homme laissa de côté les souvenirs de vacances pour passer une main dans le pelage chaud de son compagnon aux longues oreilles, souriant à moitié lorsque l'animal se laissa tomber de tout son long sur le côté, dans une manifestation claire de son bienêtre.

- Il y en a au moins un qui est heureux... Remarqua Benjamin doucement

Pinpon s'étira d'avantage et appuya sa tête contre la main de son maître, l'incitant à s'installer à côté de lui sur le canapé. Ses moustaches frémirent lorsque Benjamin passa une main glacée sur son ventre et il donna un petit coup de patte dans le vide pour lui signifier son mécontentement.

L'incandescent équilibre entre nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant